Chapitre 3

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Rose,

J'avais trouvé une voiture ! C'était une bonne chose de faite. Mais le souci, c'est que je ne peux pas la récupérer avant quelques jours. Je le savais, mais j'avais toujours cet espoir de jouer de mes charmes pour pouvoir posséder une voiture pendant le week-end. En rentrant à mon appartement, je m'étais dit que j'aurais dû écouter maman quand elle me disait que c'était mieux d'en voir une d'occasion sur Internet. Mais je n'aimais pas du tout le principe de mettre plus de 5 000 dollars sur une petite annonce dont je n'étais même pas sûr de l'authenticité.

C'était donc à cause de ma méfiance pour Internet que je m'étais retrouvée à appeler le taxi, un lundi matin. Le chauffeur du taxi que j'avais pris pour venir ici il y a de ça quelques jours m'avaient laissé sa carte. J'espérais égoïstement qu'il pourrait venir me chercher au pied de l'immeuble. C'était mon seul espoir pour ne pas partir à pied et arriver assez en retard pour me faire virer le premier jour.

C'était donc mon premier jour. Mon premier vrai travail. Ce serait mentir si je disais que je n'avais pas déjà une expérience professionnelle. Je travaillais souvent en France dans un petit cinéma non loin de notre appartement parisien. Il fallait savoir qu'Oscar et moi avions la chance de travailler ensemble. C'était pour payer nos études, même si la plupart de nos salaires partaient dans des week-ends sur la côte.

C'était notre bouffée d'air quotidienne. On ne se voyait pas la journée, mais on se retrouvait le soir. Et Dieu sait que cette routine va me manquer.

Il y a de ça quelques jours, j'ai reçu un mail de mon entreprise m'indiquant tous les détails pour que mon premier jour se passe le mieux. Je devais arriver pour 9 heures, monter dans l'ascenseur et atteindre l'avant-dernier étage. C'était simple et clair.

— Excusez-moi mademoiselle ?

— Oui ? Dis-je par-dessus son épaule.

— Je suis navré, mais la pluie va nous faire ralentir, notre arrivé est prévu à 8h45.

— Oh. Et vous ne pouvez pas passer par-dessus les voitures, je suppose.

— Je ne suis pas magicien, je suis vraiment désolé.

— Ce n'est pas votre faute, reconcentrez-vous sur la route pour qu'on arrive en un seul morceau.

Il se pourrait que j'eusse omis le détail de la pluie quand j'étais sortie de mon appartement ce matin. J'avais pourtant regardé la météo qui indiquait qu'il ne faisait que nuageux. Mais je suppose qu'on ne doit jamais se fier à des gens qui prédisent les actions de mère nature.

Le taxi n'avait pas pu se garer face à l'immeuble, mais quelques mètres plus loin, il avait enfin trouvé une place pour me faire descendre en sécurité. Je ne tardais pas dans les au revoir, car la pluie s'introduisait déjà dans mes chaussures. Je lui payais l'argent que je lui devais et je parcourais le chemin qui me restait pour pouvoir me mettre à l'abri.

Une fois arrivée dans le grand et majestueux hall qui me faisait face, je grognais de mécontentement. J'étais trempée. La pluie sans parapluie à New-York ce n'était vraiment pas quelque chose que je recommanderais au premier venu. Là, pour le coup, j'éprouvais une certaine rancœur pour moi-même. Si maman avait été là elle m'aurait probablement disputé d'arriver de cette façon pour mon premier jour de travail dans une grande franchise.

Je m'approchais du comptoir où travaillaient quatre jeunes femmes qui accueillaient de nombreuses personnes pour leur indiquer le chemin dans ce palace de verre. Est-ce que c'étaient des genres de robots qui n'avaient pas encore traversé l'Atlantique ? Dans mon mail, on m'avait ordonné de m'y rendre pour plus d'information. Je devais me l'avouer que toute la confiance que j'avais réussi à construire ces derniers jours s'était envolé en un rien de temps. Personne ne se doutait que j'étais la petite nouvelle du coin. Les gens allaient et venaient dans le hall, comme à leur habitude, ne prenant même pas le temps de voir que j'allais être le maillon qui allait détruire leur petite routine trop monotone. Personne ne savait qui j'étais, mais ça n'allait pas tarder. Il fallait savoir que même si j'étais nouvelle, je ne me laisserais en aucun cas marcher dessus par des salariés plus anciens que moi parce qu'au final, on est tous à la même enseigne.

NOLANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant