Et tout à coup, j'eus peur...

Chapitre 17 : Voyage et arrivée

      - Hey, Gota! On est là ! s'écria Lucas en apercevant son ami dans le hall de l'aéroport.

Il fit signe au petit brun qui ne le vit pas, trop occupé à jouer sur son téléphone. Le youtuber leva les yeux au ciel et se fraya un chemin au milieu de la foule pur le rejoindre, suivi de près par son frère qui ronchonnait encore de devoir venir.

      - Arrête de râler, Flo, profite de ces vacances offertes par ton patron! se moqua-t-il.

      - C'est pas des vraies vacances quand tu pars avec ton patron, grogna le plus vieux.

Lucas changea son sac d'épaule et se frotta la nuque, l'air un peu déçu.

      - Ecoute... si tu ne veux pas venir... Je sais que ça colle pas trop toi et Lock, mais justement, vous pourriez... et puis ça te détendrait... je crois.

Florent dévisagea son frère en haussant un sourcil, pas du tout impressionné par son charabia.

      - Nan, c'est bon, soupira-t-il. En plus, qui est-ce qui t'empêchera de faire des conneries avec l'autre idiot si je ne viens pas?

      - T'es sérieux là? J'suis plus un gamin! rétorqua Lucas à cette dernière phrase. Et j'suis déjà allé en vacances chez lui j'te f'rai dire!

      - Et cette réponse est tellement mature... fit Florent avec un sourire narquois. Bonjour Corentin!

      - Ouais, ouais, salut... répondit distraitement Corentin sans relever la tête de son téléphone.

Florent secoua la tête avec amusement. Une annonce résonna dans les haut-parleurs pour appeler tous les passagers à la porte d'embarquement. Avisant Corentin toujours plongé dans son jeu et Lucas en train de bouder, l'aîné leva les yeux au ciel et attrapa le sac de Corentin qui gisait à ses pieds - une chance qu'il ne se soit pas fait voler. Il attrapa le French Monster par un bras et le remorqua à sa suite, sans faire grand cas des protestations de celui-ci, qui n'arrivait plus à jouer. Lucas les suivit en trainant des pieds.

Après avoir embarqué, les trois hommes s'installèrent. Elise avait bien fait les choses en leur prenant des sièges voisins. Lucas avait le hublot, lui qui aimait s'extasier sur ce qu'il voyait depuis le ciel, Corentin était juste à côté de lui et Florent s'assit de l'autre côté de l'allée, ce qui offrait à l'ancien joueur une relative intimité. Assez introverti, il n'envisageait pas de faire la conversation à un voisin inconnu pendant trois heures, et son agente le savait bien. Dans cette configuration, Florent servait donc de garde du corps, avec pour mission d'éloigner les gens qui seraient trop insistants que ce soit auprès de Corentin ou de Lucas si celui-ci était reconnu.

Le graphiste ricana en s'en rendant compte, et avant d'éteindre son téléphone, envoya un message à l'agente pour savoir si ses heures de baby-sitting seraient payées, et si oui, combien. Heureusement pour lui, personne n'essaya de se jeter sur son petit frère ou son copain pour les agresser, même si l'une des hôtesses semblait les trouver forts à son goût, étant donné le nombre de fois où elle vint proposer ses services, et il put rêvasser tranquillement tout en draguant la jolie brune qui était installée à côté de lui.

Une fois débarqués à Malte, force fut de constater que Baptiste n'était pas venu les chercher, et Florent prit les choses en main pour trouver un taxi, tout en pestant contre l'imbécile qui les avait invité. Lucas riait devant la déconfiture de son frère, et Corentin prit les choses avec philosophie, se laissant porter par le mouvement.

Finalement, ils louèrent une voiture, Florent décrétant que ça lui permettrait de fuir plus facilement les autorités quand il aurait assassiné son frère et ses potes. Lucas prit un air outré à cette idée, Corentin se mit à rire à son tour, et le trajet jusqu'à la maison de Baptiste fut ponctué de blagues vaseuses et de piques entre les frangins, tandis que Corentin comptait les points.

Mais en arrivant devant la demeure du streamer, l'ambiance retomba d'un coup. Une voiture de police était stationnée dans le chemin menant à la demeure.

      - Qu'est-ce qui se passe? demanda Lucas en fronçant les sourcils.

      - Aucune idée, fit Florent qui conduisait.

Il ralentit, incertain, tandis que derrière lui Lucas se penchait autant qu'il le pouvait entre les deux sièges pour mieux voir et que Corentin abandonnait son jeu mobile.

Dehors, un agent de police leur fit signe d'avancer pour se garer dans un renfoncement du chemin, juste derrière la voiture de patrouille. Florent se gara, et Lucas sortit de la voiture avant les deux autres, comme un diable jaillissant de sa boîte, pétri d'inquiétude pour son ami. A cet instant, un second policier sortit de la maison, suivi d'une silhouette massive, qui resta dans l'ombre du porche.

Florent et Corentin sortirent à leur tour de la voiture, tandis que Lucas se propulsait en avant.

      - Baptiste! Baptiste, t'es où?!

      - Hé là, du calme Monsieur! s'interposa le premier policier, l'empêchant d'avancer. Qui êtes-vous?

      - J'm'appelle Lucas, j'suis venu voir mon ami, il est où, il se passe quoi?

      - Vous êtes un ami de Monsieur Clenche?

Lucas regarda l'agent, les yeux écarquillés, un peu décontenancé. C'est ce qu'il venait de dire non? C'était quoi leur problème aux flics sur cette île, qu'est-ce qu'il n'avait pas compris?

      - Calme-toi Lucas, fit Florent qui venait de le rejoindre, en posant une main sur l'épaule de son frère. Bonjour, Monsieur l'agent, nous sommes des amis de Baptiste Clenche, qui nous a invité pour quelques jours, nous venons d'arriver sur l'île. Il y a un souci avec notre ami? s'enquit-il avec calme.

      - Connaissez-vous cette personne? répondit le policier en leur tendant une photo qu'il sortit de sa poche.

Les trois hommes se penchèrent sur la photo d'une jolie blonde qui leur était totalement inconnue. Ils secouèrent la tête et Corentin rendit la photo à l'agent.

      - Vous êtes certains de ne l'avoir jamais vue? insista l'homme.

      - Comme vous l'a dit mon frère, nous sommes arrivés il y a deux heures ! s'énerva Lucas.

Ce fut au tour de Corentin de poser une main sur le bras du blond. Il connaissait bien son ami : Lucas était capable de s'échauffer très vite quand quelque chose ne lui plaisait pas, et il était hors de question de passer le début des vacances dans un poste de police parce qu'il aurait déclenché un esclandre.

      - C'est bon, laisse les passer Henry, fit son co-équipier en les rejoignant. Monsieur Clenche va bien, pas d'inquiétude, ajouta-t-il à l'attention des trois amis avec un sourire gentil. Passez de bonnes vacances.

Il avait à peine tourné la tête pour rejoindre son véhicule, entraînant son partenaire au regard suspicieux, que Lucas se dégagea de la prise de Corentin pour se précipiter vers la maison. Arrivé à quelques pas de la porte, il leva les yeux vers la silhouette qui se tenait toujours sous le porche et s'écria avec surprise:

      - Doigby?!