Chapitre 2

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Les nuits sont lourdes, je tourne la tête toutes les demies heures, mes souvenirs me hantent en me rappelant même dans mon inconscient ma véritable nature. Je ne supporte pas cette pression invisible, cet être des ténèbres qui me ronge sans que je ne puisse réagir. Quand je ferme les yeux, je me fais dévorer de l'intérieur, les ombres se souviennent du sang séché sur mes mains. Mon cœur se souvient des palpitations dangereuses qui m'animent. Mon corps entier se souvient des premiers tremblements, les premiers frémissements de mes mains arrachant la vie.

Ce n'était pas pour le plaisir. Rien ne devait ressembler d'une quelconque manière à ce que je vis depuis ce jour.

Le soleil fissure mes volets, la lumière aveuglante me donne un mal de crâne qu'un cachet n'arrivera pas à éliminer. Je soulève la couette, ce qu'il en reste. Trouée par les cigarettes et déchirée par mes pulsions soudaines, froissée comme un torchon qu'on jette sur une table. On peut dire que mon lit était un foutoir sans nom. Tout comme je l'étais.

Un inconnu, un homme vivant sous la pâle lueur de la nuit, un chasseur qui ne cherche que des proies qui lui corresponde. Un homme sans attache qui n'est lié à personne mais qui connait ses principes. Mon monde est tout aussi noir que mes crimes, un marécage de méfait dans lequel je m'engouffre beaucoup trop facilement.

Ce matin là j'étais prêt, habillé d'une veste noir aux clous argentés, un pantalon bleu clair pour croiser la ressemblance avec le ciel ainsi que des bunkers d'un style plutôt rock. Sous mon bras, une mallette, remplit d'un nombre indécent d'argent.

Cette même mallette qui ne sert que d'appât. Un vulgaire piège tendu pour ma prochaine victime.

Il est déjà sur place, confiant, les deux mains serrant une tasse de café dans un petit bar. Je fais sonner la petite cloche de l'entrée et arrive jusqu'à sa table.

- Vous n'avez pas trop attendu ? Lui ai-je demandé sur un ton amical.

- Non, je viens tout juste d'arriver. M'a-t-il répondu.

Mensonge, sa nervosité intérieure l'a conduit sur place il y a une heure de cela. Qu'importe. Je prends place et commande un verre au serveur. Pour mon « client », je suis un avocat, je serais tout pour que je puisse l'approcher. J'aurais pu me la jouer moins fine mais mon gout de l'intrigue m'incite à changer mes méthodes pour ne pas me lasser de ma passion.

Je me présente à lui en tant que Maitre Ciguë, avocat français connaissant son dossier sur le bout des doigts. Agressions sur mineurs, trois viols consécutifs dans le même mois et vol à mains armée. Un beau dossier qui me donne des envies assassines. Je le regarde attentivement, lisant ses moindres faits et gestes. Il me parle de ses inquiétudes lors de son futur procès, de sa crainte à perdre la vie.

Je le rassure, et lui montre la mallette.

- Je vais vous faire une offre, la décision vous revient de droit. Ici est amassée la somme nécessaire pour gagner le silence du tribunal. La police gardera surement votre dossier mais je ferais en sortes qu'il ne vous arrive rien si vous décidez de vous tenir à carreaux.

L'homme écarquille les yeux, il a beau ne pas me connaitre, il est émerveillé par mes mots et surtout par l'odeur de l'argent. Il sait très bien qu'une telle somme ne devrait pas trainer dans les mains d'un criminel et pourtant tout mon jeu repose sur cette action.

- Vous pouvez vraiment faire ça ? Je ne serais plus poursuivi ?

Mes lèvres se lèvent quand un sourire grinçant s'élargie sur mon visage.

- Seulement à une condition : Vous devrez vous déclarer coupable de vos actes. Rien qu'une phrase, pas un mot de plus, une juste situation pour que je sois sûr que vous ne recommencerez pas.

DestinWhere stories live. Discover now