Prologue

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Bonjour tonton.

Viens me voir une seconde. Prends un verre et assis-toi là, en face de moi. Il faut qu'on cause un petit peu. Tu peux venir papa, j'ai deux trois trucs à te dire aussi.

Alors comme ça, ton grand ennemi t'as eu. Le Covid t'a attrapé. Non, pas la Covid, LE Covid. On est en France, si les Canadiens veulent le mettre au féminin, qu'ils le fassent. Ici, on préfère le masculin. Ce Covid qui nous empêchait de nous voir, de nous rassembler pour se faire des câlins et faire la fête et boire un coup. On en sort tonton, bientôt le pass-vaccinale ne sera plus obligatoire, tes enfants ne vont pas être obligés de se faire vacciner. Et on va pouvoir enlever ce putain de masque qui nous étouffe ! Ouf, on va pouvoir respirer un peu. YES !

Tu nous as pris par surprise, on ne s'y attendait pas. T'étais un peu fatigué ces derniers temps, t'as chopé cette saloperie, pas le gros truc avec réanimation et tout, non. Juste, ça a affaibli ton cœur, et pouf, pendant ta sieste, tu es parti.

Ton cœur. Ce si grand cœur qui nous réchauffait, nous faisait rire et danser. Ce cœur que l'on ne rencontre que chez de rares personnes. On a eu de la chance de te rencontrer, de faire parti de ta vie, de faire parti de ta famille. MA famille. Une famille unie dans l'épreuve, unie dans la joie, une belle et grande famille que tout le monde sur cette terre rêverait d'avoir. Et toi, toi qui en était le cœur, l'âme.

Toi qui m'as tant inspirée. Qui as inspiré tes enfants, tes femmes, tes amis, tes frères de cœur, des petits cons bousillés par la vie que tu as pris sous ton ailes pour les élevés et leurs permettre de connaître le bonheur.

Toi, mon tonton au grand cœur, tu es parti et tu nous laisses un vide immense mais une soif de vivre encore plus grande.

Comment es-tu arrivé à cette hauteur d'esprit ? Bien sûr, tu as bourlingué, tu as voyagé en Chine, non, attends. C'était les années 70, mai 68 tout ça tout ça. À l'époque on disait la Chine, mais en fait c'est Taïwan. Donc, tu es allé là-bas et puis dans d'autres contrées lointaines dont je ne me souviens plus des noms, et tu y as ramené tes mantras, le Taï-Chi, l'acuponcture et un esprit libre, éveillé.

Est-ce tout ? Je ne pense pas. Des rencontres sûrement, des erreurs de parcours surtout, et le soutient de ta famille, toujours ou presque. On a une belle famille n'est-ce pas. Des tontons, des tatas et beaucoup de cousins avec beaucoup d'enfants. C'est bien les enfants, c'est la vie, il nous font rire ces petites choses fragiles qu'on doit protéger de la dure vie qui parfois nous oppresse. Il faut leurs donner les bonnes idées pour que plus tard ils puissent eux-aussi être heureux et transmettre à leur tour les clés du bonheur à leurs enfants.

Dis tonton, je voudrais te faire connaître au monde, faire connaître le fonctionnement de notre famille, parce que c'est la bonne façon de faire. Et clairement, le monde d'aujourd'hui ne va pas bien. Les gens sont dans les vapes, on nous a mis des œillères, on est tous dans un état second, on bafouille, on perd la mémoire, on oublie des choses, on a même plus envie de se lever pour aller faire une balade. Et pendant ce temps, des gens ont froid, des gens ont faim, et il faut que ça change. Alors comme je ne connais pas ton histoire parfaitement, je vais raconter la mienne. Une simple vie, avec des hauts, et des bas, des ratés, des petites réussites, et des grands coups de cœur. On va secouer un peu le cocotier, histoire de réveiller tout ça. Alors, ça va grincer des dents, ça va peut-être cogner un peu fort (enfin, si on peut éviter, on le fera), mais bon, à un moment donner, trop c'est trop. Il est temps de faire du ménage !

Une Famille en FranceWhere stories live. Discover now