24. Perdue, retrouvée, attaquée

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Je marchai, éreintée et perdue dans la forêt. Mon coeur commençait enfin à se calmer, lorsque je glissai et dévalai une pente recouverte de feuilles mortes. A l'arrivée, je réussis avec peine à garder l'équilibre, et repartis, angoissée à l'idée de ne pas retrouver mes compagnons.

Une voix me parvint au loin. Je ne comprenais pas ce qu'elle disait, mais je décidai de tenter le tout pour le tout. Je me dirigeai vers la source du cri, le coeur tambourinant, en ayant auparavant dégainé deux poignards. J'étais toute proche de l'origine du bruit quand l'appel cessa et soudain, je vis Legolas suivi de Gimli.

Je soupirai de soulagement, et au moment où mes amis remarquèrent ma présence, ils me regardèrent, ahuris. Je compris que je devais avoir l'air d'une sauvage, avec mes longues mêches qui s'échappaient de ma tresse, mes griffures sur les bras et ma tunique déchirée. Je supposai aussi que je mon regard était celui d'une bête traquée, alors que l'elfe tendit doucement la main vers moi, me caressant tendrement la joue, et me murmura dans sa langue de me détendre, que tout allait bien.

- Que ce passe-t-il ? balbutiai-je une fois mon rythme cardiaque revenu à la normale.

Gimli m'expliqua que Boromir et Frodon avaient eux aussi disparu, et que tout le monde les cherchait. Je leur racontai donc mon entrevue avec le Gondorien, en omettant le fait que j'étais une descendante des rois de Numenor. Je leur dis aussi que je ne savais pas où il se trouvait maintenant.

Legolas me proposa de retourner au campement, mais je refusai, arguant que j'avais autant le devoir qu'eux de retrouver nos camarades. L'elfe m'indiqua quand même comment retourner au bivouac et nous repartîmes. Je commençais à me décourager et c'est alors que nous apperçûmes le siège d'Amon Hen.

Nous entendîmes des bruits de combat. Je me précipitai et je découvris Aragorn, qui affrontait tout seul une troupe d'orques. J'étais hypnotisée par sa chorégraphie mortelle. Par ses coups, qui à chaque fois faisaient mouche. Il était magnifique, un futur roi, guerrier mais pourtant juste et aimant.

Legolas me bouscula en me dépassant, ce qui me sortis de ma transe. Avec un cri de guerre, je me jetai sur mes assaillants, transperçant tous ceux qui s'approchaient de moi. Je bloquai un coup d'estoc avec un poignard, mais il s'envola à cause de la violence du choc. Je fis tomber mon attaquant et dégainai une épée, avec laquelle je l'achevai. Je jetai rapidement un coup d'oeil autour de moi : Gimli balançait sa hache comme un gourdin, dévastant les rangs ennemis et Legolas décochait des flèches, l'une après l'autre, sans s'arrêter.

Je rangeai mon autre poignard pour prendre ma seconde épée. Ainsi armée, j'avais plus d'amplitude dans mes mouvements. Au bout d'un moment, sans m'en rendre compte, je me retrouvai éloignée des autres, séparée par une marée d'orques. Je continuai à les tuer, en tentant de rejoindre mes amis, mais mes adversaires étaient toujours plus nombreux. Je fûs forcée de reculer, et je décidai de partir en courant, espérant de cette façon attirer des huruk-hai avec moi.

Cela marcha, mais trop bien. Ils dûrent penser que j'allais rejoindre leur proie, que je supposai être Frodon. Je continuai de courir, cherchant à toute vitesse une idée pour me sauver la vie. Je fûs forcée de me stopper. D'autres huruk-hai étaient face à moi, j'étais prise entre deux fronts. Je fus bientôt encerclée. Je me défendis tant bien que mal, et ravageai chaque chose qui s'approchait de moi.

Tellement concentrée sur mes adversaires, je ne perçus pas immédiatement Boromir, Merry et Pippin qui de battaient à mes côtés. L'homme décapita une des créatures de Sauron qui allait m'attaquer par derrière. Je l'avais peut-être mal jugé, il n'était semble-t-il pas si méchant que ça.

Je le remerciai d'un bref sourire avant de m'en prendre à d'autres erreurs de la natures. Je tranchai la gorge d'un, tandis qu'avec mon autre arme, je perçai le coeur d'un autre. Les hobbits avaient sortis leurs poignards et frappaient tout ce qui bougeait. Boromir fit sonner son cor et pendant un instant, je crus que nous allions vaincre et nous en sortir vivants.

Pendant un instant seulement. Après, tout se passa au ralenti. L'homme du Gondor cria aux hobbits de fuir, alors que nous couvrions leur retraite. Je me venais d'abattre un combattant huruk quand Boromir se jeta sur moi en criant. Il me poussa derrière lui et tomba presque à la renverse, une flèche plantée dans la poitrine.

- Il s'est pris la flèche à ma place, pensai-je avec stupeur, il m'a sauvé la vie.

Malgré le carreau enfoncé dans son torse, le Gondorien ne faiblis pas. Il continua à tuer les sbires du seigneur de Barad-Dûr. Reprenant mes esprits, je vins à son aide, ma force décuplée par la rage. Mais l'homme se pris un second trait. Je hurlai et me jetai sur l'archer, le chef du groupe ennemi. Il me projeta contre un arbre.

Des points noirs dansèrent devant mes yeux, et je n'entendait plus que les battements désordonnés de mon coeur. De grosses traînées de sang s'écoulèrent d'une blessure sur mon crâne, et une goutte vermeille perla à la commissure de mes lèvres. Dans un dernier sursaut, je projetai un poignard sur le chef huruk, mais il l'écarta d'un geste.

Je me relevai laborieusement et, chancelante, je donnai des coups d'épée maladroits à tous les orques qui passaient par là. Miraculeusement, tous mes assauts portèrent leurs fruits. Boromir, lui, n'eut pas autant de chance, il s'effondra sur le sol. Les difformes assassins embarquèrent Merry et Pippin sur leurs épaules et je ne pus rien faire car un fourbe m'avait pris à la gorge et m'étranglait.

Je luttai mais mes forces m'abandonnèrent. Un marteau semblait cogner dans ma tête, faisant vaciller ma vue à chaque coup. Mes oreilles bourdonnaient. Je suffoquai quand mon agresseur reçu une lame dans le dos. Il mourus immédiatement, et je glissai contre un arbre, à moitié morte. Entre mes paupières à demi closes, j'entrevis Aragorn qui affrontait le chef des huruk-hai.

Boromir gisait agonisant sur le sol, à quelques pas de moi, le visage d'une paleur cadavérique et les lèvres presque bleues. Je repris avec difficulté des bouffées d'air, et le martèlement dans mon crêne cessa. Après un combat acharné, mon frère réussi à régler son compte au meneur des orques. Je me traînai à grand peine jusqu'à l'homme du Gondor.

- Pardonnez-moi, souffla le mourant lorsque je fus à côté de lui.

- Je te pardonnes, articulai-je solennellement entre deux halètements, fils du Gondor.

Aragorn s'agenouilla devant son compagnon d'armes.

- Je vous aurais suivi mon frère, murmura péniblement Boromir,.... mon capitaine.... mon roi.

Et il poussa un dernier râle avant de mourir. J'éclatai en violents sanglots. Je vaguement mon frère me prendre dans ses bras et me transporter jusqu'au campement, mais j'étais plongée dans une léthargie, hantée par le sacrifice de l'homme que j'avais méprisé et qui pourtant, m'avait sauvé la vie.

L'intruse (Le seigneur des anneaux) [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant