Le Jeu de L'Immortel

Chapitre 3

Je me réveille à moitié assise, trempée de sueur, comme à mon habitude. D'un revers rageur, j'éponge mon front dégoulinant. Je me lève rapidement du lit, qui malgré son confort, ne m'a pas permis de passer une nuit tranquille. Je pars en direction de la salle de bain, ouvre le robinet puis m'asperge le visage d'eau fraîche. Contre le mur, un miroir me renvoie mon propre reflet. Je détourne rapidement les yeux, à la recherche d'une serviette pour m'essuyer le visage. Une fois fait, je retourne près du lit, puis regarde le réveil sur la petite table de nuit, comme dans l'entrepôt : midi quinze. Merde ! Il était temps que je me lève ! Plus qu'un quart d'heure avant le déjeuner et je ne suis toujours pas préparée ! À la hâte, je fouille dans les placards et me trouve finalement un débardeur noir et un pantalon de la même couleur. Ensuite j'enfile ma paire de bottine, sors de la chambre, puis ferme la porte à double tour avec la clé que Stan m'a donné quelques heures plus tôt. Je longe certains couloirs sans vraiment savoir où ils mènent. Lorsque j'arrive à un croisement, je tourne dans le couloir où j'ai l'impression d'entendre le plus de bruit. Mais finalement, je me rends rapidement compte que je tourne en rond. Cela doit faire trois fois que je passe devant la porte au numéro trois cent cinq. Je suis littéralement paumée. Tous ces couloirs se ressemblent et sont tellement longs que j'ai l'impression d'être une souris au milieu d'un labyrinthe géant.

- Plus compliqué que ça tu meurs, lancé-je alors que j'essaie d'emprunter un autre chemin.

- Vous avez besoin d'aide ?, demande quelqu'un derrière moi.

Je me retourne et croise le regard d'un jeune homme, tout souriant, les mains dans les poches, à quelques mètres de moi.

- Je cherche le réfectoire, dis-je.

- Venez, me répond-il. Je vais vous y conduire.

Il m'invite à me joindre à lui. Son T-shirt blanc s'assemble parfaitement avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus. Comme Stan, je dirai qu'il a environ mon âge ou qu'il est à peine plus vieux.

- D'ailleurs, dit-il. Je ne crois pas vous avoir déjà vue dans le coin.

- Non, renchéris-je. Je viens juste d'arriver.

- Dans ce cas, j'espère que votre installation s'est bien passée, s'exclame-t-il en souriant. Au fait, mon nom c'est Clément.

- Léona, répondis-je.

Clément sourit, l'air enchanté. Je reste neutre en m'efforçant de ne pas lui écraser la tête contre le mur. Je n'aime pas les gens qui sourient sans cesse. Je me retient cependant d'un quelconque geste qui pourrait me mettre dans une situation complexe. Alors je continue à longer les couloirs aux côtés de ce dénommé "Clément" qui ne cesse désespérément de faire la conversation :

- On t'a fait visité le complexe ?, me demande-t-il. Tu sais qu'on a une salle de sport à l'étage du dessous ?

- Tu sais que tu peux fermer ta gueule une seconde parce que tu commences à me sortir par les trous de nez ?

Il s'arrête quelques secondes, puis m'observe, l'air blessé.

- On ne va pas tarder à arriver, souffle-t-il.

Nous finissons notre chemin dans le silence total, jusqu'à ce que nous arrivions dans la salle commune. C'est une véritable ruche. Certaines personnes sont agglutinées vers les cuisines, un plateau dans les mains, attendant patiemment d'être servies. D'autres sont assises autour des centaines de tables toutes dressées à la perfection. La cohue m'énerve. Je n'aime pas les gens. Depuis le temps que je vis seule dans l'entrepôt, ça me fait un choc de me retrouver au milieu d'autant de monde.

Clément commence à s'avancer vers les tables et je décide finalement de le suivre. Personne ne me prête vraiment attention. Les "Hors-la-loi" sont tous là, à regarder leurs assiettes, à discuter avec des amis ou de la famille. Certains éclatent de rire, d'autres se lancent des regards amoureux. C'est un véritable méli-mélo de personnalités ici.