et si les fleurs ne fanaient pas ?

ii. émoi

les nuques des gens
leurs nuques chaudes
leurs nuques nues
leurs nuques d’enfant
leurs nuques à l’aube
leurs nuques nues

j’aime les nuques des gens
leur cheveux fous qui empiètent sur cette peau
cette peau d’argent
qui, d’ores et déjà abritent mes mots

les doigts des gens
leurs doigts fins
leurs doigts graciles
leurs doigts au vent
leurs doigts défunts
leurs doigts dociles

j'aime les doigts des gens
leurs bagues qui les dévorent et
froissent cette peau lisse et couleur argent
j'aime les doigts qui caressent cet air encore,
enflamment tout le décor, chaque corps

j'aime une femme
qui ne s'aime pas
une femme flamme
qui se hait déjà

j'aime sa nuque
j'aime ses doigts
quelques fois j'aime sa solitude
jamais je n'aime ses je-ne-sais-pas

j'aime une femme
comme je n'ai jamais pu aimer un homme
parce que les hommes ont des armes
pour éteindre le métronome

j'aime une femme
une artiste
qui se plaît à être triste
et n'aime plus être appelé.e madame

j'aime une personne
dont les soupirs résonnent
sur tous les murs du désir
dans tous les détours du plaisir 

(demain auras-tu encore de l'émoi pour moi?
me désireras-tu encore une fois?)