Chapitre 1

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Astoria se réveilla en sursaut vers cinq heures du matin, prise d'une intuition subite. Elle avait espéré que le jour de Noël, les choses se seraient un peu arrangées avec Zion, mais le lit à côté d'elle était vide et froid. Il n'y était plus depuis longtemps. Ça faisait depuis une semaine qu'il ne dormait plus, il gardait ses distances et rien ne le détendait. Il ne disait rien à personne, Tori n'avait pas réussi à lui soutirer la moindre information sur ce qui le tracassait. Son esprit buté repoussait sans relâche ceux qui venaient pour l'aider.

Les yeux rougis par son manque de sommeil, la jeune femme se leva d'un bond souple, sans un bruit. Il était trop tôt pour réveiller les autres. Sans même réfléchir, elle prit la direction du bureau de compagnon, elle le trouvait toujours là à se noyer volontairement sous le travail. Pourtant, quand elle y arriva, elle le trouva vide. La tour de l'ordinateur était à peine tiède, ça faisait déjà un moment que Zion était parti, de toute évidence. Avec un soupir à en fendre l'âme, Astoria se laissa tomber sur le fauteuil en cuir qui ornait le coin de la pièce, épuisée. Elle pouvait sentir que le lion était en détresse, mais elle refusait de rentrer dans ses pensées. Ça faisait sept longs jours qu'elle luttait pour ne pas céder à la tentation de s'immiscer dans le cerveau de Zion et enfin comprendre ce qui se passait. Elle avait des soupçons, mais rien ne lui permettait de les confirmer. Tout ce qu'elle savait c'était que son compagnon passait ses matinées vissé à son téléphone tout neuf et ses après-midi à travailler. Pas une seule fois elle n'avait réussi à poser un doigt sur ce fameux téléphone.

Après avoir broyé son ancien portable et passé une heure à détruire tout ce qui lui tombait sous la main, le lion était revenu avec un masque de calme demandant à ce qu'on lui achète un nouveau téléphone. Par chance, sa carte Sim n'avait pas été endommagée. Il avait pu récupérer toutes les données qui étaient dessus. Depuis, il n'avait plus jamais explosé de colère ni montré aucune autre émotion. Il s'était composé une façade qui ne le quittait plus, le rendant bien plus effrayant que lors de ses crises habituelles.

Une fois, la tigresse l'avait vu se relâcher un peu, se croyant seul. Ses narines avaient frémi quelques secondes avant qu'il ne se rende compte qu'il avait de la compagnie. Elle n'avait jamais su si ce qu'elle avait vu était un signe de colère retenue difficilement ou une tentative désespérée de retenir des larmes. À côté de ça, elle avait une famille dont elle devait s'occuper. Ses parents étaient à côté d'elle, mais il y avait comme un mur qui la coupait d'eux. Elle savait que Zion avait besoin d'elle, mais elle ne pouvait rien faire, et quand elle était avec sa famille, toutes ses pensées étaient tournées vers Zion. Ça ne pouvait plus durer, c'était Noël aujourd'hui. Toute la meute avait besoin d'une pause. Il fallait être vigilant, mais vivre sur un fil comme ça, ce n'était plus possible.

Fermant les yeux pour se concentrer, Tori chercha à localiser son lion. Sa capacité de localisation s'était largement améliorée, même si elle n'était pas parfaite, mais Zion aimait se couper de la meute pour ne pas l'inonder de ses émotions négatives et avoir un peu de paix. Ça rendait la localisation sensiblement plus compliquée. Ce ne fut qu'en tirant sur son lien particulier avec Zion qu'elle parvint à deviner plus ou moins où il se trouvait, quelque part dans le sous-sol.

Suivant son instinct, elle descendit les escaliers jusqu'à la salle d'entraînement pour la trouver vide elle aussi. Seuls de gants de boxe traînaient sur un banc, toutes les lumières étaient éteintes et les tapis rangés. Le dernier endroit possible était une des cellules d'isolement disponibles, à l'angle du couloir. Comme dans les films où les gens vont dans les toilettes publiques, poussant toutes les portes pour savoir s'il y avait quelqu'un, Tori vérifia toutes les cellules. Ce qu'elle vit dans la dernière lui fendit le cœur. Recroquevillé, Zion peinait à respirer, la main tendue vers elle. Sa poitrine se soulevait de manière irrégulière, tandis que son visage était caché par ses cheveux mouillés, collés à sa peau.

L'affrontement (Le Sceau tome 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant