Chapitre 16

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PDV Alec

- C'est fini ! Comment as-tu pu me mentir Alec ? Et en plus, oser me cacher ÇA ? Ne m'approche plus, restes loin de moi... Je veux que tu sortes de ma vie... Espèce de monstre !

Je restais stoïque, en larmes, devant Evenn qui faisait les cent pas devant moi, la respiration haletante, tout en enchainant ces paroles qui venaient de briser en un million de morceaux mon coeur.
Je me sentis alors partir, la respiration saccadée, plongeant de plus en plus dans les profondeurs des abysses.
Un sursaut. Une sensation humide et désagréable. L'air entrant difficilement dans mes poumons. Un cauchemar... UN PUTAIN DE CAUCHEMAR !
Ma respiration est rapide, hachée, ma vue est légèrement troublée à cause des larmes qui ont coulées d'elles-mêmes. Mon lit est trempé de sueur tout comme mon corps. Je jetai un oeil au réveil : 4h. 4h du matin... Je me levai tant bien que mal, changeai mes draps et me dirigeai vers la salle de bien attenante à ma chambre afin de me débarrasser de cette sensation poisseuse et inconfortable collant à ma peau. Il faut que je me change les idées, je suis bien trop en panique... Courir, je dois courir !
Me voilà maintenant en caleçon, sortant de la maison dans le plus grand des silences. Je m'élançai vivement et me changeai en loup afin de pouvoir évacuer toute cette angoisse.
M'a-t-il vu ? A-t-il des doutes ? Où en sont ses recherches ? Even m'a annoncé au téléphone ce soir avoir vu des traces de pattes de chien, un chien selon lui plus gros qu'un ours. Sa révélation m'a sidéré et je crois qu'il a remarqué ma gêne grandissante sans pour autant me questionner d'avantage.
On a pourtant toujours fait attention à ne pas aller au niveau des sentiers et des lieux fréquentés par les humains... J'ai toujours fait attention à rester à l'intérieur du sous-bois pour dissimuler mes empreintes... À moins qu'il y ait d'autres loups sur notre territoire ? Non, impossible, on l'aurait remarqué quand même... Non, tout ça est bien entièrement de ma faute... Mon irrépressible obsession de le voir même quand nous sommes séparés, de le suivre sous ma forme de loup pour le voir de loin... Et avec ma bêtise, j'ai entrainé les autres ! Il faut que j'en parle à quelqu'un. Vic ? Non, il va me pourrir... Aly ? Elle m'écouterait et me consolerait mais vu comme elle est gaffeuse... Mauvaise idée ! Mon, oui mon Max, il n'y a que lui ! C'est la voix de la sagesse ! Mon futur bras droit, mon pilier quand je doute. Ouais je vais aller lui en parler.
Le vent frais de la nuit fouettait ma gueule, je me sentais plus léger, libre. Décidément il n'y a que sous ma forme lupine que je peux évacuer toutes les choses qui me préoccupent.
Voyant la Lune se cacher au fur et à mesure derrière les arbres, je décidai de rentrer, voulant éviter de croiser mon père et son plus-que-probable interrogatoire sur ma sortie nocturne. Je me hâtai donc, filant à toute vitesse, sautant par-dessus les troncs et slalomant entre les arbres.
Ouf de justesse ! Encore cinq minutes d'escapade et je tombais sur mon père ! Me revoilà en caleçon, sur mon lit, replongeant la tête dans mon oreiller et espérant dormir les deux petites heures qu'il restait avant la sonnerie de mon réveil.

La journée de cours s'est bien déroulée dans l'ensemble, Evenn n'a pas abordé une seule fois le sujet des empreintes et j'en fus fortement soulagé. J'ai même réussi à parler en privé avec Max, lui disant qu'après les cours du lendemain après-midi avec mon père, il faudrait qu'on ait une discussion de la plus haute importance.
Je suis actuellement dans les gradins du manège à regarder Evenn travailler avec Malawi. Enfin... Plutôt à se faire gentiment engueuler par Lisa parce qu'il a passé les trois quarts de son temps à me regarder, me sourire et m'envoyer des baisers volants avec sa main. Je dois avouer que la scène avec sa coach est assez comique. Même Louise rigole, pliée en deux sur sa jument !
Even sortit alors du manège, la séance étant terminée, le visage rouge, l'air boudeur et les talons de ses bottes claquant sur le sol. Il est vraiment trop mignon quand il prend cet air !
Une fois arrivés à son box, je m'installai contre la porte :

- Boude pas bébé ! J'ai beaucoup aimé ta séance moi ! Lui dis-je d'un air taquin.

- Ouais bah la honte hein ! Lisa m'a « engueulé » ! Fit-il en mimant les guillemets. Elle m'a charrié et traité de canard parce que selon elle « je suis complètement gaga de toi et c'est comique quand je te regarde » ! Elle m'a demandé de me concentrer sinon tu serais interdit de venir me voir monter jusqu'aux examens !

- Ah parce que tu n'es pas gaga de moi ? Lui demandai-je dans une mou se voulant triste et vexée.

- Quoi ? Hein ? Non ! Euh si ! Aaaah ! Tu m'agaces à te moquer de moi toi aussi ! Balbutia-t-il, plus rouge que jamais.

Me voyant sourire et rigoler, il ne tarda pas à se joindre à moi pour ensuite venir m'attraper par la nuque et m'embrasser de la façon la plus torride que je n'ai jamais connu.
Il me relâcha, à bout de souffle :

- Alors, on doute toujours, Mr Marshall ?

Il. M'a. Cloué. Le. Bec !
L'expression satisfaite sur son visage finit de m'achever et je me jetai sur ses lèvres pour retrouver les divines sensations que j'aime tant ressentir.

Le temps est couvert en ce samedi matin et je patiente sur le trottoir près du cinéma, discutant avec Evenn par messages. Je vis Louise arriver au coin de la rue et lui fis un signe de main.
Elle arriva à ma hauteur tout sourire et me claqua la bise.

- Bon, on a une mission ce matin !

- Ouais et quelle mission ! Lui répondis-je en riant.

- T'as des idées ?

- J'avais pensé à des affaires pour le cheval mais je me suis dit que ça serait mieux venant de toi, comme tu t'y connais... Des vêtements sinon c'était dans ma liste. Ou alors un bijou, genre un collier ou un bracelet...

- Je sais où on doit aller ! La boutique d'équitation propose en plus du matériel, des pendentifs et des bracelets super sympas ! En cuir, simple, tressés, avec des jolis fermoirs, etc... On va bien trouver ton bonheur !

Et elle m'entraina ainsi dans les rues peu vivantes par ce temps maussade jusqu'à la boutique en question.
Pendant que Louise farfouillait dans les différents rayons afin de trouver son bonheur, je me trouvais bloqué devant les pendentifs et les bracelets, perdu dans ma réflexion.

- Bonjour, je peux vous aider jeune homme ? Me demanda la vendeuse, âgée d'une vingtaine d'années, me faisant sursauter.

- Euh oui je veux bien un peu d'aide s'il vous plaît, lui répondis-je un peu timide, le rouge aux joues.

- Dites-moi tout !

- Alors je suis à la recherche d'un collier ou d'un bracelet pour mon copain, c'est son anniversaire. Il est cavalier et je voulais trouver quelque chose lui rappelant sa passion.

- Hum... J'opterai plus pour un bracelet si j'étais vous. Nous en avons de très jolis en cuir et cuir tressé.

Elle m'emmena jusqu'au présentoir où une petite dizaine de modèles différents étaient exposés. Après plusieurs bijoux, son regard s'illumina et elle me tendit l'objet avec le sourire aux lèvres.

- Je pense que celui-ci pourrait vous convenir : il est sobre et chic à la fois !

J'inspectais alors l'assemblage de plusieurs bracelets regroupés sur un fermoir argenté prenant la forme d'un fer à cheval.
Mes yeux brillèrent et un sourire se dessina jusqu'à mes oreilles.

- Lou ! Interpellai-je mon amie. Je crois que j'ai trouvé, viens voir !

Elle me rejoignit en sautillant, avec dans les bras, ce qui semblait être un équipement assorti pour cheval.

- Oh il est magnifique ! Je suis sûre qu'il va lui plaire !

J'hochai de la tête et regardai la vendeuse pour lui confirmer mon choix.

- Voulez-vous rajouter une gravure personnelle sur la petite plaque en métal ?

- Oui, je veux bien merci !

Une fois nos achats effectués et emballés, nous sortîmes de la boutique avec Louise en remerciant chaleureusement la vendeuse. Je proposai alors à ma nouvelle amie d'aller manger un bout quelque part, ce qu'elle accepta avec enthousiasme.

Vidé, épuisé, c'est mon état actuel. Avec Max, nous venons de finir les quatre heures de cours avec mon père. Il me tapa sur l'épaule et m'indiqua les bois, pour aller discuter en paix. Mon angoisse refit alors surface d'un seul coup.
Une fois installés confortablement, assis le dos contre un arbre, Max rompit le silence et une boule se forma dans ma gorge.

- Bon alors, qu'est-ce qui te préoccupe pour vouloir me voir en secret comme ça ? Plaisanta-t-il.

- Je ne sais pas comment te dire ça simplement Max, mais je crois que j'ai fait une bêtise...

Je lui expliquai alors toute l'histoire dans les moindres détails. De la découverte d'Evenn à ses interrogations, de mon angoisse et de l'impression qu'il se doute que je lui cache un secret. J'omis par contre l'idée d'un loup étranger sur notre territoire, ne voulant pas trop en rajouter d'un coup.

- Mec, pour l'instant ne panique pas ! Evenn ne sait rien. Par contre, si il était en proie à découvrir notre seconde nature, il faudra que tu prennes une décision...

Je le fixai, muet, attendant qu'il continue sa réflexion.

- Tu as deux possibilités qui se profilent et qui convergent vers la même finalité. La première : il ne découvre rien et tout va bien. La deuxième : il perce à jour notre secret, et franchement, je ne vois pas comment il pourrait faire à part en nous surprenant, et là il faudrait avertir ton père afin de gérer la situation...

Je déglutis, imaginant devoir tout expliquer à mon père et repris :

- Et sinon, tu parlais d'une finalité commune à ces possibilités ?

- Et bien... Si tu veux construire quelque chose avec lui dans l'avenir, tu devras tout lui avouer... Lâcha-t-il d'un bloc en me regardant dans les yeux.

Un poids énorme tomba sur mes épaules. C'est vrai que j'avais déjà songé à cette éventualité, mais se l'entendre dire c'est tout autre chose.

- Après, il y a une autre solution, mais vu votre amour et ce mystérieux lien, ça me semble compliqué...

Je sentis Max hésitant et il reprit, m'annonçant la seule chose inimaginable pour moi :

- Si tu l'aimes tant, que tu veux le meilleur pour lui et si tu veux le préserver de tout ça, tu dois rompre...

Quoi ? Non ? Impossible... Rompre ? Je ne pourrai pas, mon coeur ne le supportera pas... Et pourtant, il va bien falloir que je réfléchisse à une issue à un moment ou à un autre...

Plus Jamais Sans ToiWhere stories live. Discover now