Chapitre 3

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- Et toi à gauche, lève le coude et écarte plus tes jambes, ordonne-je à l'elfe en face de moi.

J'écrase le bout de mon bâton au sol, qui se redresse directement, avant de le faire tourner dans ma main en quelques mouvements et frapper d'un coup vif dans la jambe de l'elfe.

Si tu n'as pas de bonne appuie, il ne faudra qu'un simple coup à ton ennemi pour te mettre au sol et t'achever, lâche-je durement alors qu'il flanche et met à genou à terre à cause de mon geste. Allez relève-toi.

- D'accord Général.

J'avance lentement, en vérifiant chaque mouvement de mes novices. Tous étaient à bout de souffle et épuisés, mais aucun ne se plaignait. J'étais pas connue pour ma tendresse, en réalité j'étais sûrement le plus stricte de tous les entraîneurs du campement, mais chaque soldats avaient accepté de subir mes traitements, même les plus dures qu'ils soient, car même si j'étais la pire, celle qui avaient les meilleurs résultats au niveau de l'évaluation de fin de formation, c'était moi. La totalité de mes novices réussissait le passage d'entrée à l'armée et devenait d'excellents soldats.

J'ai moi-même dû passer par là, et ça a sûrement été la pire épreuve à supporter pour m'insérer dans cette nouvelle identité. Vu que je devais venir des camps, il était inimaginable que j'ai pu apprendre à combattre. Alors j'ai dû faire semblant, et ça, c'était bien plus difficile de ne pas mentir.

J'ai pendant plusieurs mois, accepté de me faire bousculer, mal tenir mon arme, et même de me faire insulter. Mais sachant que je ne supporterais pas de perdre un combat face à quelqu'un, je me suis toujours isolée et je n'ai jamais demandé à faire de match à l'amiable. J'ai réussi à berner tout le monde, sauf une personne.

Repos soldat !

Je ne tourne pas ma tête, alors que j'entends les soupirs de soulagement de mes novices, qui pour certains s'écroulent au sol et d'autres courent vers leur bouteille d'eau. Le bâton toujours en main, je le propulse en direction de leur sauveur.

Le geste est sec et brutal, suivi d'un regard glacial de ma part, alors que la trajectoire de mon bâton s'est arrêtée à deux millimètres de son visage. Il n'a pas cillé.

Ce sont mes hommes ! Redonne leur encore une seule fois un ordre, outrepasse ton autorité encore une seule fois, siffle-je en le menaçant toujours, yeux dans les yeux, le bras toujours tendu. Et je ferais en sorte que ce soit la dernière fois que tu l'oses.

A part le déglutissement bruyant des jeunes à côté de nous, un silence de mort règne sur le terrain. Ce n'était plus un secret pour personne qu'on se détestait. Sûrement le seul ennemi que j'ai à Lyria. Igor Winterban. Fils d'une sénatrice et du Général Winterban qui était l'ancien Général en chef le plus respecté de peuple Lyrien, moi inclus.

Igor était l'un des meilleurs soldat de notre génération. Un prodige des armes. L'homme qui n'a jamais mis un genou à terre, qui n'a jamais perdu un combat, à part un seul. Un unique combat qui est toujours gravé dans l'enceinte du campement, mais qui est aussi toujours gravé dans la tête de tous les habitants de Lyria encore aujourd'hui.

Notre combat.

Toujours d'aussi bonne humeur, Général Massello, dit en souriant Lémuel Winterban, son père.

Appuyé sur le rebord de la clôture, il s'avance vers nous mais je n'y prête pas attention, toujours hésitante à frapper Igor. Autant en terminer une bonne fois pour toute avec lui.

Je ne pense pas que ça vous aurait plus qu'on surpasse votre autorité, je me trompe Général en chef Winterban ?

- Absolument.

Même si c'était la fin du mondeWhere stories live. Discover now