Chapitre 2 : Rumeurs

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★Je n'ai rien fait★

***

    La journée commençait bien tranquillement, pourtant, je me sentais mal. Les gens parlaient encore des événements de la veille. Je le savais, je les entendais parler de moi, je les entendais parler d'elle. En classe, je les voyais lui poser des questions, je les voyais me regarder de travers. Dans la cour, ils sont sortis de leur trous, ils sont venus me faire face. Ils m'ont entouré, ont mis de côté mes amis. Les yeux au fond des miens, le regard dur, ils ont craché :

  « On sait ce que tu as fait à Vila. T'es qu'un connard. On sait tous. Tu vas voir, on va te le faire payer. Tu devrais avoir honte. »

  J'étais perdu. Que voulaient-ils dire par là ? Qu'est-ce que j'avais fait ? Je ne comprenais pas pourquoi ils avaient envers moi une telle animosité. Je vis Jack et Brad les rattraper et cela m'apaisa de les voir me défendre. Mais quand ils relâchèrent leur prise sur leurs t-shirts, quand ils se retournèrent vers moi avec ce regard étrange, j'eu mal au cœur, comme s'il se fêlait une nouvelle fois. Ils les laissèrent partir et se fut Jack qui acheva mes doutes :

  « Est-ce que c'est vrai que tu as fait des attouchements à Vila avant qu'elle fasse sa rentrée ? »

  Le temps sembla s'arrêter autour de moi. Elle avait osé dire ça, elle avait osé proférer de telles horreurs sur moi. Comment avait-elle pu faire ça ? Un instant je voulus disparaître, devenir invisible, inconnu de tous, pour ne pas à avoir à faire aux conséquences de ses accusations. En un instant, je voulus pleurer, hurler que c'était faux, me mettre en colère, ne rien faire.

  « Sam ?

  - Non. Non je n'ai pas fait ça. Elle ment ! C'est elle ! Elle m'en veut, je ne sais pas pourquoi, elle est folle !

  - Ok ok je te crois. »

  Non. Non tu ne me crois pas. Me prends-tu pour si stupide ? Suis-je forcément coupable ? Êtes-vous si manipulables ? Il suffit qu'une parfaite inconnue se dise agressée par moi, quelqu'un qui vit là depuis sa naissance, pour que tous la croient ? Je ne pus m'empêcher de me demander, si cela avait été l'inverse, moi qui l'accuserai elle, ne m'aurait-on pas rit au nez ? Blessé, je m'excusai et partit m'enfermer aux toilettes, laissant m'échapper quelques larmes silencieuses. Je ne devais pas y penser. Tout cela n'était que passager. Tout allait s'arranger. Ce n'était pas grave. Ce n'était pas grave. Rien de ce qu'il se passait n'avait d'importance, je me faisais des films. Dans quelques jours, tout le monde aura oublié ce mensonge grotesque. Oui. Ce n'était rien.

  La sonnerie retentit, me faisant sursauter violemment. J'essuyai mes joues mouillées, me mouchai à l'aide de PQ et attendis que les toilettes soient totalement vides avant de sortir. Je jetai un coup d'œil au miroir. J'avais les yeux rougis mais ça s'estompait déjà. Bientôt, il n'aurait plus aucune trace de ma faiblesse face à leurs jugements. Une minute s'écoula avant que je ne me décide à rejoindre ma classe qui était presque entièrement rentrée. Je ne fis qu'un unique pas dans la salle que des regards mauvais se tournèrent vers moi. Je me sentis soudainement mal, l'estomac noué, et, malheureusement, cette sensation était toujours présente à midi, si bien que je ne touchais pas à mon assiette.
  Jordie m'expliquait joyeusement qu'elle avait laminé les 26 élèves de sa classe avec un 19 sur 20 en math. Cette fille était intelligente, d'une logique surprenante qui passait ses évaluations sans aucun effort. Personnellement, je préférais le français. C'était plus profond, plus doux, d'une diversité s'agrandissant de jours en jours, à chaque écrit des plus secrets à ceux que tous connaissent. C'était une matière bien moins rigide que les chiffres avec leurs codes, leur vocabulaire très précis. Elle n'était pas de cet avis. Peu importe car, le temps d'une demi-heure, j'en oubliai mes minces problèmes.

  Ils me rattrapèrent bien vite.

  Le reste de la journée, il me semblait que la cour entière avait attendu la rumeur. Chaque personne que je croisais me regardait de travers, parlait sur moi. Je me sentis rejeté, seul. Je sentis quelque chose se casser à l'intérieur de moi. Heureusement, mon amie me protégeait. Elle était plus grande, plus forte que moi. Et quand elle se mettait entre leurs yeux et les miens, j'avais l'impression de pouvoir me fondre dans son ombre, d'y trouver un endroit rassurant. Je ne comprenais pas pourquoi. Tous ces gens me connaissaient depuis des années, comment pouvaient-ils se laisser avoir si facilement ? Comment pouvaient-ils la croire ? Ceux en qui je croyais m'étaient donc aussi inconnus ? Non, mes amis restaient les mêmes. Ce n'était pas grave. Ça allait passer.

***

    Bon, je voulais le prolonger, parce que moins de 1000 mots c'est pas mon truc vous le savez bien si vous avez lu "La fille de l'Ombre" avec ses chapitres à plus de 4000 XD Mais voilà, j'ai rien d'autre à ajouter donc je le publie et je continu direct.

J'avais toutWhere stories live. Discover now