4. Retrouvailles

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Ana

Après presque une heure d'attente, le jet décolle enfin.

Je me tortille dans mon siège en tentant de trouver une position confortable mais il n'y a rien à faire. J'ai mal partout  et mes jambes sont pleines de courbatures. Qu'est ce que je fais là déjà ?

Tout ce dont je rêve en ce moment, c'est d'une douche chaude pour apaiser mes crampes, d'une gélule pour faire passer mon mal de tête et d'un pique-nique sur la plage avec ma meilleure amie pour fêter mon anniversaire. Surtout pas d'un jet près à décoller pour Cancún. Comment est-ce que j'ai pu me retrouver dans cet avion en direction d'une des plus grosses boîtes de nuit du Mexique...

Mes mains massant doucement mes tempes, je soupire en fermant les yeux, épuisée, et essaye de détendre mes mollets. Ma robe est si serrée que j'ai l'impression de frôler l'asphyxie à chaque seconde. Je sens que cette soirée va être très longue...

Elio

- Son jet est parti il y a presque quatre heures Jefe. Il devrait atterrir d'ici quelques minutes.

Je hoche la tête en réfléchissant.

- Fernando, Pablo, Diego et Mateo, restez ici avec moi. Les autres dans la deuxième voiture !

Je m'assois dans mon fauteuil et allume une cigarette en triant quelques papiers qui traînent sur mon bureau. La nicotine réussit à apaiser un peu mes nerfs mais elle ne parvient pas à me calmer totalement comme elle le fait habituellement. Depuis hier soir, j'ai l'impression qu'il y a  quelque chose de logé dans ma tête qui ressemble beaucoup à une bombe à retardement et qui met mes nerfs à rude épreuve. J'inspire un grand coup et lève les yeux en sentant Pablo se rapprocher de mon bureau.

- Elio ?

Je pose sur lui un regard inquisiteur et il continue en prenant un air rassurant :

- Arrête de t'inquiéter pour rien, ça va bien se passer.

- Je sais, je souffle.

- Maman s'inquiète et elle a raison, tu devrais l'appeler.

- Demain... je n'ai pas le temps pour le moment.

- Respire un grand coup et arrête de te prendre la tête pour rien Elio, tout va bien se passer.

- Ça ira mieux quand elle sera là, je murmure en me levant.

Je sors dans la cour, suivi de mes hommes et nous nous engouffrons rapidement dans la voiture. La clé dans la serrure, je démarre le moteur avant même qu'ils ne soient tous attachés et le pied enfoncé sur l'accélérateur, je zigzague entre les voitures qui roulent dans le centre de Cancún.

Guiri de mierda. Ils regardent chaque petit bâtiment comme si c'était la huitième merveille du monde. Je vais t'envoyer dans ta tombe, tu me diras si c'est aussi beau que le centre de Cancún cabrón.

J'appuie la paume de ma main à trois reprises sur le klaxon et l'un d'entre eux se retourne en m'offrant son putain de majeur à la con. Pendejo. Si j'avais le temps, je t'aurais descendu et je t'aurais fait bouffer tes doigts de merde un par un.

J'enfonce ma main sur le klaxon une fois de plus comme si cela pouvait suffire à déboucher le trafic. C'est ma dernière chance et je n'ai pas de temps à perdre. Si les hommes de Carlos arrivent avant nous, je n'aurai plus jamais la possibilité de la trouver. Du moins, sûrement pas entière.

Et j'ai besoin d'elle. Enfin non. Disons plutôt que sa présence me faciliterait grandement la tâche.

Je grimace en pensant à tous ces mois de recherches qui vont se jouer ce soir. Je n'ai pas le droit à l'erreur, surtout pas quand il s'agit de lui.

Broken promisesWhere stories live. Discover now