Safe Wor(l)d [MxM BDSM] [terminé]

6 - Rendez-vous

Mes doigts tapèrent rapidement sur mon clavier tactile et envoyèrent le message avant que j'aie vraiment pris le temps d'y réfléchir.

« Est-ce que vous vous foutez de ma gueule ? »

Ce mec était malade. Comment est-ce qu'il avait pu m'envoyer consciemment ce genre de liste de pratiques dégueulasses ? Lola m'avait dit qu'il avait été recruté pour les clients les plus excentriques, je n'osais même pas penser à ce qui avait déjà pu se passer dans sa salle des horreurs. Une réponse arriva rapidement.

« Evan ? »

Je répondis immédiatement.

« C'est quoi ces histoires de coups de canne, de camisole, d'électro-stimulation, de viol et toutes ces merdes ? Vous faites vraiment des choses comme ça ? »

Cette fois, la réponse tarda un peu.

« Je respecte les envies de mes soumis. »

La mienne fut éclair.

« Vos soumis sont tarés. »

Je n'eus pas le temps de reposer mon portable qu'il vibra à nouveau.

« Certains oui. Veux-tu qu'on se voit pour en parler ? »

Je fixai mon écran. Le voir, oui, ça j'en avais envie. Mais j'aurais largement préféré qu'on s'organise une partie de jambes en l'air plutôt que d'avoir à parler de tout ce merdier. Mon portable vibra de nouveau.

« Est-ce que ça t'a effrayé ? »

Je pianotai à la hâte une réponse sincère.

« Évidement que ça m'a fait flipper ! Il y a des trucs dans cette liste qui me répugnent au plus haut point ! Ça vous arrive souvent de prêter vos soumis ? »

Cette fois mon portable sonna. Il m'appelait ! Je me mordis l'intérieur de la joue et décrochai avant de perdre les dernières lueurs de courage qu'il me restait.

— Quoi ?

— Je ne prête mes clients que quand ils le souhaitent. Ce n'est pas obligatoire, me dit-il calmement.

Je me tus un instant. J'avais oublié sa voix. Au téléphone, elle était super sexy ! Elle paraissait plus grave, plus posée, plus profonde. Je secouai la tête pour me remettre les idées en place, mais je ne répondis rien. Après un court silence, il prit la parole.

— Je sais que la liste que je t'ai envoyé doit te paraître effrayante. Mais ce n'est qu'une liste. Si nous décidons de jouer ensemble, évidemment qu'on ne commencera pas avec une camisole ou des coups de canne. Mais je dois savoir ce que tu aimerais essayer pour te proposer des séances qui iront crescendo tout en restant dans ce que tu aimeras. Tu vas devoir me faire confiance. Et la confiance n'arrive pas toute seule. J'aurais beau te dire mille fois que tu n'as rien à craindre, tant que je ne te l'aurais pas montré, tu ne me croiras pas. Et c'est bien normal.

Je soupirai une nouvelle fois.

— On peut pas juste coucher ensemble ? Normalement ?

— Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas de petit ami.

— Je ne parle pas de petit ami ! Je parle d'un coup d'un soir, un coup de bite, un plan cul à usage unique, un aller-retour, un...

— J'ai compris, me coupa-t-il. Mais ça ne m'intéresse pas. Je veux bien te faire découvrir le BDSM, mais c'est tout ce que tu obtiendras de moi. Souhaites-tu qu'on stoppe tout ici ?

Je posai mon téléphone sur mon ventre et grognai. Bien-sûr que non, je ne voulais pas tout arrêter ici ! Je pris, en conséquence, une grande inspiration et collai mon portable à mon oreille.