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Une violente détonation sature mon ouïe brusquement. Dans les instants qui suivent je n'entends qu'un sifflement aiguë et des voix fantômes, indistinctes.

Mon corps a réagi comme si il n'attendait que ce signal et s est précipité sur Ada. J'ai sauté sur elle pour la désarmer sans même prendre conscience de ce que je faisais. Surprise, elle a appuyé sur la détente et a tiré dans le plafond, provoquant la dispersion d'une épaisse poussière de plâtre.
Profitant de sa torpeur, je tape sa main avec ma jambe, lui faisant lâcher le revolver qu'elle tenait.

Ada se précipite pour récupérer son flingue mais j'écrase sa main au moment où elle croit la refermer dessus, elle hurle et je shoote dans l'arme qui va s'écraser contre le mur un peu plus loin.

J'ai arraché d'entre mes seins la bande de scotch que j'ai entortillé tandis qu'elle reprimait un sursaut et se tournait pour voir d'où venait le bruit. Mes mains sont passées au dessus de sa tête et j'ai serré le plus fort que j'ai pu, plaquant son dos contre ma poitrine. Elle a d'abord essaye de me battre pour me faire lâcher mais j'ai encaissé chaque coup, chaque griffure, chaque soubresaut. Après quelques secondes, elle a porté presque automatiquement les mains à la cordelette improvisée et a essayé de tirer pour récupérer son souffle. Mes muscles sont entrés très vite en tétanie. Son corps s'agite sous le mien. Elle convulse maintenant. Après une dernière ruade, elle s'effondre sur le sol glacé et poussiéreux. Je reste dans la même position quelques secondes puis je la relâche. Un mince filet d'air s'échappe encore de ses poumons mais elle est inconsciente.

Je rampe jusqu'au revolver qui a glissé sous une pile de cartons et je vérifie qu'il est armé. Quatre balles. Pas une de plus. Mais est-ce que j'aurai le courage de m'en servir ? Qui sait? Peut être qu'en étant assez convaincante je n'aurai pas besoin de l'utiliser justement...
Je prends une profonde inspiration avant d'ouvrir là porte et de m'elancer dans ce qui semble être une usine désaffectée. Des hommes crient. Cachée derrière une table de montage, je vois un groupe d'une dizaine d'hommes refluer dans l'usine, en courant, tandis que j'entends plus loin des salves d'armes à feu.

Bon sang mais où je suis tombée? Terrée derrière la machine, le coeur battant à tout rompre, je tremble de peur et d'anticipation. Au moment où je m'elance, un groupe armé entre en force dans cette partie du local et je n'ai que le temps de me jeter au sol pour me protéger de la nouvelle salve. Les mains cramponnées sur mes oreilles pour atténuer le bruit infernal des armes à feu déchaînées. Les déflagrations semblent ne jamais vouloir d'arrêter. J'ai l'impression que mon corps ne fait qu'un avec la surface poussiéreuse du sol cimenté. Je n'ose même pas ramper pour me cacher. De toute façon mon corps n'obéit pas. Je saurai si j'avais été touchée non? On dit que l'adrénaline inhibe la sensation de douleur... Comment expliquer autrement mon incapacité à me redresser ou à aller me cacher?
J'attends, couchée au sol, le dénouement de l'affrontement violent.

Soudain, ma fin arrive.
Deux mains robustes me saisissent sous les côtes et me tirent en arrière. Sans avoir réussi à me rebeller contre cette force inconnue qui m'emmène, je passe la lourde porte d'où ont émergé les assaillants et je suis rejetée plus loin, tombant lourdement sur le sol.

Série: Mafia. Tome 1. L'oeil de Monte scuroOù les histoires vivent. Découvrez maintenant