CHAPITRE 2

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PDV KEEFE

Je— je ne sais plus quoi penser.
En allant chez Sophie ce matin, je m'étais attendu à tout... Du moins je le croyais.
Jamais, oh grand jamais je ne m'étais attendu à cette vision cauchemardesque.

Du haut de l'escalier, telle une larve à peine éclose, Sophie, à plat ventre sur le carrelage, la bouche entre-ouverte, les cheveux en un énorme nid sur le sommet de son crâne, me dévisage en silence.

Elle est... magnifique ? D'une certaine manière ?

Un énorme éclat de rire s'échappe de ma poitrine. Il n'y a qu'elle pour débarquer de cette manière ! Mais c'est pour ça que je l'aime après tout.

Décontenancé, je m'appuie sur la rambarde et lui rend son regard... Puis je comprends. Ce n'est pas moi qu'elle dévisage de la sorte, mais bien l'assiette de guimole sur la table derrière moi.
Sans la quitter du regard, je me décale légèrement, et une avalanche de couverture dévale aussitôt l'escalier pour s'emparer de la précieuse gourmandise.

— Dis moi, Foster, je soupire, sans tenter de cacher l'inquiétude qui perce dans ma voix. Ça fait combien de jours que t'as pas mangé ?

— Miam, répond-t-elle. Je sais pas. J'ai sauté le dîner hier soir, j'avais pas tellement faim... et le déjeuner je crois bien aussi... et...

Un nouveau soupire s'échappe de mes lèvres. Je reconnais bien là ma Sophie. Elle fait mine de maîtriser la situation, mais malgré les mètres qui nous séparent, je peux sentir l'inquiétude qui émane d'elle.
Sophie, c'est le genre de fille à tout intérioriser, à ne jamais se plaindre, jamais rien dire... Mais elle prend toujours tout tellement à coeur qu'elle fini par s'oublier elle même.

— C'est les examens de fin d'années qui te mettent dans cet état ?

Lorsque ces splendides yeux couleur de bronze se fixent dans les miens, une envie presque irrépressible de la serrer dans mes bras me prend. Si seulement je pouvais l'étouffer dans une étreinte et effacer par la même occasion toutes ses craintes ! Mais ça ne serait pas approprié. Elle ne comprendrait pas. Elle me repousserait.

Alors je fais la seule chose que je puisse vraiment faire. Je lui souris, aussi sincèrement que possible, noyant mes propres angoisses dans ce masque à seul destination de son regard.
Lorsqu'elle me rend mon sourire, quoiqu'un peu maladroitement, une chaleur réconfortante m'envahit. Elle n'a pas idée de l'idée qu'elle à sur moi.
Si elle est heureuse, alors je peux bien masquer mes propres peurs un petit moment de plus, non ?

Le jeu en vaut bien la chandelle.

Sokeefe - Gardiens des cités perdues (gdcp) fanfiction Where stories live. Discover now