Entelechia

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J'ai également découvert cette histoire, signée par Luiz_Esc lors d'un concours où j'étais juge en catégorie science-fiction et je n'ai vraiment pas été déçue du voyage. J'ai tout simplement adoré !

☆ La cover :

Pour moi, c'est une cover qui marche. L'illustration est très belle et très representative des descriptions que l'auteur nous fait de Monade (la ville où se déroule l'histoire). La police du titre est adaptée. Tout est clair.
J'aurais adoré voir l'illustration en couleur (les couleurs et moi, c'est tout une histoire !). Mais les jeux de gris donnent un effet de lumière intéressant aussi, très approprié au récit : je ressens bien le côté sombre à la surface et le côté plus lumineux lorsqu'on monte.

☆Le résumé :

Bonne longueur pour moi.
Un premier paragraphe qui décrit la société où se déroule l'histoire.
Un deuxième paragraphe pour introduire les personnages.
J'en apprend assez pour vouloir en découvrir plus, mais pas trop, pour laisser la curiosité prendre le dessus. Je me questionne, je veux en savoir plus.
Le résumé fonctionne bien pour moi. L'auteur maîtrise bien la manière d'attirer le lecteur à son histoire, et la cover est raccord au titre et au récit promis.

☆ Mon avis :

J'ai beaucoup de choses à dire sur ce livre, je vais essayer de ne pas trop m'étaler, mais je ne promets rien !

Bien qu'elle mette du temps à s'installer, je dois avouer que j'ai trouvé l'intrigue particulièrement bien ficelée. Des détails viennent s'y greffer au fil du récit, la rendant plus complexe qu'il n'y paraît. L'histoire n'étant pas terminée, je ne peux pas juger le dénouement. Mais, même si les chapitres ne sont pas truffés d'actions rocambolesques qui s'enchaînent à une cadence effrénée, les péripéties font rebondir l'histoire à un bon rythme.

J'ai aimé cette dystopie qui part de la caste classique des riches en haut et pauvres en bas, en installant un décor futuriste et une ségrégation, pour une fois menée par "les Noirs" (ça change un peu 😓).
Puis l'histoire évolue vers un univers plus politique, avec le gouvernement au pouvoir, face aux révolutionnaires.
L'auteur tisse une toile de mystère et de manipulation autour du héros, dont on se demande s'il finira par s'en extraire pour obtenir enfin toutes les réponses à ses questions.

Au milieu de ma lecture, l'auteur a pris le parti de renommer ses chapitres et je trouve que c'est plutôt une bonne idée.
En effet, j'ai trouvé le même titre se répétant sur 4 ou 5 chapitres un peu rébarbatif. Mais opter pour une composition comme une œuvre de théâtre (actes et scènes) est beaucoup plus judicieux à mon sens, puisque cela rappelle l'essence même du récit. Ce qui m'amène à vous parler de la structure de l'histoire.

Je tiens d'abord à signaler la qualité d'écriture que j'ai trouvée dans ce roman. Très peu de coquilles, ce qui est honorable. Mais surtout des phrases riches et complexes, un vocabulaire varié et soutenu, des descriptions dignes d'Émile Zola ! Honnêtement, pour une littéraire, j'y ai trouvé mon compte, mais ce style d'écriture ne fait, hélas, pas l'apanage de tous les lecteurs.
En effet, je pense qu'une écriture complexe rend également la compréhension plus difficile et donc une lecture moins fluide qu'un roman écrit dans un langage plus courant. Personnellement, j'y ai pris beaucoup de plaisir, surtout lorsque l'auteur m'a surprise en titillant mon talon d'Achille, le théâtre. (Pour la petite anecdote personnelle, j'ai fait une licence de théâtre à Paris).

J'avais déjà hâte de découvrir Hélios à la lecture du résumé, le sachant comédien. Mais je me suis dit que ça ne serait qu'un détail sans grande importance dans l'histoire. Quelle ne fut pas ma surprise à la découverte d'un extrait de la pièce jouée par les protagonistes et écrite en alexandrins qui plus est !
Pour être passionnée par ce genre littéraire, je ne peux que saluer la prestation de l'auteur. Je sais par expérience, qu'écrire une scène sous cette forme n'est pas chose aisée, cela relève de la haute-voltige. Et, certes nous n'avons pas affaire à du Sophocle, mais l'auteur se prête au jeu sans filets, avec talent.
Encore une fois, cela rajoute de la complexité au récit et un lecteur non-averti pourrait vite décrocher. Moi, je me suis régalée ! Surtout que cela reste un fil conducteur qui revient habilement tout au long du récit...

Le roman nous offre un beau panel de personnages haut en couleurs, au propre comme au figuré !
D'abord caractérisés par castes en fonction du niveau de leur lieu de vie. Évidemment, plus on monte, plus on a de prestige. Chaque "étage" obéit à des codes correspondants à leur mode de vie, et les protagonistes y sont assez caricaturaux : je pense surtout aux Ailes, très snobs et extravagants (à l'image de la noblesse sous Louis XIV, par exemple).
La description des personnages principaux est plutôt basée sur leur caractère, leur ressenti. Alors que les personnages secondaires seront plus basés sur leur représentation physique. Leur personnalité se dessine au fil du récit et je me suis, petit à petit, attachée à eux (aimés ou détestés, peu importe, ils ne me laissent pas indifférente).
En revanche, bien que le narrateur omniscient permette d'avoir le point de vue de tous les personnages, il installe une certaine distance avec ceux-là, m'empêchant de m'identifier totalement à eux. Mais je respecte le parti-pris et cela ne rend pas la lecture moins intéressante.

Question originalité, il est vrai qu'on a déjà vu des dystopies fonctionnant par castes, où des rebelles voudront s'affranchir du pouvoir en place... Mais, bien que le sujet serve de toile de fond à l'histoire, il y a plein d'autres détails qui entrent en compte. Sans spoiler, l'Entelechia (qui donne son nom au roman) tient déjà sa part d'originalité : l'auteur laisse planer le mystère autour du sujet titre, nous apportant quelques réponses alors que d'autres questions apparaissent.

En parlant du titre, de même que pour le nom de la cité, Monade, belle trouvaille que l'utilisation de ces mots pour servir la philosophie du texte (si vous voulez en savoir plus, je vous invite à faire quelques recherches ! C'est très intéressant ! ). Aucun détail n'est pensé par hasard.
Mots, que l'auteur maîtrise parfaitement tout au long du récit, d'une manière très poétique. Je ne vais pas m'étaler à nouveau sur les alexandrins, mais cela donne une autre dimension au récit, très intéressante à mon goût.

Les Ailes, aux noms et aux allures africanisants apportent une touche d'exotisme originale.

Les décors sont originaux, futuristes et très bien décrits. Chaque "niveau" a son ambiance et l'auteur a réussi à m'y plonger sans grande difficulté. Ceci dit, il est vrai que par moment, j'ai dû revenir en arrière pour en comprendre tous les détails, parfois très riches. Mais c'est le parti-pris de l'auteur, il le maîtrise et il s'y tient.

Pour finir, je dirais que tout est cohérent dans cette histoire, tout est lié. La cover, le titre, l'intrigue, le résumé. Des décors qui font rêver, d'autres qui instaurent un climat plus cauchemardesque, une histoire prenante... j'ai plongé avec grand plaisir dans l'imaginaire de l'auteur et je continue de découvrir la suite avec hâte !

C'est tout pour moi !

Mira Perry.

Salon li"thé"raire. [Momentanément Interrompu]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora