Chapitre 15 : Panique

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      -          Ouais, ouais, c’est bon, j’arrive… marmonna Baptiste en se dirigeant vers l’entrée, d’où provenait des coups sourds.

Il se passa les mains sur le visage et retint un bâillement. Quelle heure était-il ? Un coup d’œil vers la baie vitrée ne lui appris rien : il faisait sombre, et il y avait de nouveau un orage. Où était-ce le même que la dernière fois ? Merde, on était quel jour déjà ?

Il se sentait à bout. Il avait tourné pendant des heures dans son lit, avant de sombrer dans un sommeil agité entrecoupés de cauchemars dans lesquels Lucas le narguait et le traitait d’imposteur. La moindre odeur de nourriture lui filait la nausée. La moindre sonnerie de son téléphone des sueurs froides. Plein de gens le notifiaient, envoyaient des messages, demandaient des explications sur son absence, Corentin, Lidros, des viewers,… il avait même reçu, de façon plus surprenante, un message d’Amine.

Celui-là non plus, il ne l’avait pas lu.

Les coups se faisaient de plus en plus forts, comme si quelqu’un tentait d’enfoncer la porte. Baptiste grinça des dents. Il ne savait pas qui était l’imbécile qui faisait un tel boucan à sa porte, mais il allait lui expliquer que le panneau « propriété privée » à l’entrée du chemin menant à la maison n’était pas là pour la déco.

Il distingua une vague silhouette à travers la vitre floue, et ouvrit la porte brusquement. L’homme devant lui portait un sweat trempé par la pluie, dont la capuche relevée masquait le visage.

      -          Hé toi, où est-ce que tu te… s’écria Baptiste, agacé.

L’inconnu releva la tête et Baptiste s’interrompit.

      -          L… Lucas… bégaya-t-il, choqué de le voir là.

Il fit un pas en arrière, la main tenant toujours la porte.

      -          Baptiste, attends, je… !

Le blond avança vers lui et Baptiste referma la porte avant qu’il ne puisse entrer. Les coups reprirent aussitôt sur la porte, accompagnés de cris.

      -          Baptiste ! Ouvre ! Je dois te parler ! Baptiste !

Le streamer brun recula en fixant la porte fermée, les jambes flageolantes. Lucas ! Lucas était là. Pourquoi était-il là ? Est-ce qu’il était tout seul ? Est-ce que c’était un nouveau cauchemar ? Etait-il venu se moquer de lui, l’insulter encore une fois ? Les questions sans réponses tourbillonnèrent à toute vitesse dans l’esprit de Baptiste.

« Les trois quarts de sa commu, c’est la mienne » … « Il va plomber le Zevent si je fais pas quelque chose »… « là, son live fait pitié »… Tous les messages de Lucas à son propos lui revinrent en force.

La panique le prit à la gorge, l’empêchant de respirer correctement. Tout tournait autour de lui,  il tremblait, ses oreilles bourdonnaient et il se retrouva à genoux sans bien savoir comment. Son cœur s’affola dans sa poitrine et des points noirs dansèrent devant ses yeux. Il se sentait glacé et hoqueta à la recherche de l’air qui lui manquait.

Un bruit de verre brisé résonna dans le lointain, et soudain des bras l’attrapèrent, le serrèrent contre un torse chaud et ferme.

      -          Calme-toi Baptiste, chuchota une voix qu’il fut incapable de reconnaître sur l’instant, respire. Respire en même temps que moi, allez.. Inspire… Expire… Doucement…

Peu à peu, Baptiste réussit à se concentrer sur la respiration de la personne qui lui parlait et à se caler dessus.

Lentement la panique reflua et céda la place à un immense épuisement. Toujours à genoux, Baptiste releva lentement la tête et se raidit en comprenant qu’il était dans les bras de Lucas. Sa crispation ne passa pas inaperçue auprès du youtuber qui, réalisant le problème, le relâcha pour lui permettre de s’éloigner de lui.

Les deux hommes étaient à genoux l’un devant l’autre. Comme Baptiste ne disait rien, Lucas tendit la main vers lui, pour l’aider à se relever, mais le brun eut un mouvement de recul et il laissa retomber sa main. Baptiste se redressa en prenant appui contre le mur le plus proche et sans un regard pour le blond, ni pour les deux autres personnes présentes, partit en direction de sa chambre. Il s’arrêta juste avant d’y entrer, et lança d’une voix froide :

      -          Fous le camp de chez moi, Hauchard.

Et il laissa Lucas planté dans le couloir les bras ballants.

Tu le méritesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant