Chapitre 1

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Les rues de Londres étaient désertes, une pluie battante déferlait sur les bâtiments de briques rouges. Un homme cependant, se retrouvait à affronter les intempéries, se pressant du mieux qu'il pouvait pour regagner son appartement au plus vite.

Alors que le jour tombait et que les lumières des foyers s'allumaient, il prit quand même le temps dans sa course d'observer les vas et viens de chacun dans leur petit train-train quotidien. Il aimait voir ces familles se réunir autour du feu de la cheminée, leurs visages rayonnants éclairés par la lueur dorée de l'âtre. Il pouvait ressentir l'amour se dégager de ces scènes qu'il appréciait tant observer. Cela lui rechauffait le cœur et son être un court instant, avant que les misères de sa réalité ne se rabattent sur lui.

En effet, sa famille, il l'avait perdue, il n'avait jamais eu l'occasion de former avec elle ce lien sacré que seul quelques uns parviennent à obtenir. Le temps n'avait fait que les séparer et les éloigner d'avantage, réduisant à jamais en poussière l'image de ce qu'il aurait pu un jour appeller une famille. Désormais, il ne rendait que quelques visites occasionnelles à sa sœur aînée; visites qui se trouvaient d'ailleurs de plus en plus courtes et de plus en plus froides à chaque fois. Il ne s'agissait maintenant plus que d'une obligation à laquelle il se pliait, non pas part affection, mais par principe. Il ne désirait pas avoir mauvaise conscience le jour où quelqu'un la retrouverait morte dans un fleuve après une de ses nombreuses consommations d'alcool excessives. Il pouvait au moins dire, grâce à ces désagréables visites, qu'il prenait quand même soin d'elle, et qu'il prenait sur lui en faisant des efforts pour la sortir de son addiction. Car oui il avait déjà tenté de l'inscrire à certains programmes il y a de ça quelques années, mais sans grands succès...

Ainsi, notre homme se retrouvait perdu dans ses rêveries au milieu des rues londoniennes inondées. Quand il s'aperçut qu'il avait stoppé sa course, et que cela faisait au moins deux bonnes minutes qu'il observait la même fenêtre, et que les habitants derrière cette dernière commençait à lui jeter des regards plutôt suspicieux, il se décida à repartir, reprenant son trajet.

Il arriva bientôt à destination, un petit appartement au 221B Baker Street. Appartement qu'il partageait d'ailleurs avec son colocataire, Sherlock Holmes, un homme qu'il avait autrefois trouvé à la limite du lunatique, mais qui aujourd'hui représentait sa seule source de réconfort.

Il grogna à cette idée, Sherlock avait beau être un ami cher, il restait quand même à son point de vue un être dénué de toute affection et empathie.

Alors qu'il faisait son chemin par la porte d'entrée et par les escaliers menant à leur appartement, la voix de son ami interrompit le cours de ses pensées.

"John!" appela Sherlock d'une voix rauque. Il avait sûrement passé la journée à rester muet comme une tombe, plongé dans ses expériences. "John, est-ce que tu pourrais te dépêcher !"

Le ton était pressant, et au vue de l'occupation qu'il exerçait, notre homme -ou plutôt John-, s'attendait toujours au pire.

Il pressa la poignée et s'engouffra à l'intérieur, "Sherlock ? Qu'est-ce qu'il ce pass-" il fut stoppé net par la scène à laquelle il assistait.

Un homme, à la taille moyenne et la tenue simple et usée par le temps, gisait au milieu du salon, un adhésif sur la bouche et les mains menottées dans son dos. Son visage arborait un air féroce, et ses yeux de fouine dégoulinaient de haine pour l'homme qui l'avait fait prisonnier.

"Sherlock ! Qu'est-ce que cet homme fait chez nous ?!" S'exclama John une fois son état de stuppeur passé.

"La bonne question serait d'abord qui est cet homme, John", répondit-il calmement en se levant de sa place, agenouillé auprès de l'inconnu.

"Q-Quoi ?? Très bien alors qui est-il et que fait-il au milieu de notre salon !?" reprit-il au comble de la frustration.

"Cet homme est l'élément clé de l'enquête sur laquelle je travaille en ce moment", il s'arrêta un moment pour regarder John,"et qui, je le crains, ne mérite pas ton attention pour ton blog. Elle a été d'un ennui mortel! Ça ne m'a à peine distrait de mon manque permanent de nicotine", fini-t-il en se laissant tomber dans son fauteuil.

"D'accord, et quand est-ce que ton nouvel ami nous fera le plaisir de prendre congé ?" repliqua-t-il de son meilleur ton sarcastique.

Sherlock toisa son ami, visiblement irrité, d'un œil inquisiteur.

"Lestrade devrait arriver d'un moment à l'autre. S'il ne se perd pas en chemin bien évidemment."

Jonh laissa échapper un long soupir, s'avachit dans le canapé, et porta ses mains à son visage. Il était épuisé, ses journées à l'hôpital pouvaient être longues, mais sa fatigue venait essentiellement du fait de son échec cuisant sur le plan familial, qui lui pesait chaque jour un peu plus.

"John, tu devrais aller dormir si tu es aussi fatigué, je te promets de gérer les détails de cette affaire rapidement." reprit Sherlock en se levant de son siège et en allant inspecter la rue de la fenêtre.

"Très bien", il se leva et s'étira, "Bonne nuit Sherlock." dit-il en s'éloignant.

Un faible "Mmmh" lui parvint avant qu'il ne s'enferme dans sa chambre pour la nuit.

Il enleva alors ses vêtements rapidement et les jeta dans un coin de la pièce, il se dit qu'il les ramasserait le lendemain, quand il serait de meilleure humeur. Il s'allongea dans son lit et essaya de se détendre.

Malheureusement, le sommeil s'obstina à lui échapper, et notre pauvre docteur se retrouva encore une fois seul avec ses pensées.

Chose qui lui arrivait de plus en plus fréquemment.

Il était mélancolique, et bien qu'il ne se l'avouait pas entièrement, il se languissait de quelque contact qui soit. Quand Sherlock était en manque de ses stupides cigarettes, John, lui, se désespérait pour quelques caresses d'une personne de laquelle il serait épris.

Il lui manquait de n'avoir personne qui l'embrasserait chaque matin avant le travail, et à qui il pourrait se confier entièrement, dans les moindres détails. Il recherchait cette fameuse intimité dont tant de couples jouissaient, et qu'il n'avait pas connu depuis bien trop longtemps.

Et c'est ainsi que, le cœur amer, John sombra dans les abysses de son subconscient, qui le taquinaient chaque nuit de rêves impossibles. Ou presque.

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