Laura (vendredi 17 février)

12 3 2
                                    

Je me suis cognée l'orteil contre le coin de mon lit.

  Autant dire que la journée commence mal.
  Je n'ai pas pu arrêter de penser à une multitude de choses cette nuit, si bien que je ne suis pas parvenue à trouver le sommeil.

  Je suis donc allée en cours, le moral dans les chaussettes. Déjà qu'habituellement je ne suis pas digne de la couverture d'un magazine, aujourd'hui, je dois vraiment faire peine à voir.
  Je marche vers la grande grille verte et métallique qui ouvre les portes de ce grand et triste lycée.
  Personne ne me remarque.
C'est l'histoire de ma vie, ça.
L'invisible.
Le fantôme.
L'ombre.
La fille que l'on invite aux fêtes seulement parce qu'elle à des amis populaires.
Mais et si elle n'a plus d'amis ?
Et si elle est seule ?
Et si...

  Je m'engouffre dans l'entrée. Compressée par des tas de personnes.
Une marrée humaine.

  Je vais en cours. On a philosophie. Cela promet. Tout le monde part en débat dans ce cours. Au début, on fait attention au volume sonore, à notre vocabulaire, mais ça dégénère toujours et on finis tous par s'insulter...
  Au début, j'y prenais plaisir. Au début, ça m'amusais. Plus maintenant. Maintenant, ça m'exaspère...

  Je m'assois alors. Toujours dans le fond.
Je tourne la tête vers la fenêtre on est au deuxième étage. Je distingue les personnes marchant dans la cour.
Valentin y est. Je l'observe. Il marche en direction d'un groupe de fille. Ce groupe c'est Lola et ses nouvelles potes...
  Je détourne la tête. J'entends des cris.
Ah. Ça à dégénéré. Ce fut rapide. Tout le monde se crie dessus. Le prof dit que c'est intéressant de voir la communication et les différentes opinions. Je pense juste qu'il a abandonné l'idée de faire régner l'ordre dans sa classe depuis longtemps.

  Charlie et moi échangeons un regard. Nous sommes les seuls en dehors de ça.
Je pense que nous trouvons tout les deux cela futile de se chamailler comme des gamins alors qu'une personne chère à nos yeux est absente.
 
  Ça sonne enfin. Le prof nous retiens tout de même et nous annonce que l'on doit écrire une rédaction dont le sujet est la solitude. Super.

  Les cours suivants, c'est à dire le français et l'anglais ne sont pas plus pertinents que ça et la fin de matinée se déroule dans un ennui mortel.

  J'arrive au réfectoire. Je m'assois. Valentin est en face. Lola ne cesse de lui envoyer des petits regards en coin depuis tout à l'heure. Ça ne m'énerve pas. C'est juste que je ne me sens pas à ma place. Je ne me sens pas assez bien pour lui. Je veux dire Lola est bien plus belle que moi ! Au moins elle, elle le mérite.

– Tu ne mange pas Laura ?

C'est Charlie qui a dit ça. Il me regarde, l'air préoccupé. A la réflexion toutes la tablée s'est arrêtée pour me regarder.

– Si si...

  Je plante ma fourchette dans une sorte de choucroute peu appétissante.

  Mais Chiara ne me laisse pas tranquille et ouvre sa grande bouche immaculée de gloss à paillettes pour dire :

– Oui enfin, ne mange pas trop non plus.

  Lola s'étonne et dit :

– Pourquoi tu dit ça ?

– Bah tu sais son poids... Un petit régime ne ferais pas de mal..., répond elle.

  Mes deux amies... On était inséparables et maintenant...

– Non mais ça va pas de dire des choses comme ça ! Laura est tout sauf grosse, alors fermez la !, s'écrit Valentin.

  Tout les monde regarde cet échange. Ça me gène. Il faut que je parte. Maintenant. Alors j'ai un petit sourire triste et je dit :

– Arrête Valentin... Tu sais bien qu'elles ont raison...

  Je prends mon plateau et pars sans même entendre sa réponse.

  Je vais m'installer dans la bibliothèque.
Je vais faire mon devoir de philo. Je suis sur une petite table, dans un coin sombre. Je rabats ma capuche, mets mes  écouteurs et commence...

La solitude.
Qu'est-ce que c'est ?
C'est quand on est seul.
C'est tout simple et pourtant si compliqué.
C'est quand on à le sentiment de ne pas exister.
C'est quand on est exclue.
C'est quand on n'est pas acceptée.
C'est quand le silence est notre seul compagnon de route.
C'est l'impression d'être torturée par la tristesse.
C'est quand on déteste chaque partie de soi.
C'est quand on se sens mal, tout simplement.
C'est quand on est perdu dans l'ombre et que l'on ne voit pas la lumière.
C'est quand la déception fait partie de ton être.
C'est quand on ne sait plus où on en est.
C'est quand on n'a plus la force d'avancer.
C'est quand on reste dans son lit à pleurer sur une chanson triste.
C'est avoir des regrets.
C'est avoir envie de crier sans pouvoir prononcer un mot.
C'est être dans sa bulle.
C'est être différent.
C'est être un passante, un figurante.
C'est sourire à l'extérieur et pleurer à l'intérieur.
C'est être choisie en dernière en sport.

La solitude c'est si simple mais tellement compliqué.

  Sans m'en rendre compte, ma main à suivie le cour de mes pensées.
J'ai fais mon devoir.
Un rond de larme est venu se mêler à l'encre.

  Je suis rentrée chez moi. Non sans avoir eu des réflexions de la part de mes parents. Selon eux, je suis trop renfermée et ne les aide pas dans les tâches ménagères. Je leur ai promis de les aider plus. Et me voilà dans ma chambre à penser à cette journée.
  Trop de choses. Je n'ai qu'une envie : fermer mes yeux, être emportée par l'obscurité et ne plus jamais les rouvrir...

  Je décide d'envoyer un cour message dans le vide, enfin à Lore.

"Journée horrible. Je n'en peux plus... Je commence à désespérer...
Je suis triste, je pourrais facilement péter un câble, envoyé tout le monde balader, tout détruire... Mais je ne le fais pas, au lieu de ça, je reste silencieuse et je me détruis moi-même car je sais qu'ils ont raison..."

Et c'est la fin de ce chapitre ! J'espère qu'il vous a pluuu !

💜💛

Signé : Ro

La Belle Au Bois DormantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant