Chapitre 12 : Le plan de Samantha

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La grande horloge sonna midi. Les sons graves qu'elle produisit m'obstruèrent les tympans, j'avais l'impression que je n'étais plus là, que je m'étais enfuis loin, très loin de cette école de fous alliés. Je ne comprenais plus rien au sens désolant de ma vie depuis que j'étais arrivée ici, toutes les étapes de ma scolarité s'étaient déroulées de façon étranges et terrorisantes : premièrement il fallait vous rappeler que j'étais seule, isolée, perdue au milieu de la mer du Nord, sans connaissance, dans une école dont je n'avais jamais entendu parler auparavant, et qu'en plus de cela, Sacha, la meilleure amie que je m'étais faite jusqu'à présent m'avait apprit que j'allais mourir, comme beaucoup d'autres élèves avant moi. Tout cela à cause d'une inscription, minuscule gravée sur le bois d'une porte vieille de plusieurs siècles, tout cela à cause d'une légende nourrit depuis des génération par les élèves de Blossomwood.

J'avais eu deux choix qui s'étaient offerts à moi : le premier avait été d'accepter de croire ce que mon amie m'avait raconté et donc d'accepter par conséquent mon destin, puis le deuxième avait été de refuser. Malheureusement, c'était ma peur qui avait choisi à ma place et je ne savais pas si il s'agissait du bon choix, mais il fallait que je parte d'ici le plus rapidement possible...

J'avais laissé John et Sacha se rendre seuls au réfectoire, leur affirmant que je n'avait guerre d'appétit après ce qu'ils m'avaient promptement révélé, comme vous pouviez l'imaginer, ma justification cachait bien entendu une part de vérité. seulement, j'avais aussi décidé de me consacrer ces quelques instants de liberté, seule dans mon alcôves, afin de réfléchir aux décisions que j'allai prendre. Plus je me repassais en boucle les précédents évènements, plus j'avais l'absurde impression de plonger droit dans la folie. J'avais conscience du ridicule de ma réaction, ainsi que celui de mes actes à venir. Qu'allai-je faire ? Fallait-il que je parte maintenant ? Où irai-je ensuite ? Comment faire pour m'enfuir d'une île isolée du reste de l'Angleterre ?

En cet instant, Birmingham ne m'avait jamais autant manqué. Je voulais revoir ma maison, ma mère, ma famille au complet, je ne voulais pas mourir ici, dans cette école lugubre avec tous ces profs sévères, pas ici dans ces sombres couloirs, ni dans les somptueux champs de fleurs, ces tapis de couleurs créés pour attiser la curiosité et l'admiration de ces élèves naïfs. Non tout cela me dépassait, je voulais rentrer, je voulais revoir ma chambre, m'allonger dans mon lit, rêver à un avenir sans voir constamment la mort au bout du chemin, sans voir l'œil noircit de Mélissande Brook à travers les nuages assombris par l'orage inquiétant. J'avais mal à la tête, mal partout et une larme naquît involontairement au creux de mon œil, roula doucement et innocemment sur mes joues puis termina sa courte vie sur mes lèvres qui s'enflammèrent à ce contact salé.

Pourquoi avais-je décidé de croire à cette histoire, à cette légende absurde ? Pourquoi tout cela me réduisait donc à un tel état de choque ? J'avais vraiment envie d'en parler à quelqu'un, et à cette pensée, je me mis à fouiller mon sac à dos à la recherche de mon téléphone portable que j'allumai de mes mains tremblantes et maladroites. Il fallait que je me calme, que je respire doucement, que je ne pense à rien d'autres qu'à la voix de ma mère qui allait résonner dans le cellulaire d'une seconde à l'autre. Je fermais les yeux, secoué encore de petits soubresauts à chacune de mes inspirations. Je vis mon reflet dans le miroir au dessus de la commode en bois de cerisier. J'avais l'air d'une adolescente de 17 ans, terrorisée, les joues rosies par le chagrins, mélangées à la couleur obscure de mon mascara qui avait coulé, j'avais mon téléphone dans une mains, porté à mon oreille et je voyais nettement cette dernière trembler à travers mon reflet.

Cette journée là, je portais mon pull beige que mon père m'avait offert à un Noël, il y avait déjà deux ans de ça. Le temps passait à une vitesse démesuré, et moi j'étais là, assise par terre au milieu d'une chambre, dans un dortoir situé dans un sinistre couloir de pierre, situé lui-même dans un château de nom de Blossomwood, sur cette maudite île. Mais enfin qu'étais-je venue faire ici ? Cela ne faisait même pas une semaine que je m'y trouvais et pourtant je ne m'y sentais plus du tout en sécurité...

BlossomwoodWhere stories live. Discover now