Les Racines du Saule ~HS. Le Lichen~

Chapitre 21

Le soleil était à son zénith lorsque Nuage de Lichen arriva au lieu du rendez-vous.

Elle était arrivée la première, ce qui ne l'étonna qu'à moitié.
Transporter un chaton à travers tout un territoire devait être plutôt encombrant.
L'apprentie s'était éclipsée après la patrouille de l'aube, en mentant à Nuage Roux qui lui avait demandé où elle allait.

« Chasser un peu seule ! »

Mais bien sûr.

La première chose qui trahit la présence de Souffle d'Avalanche fut son odeur, accompagnée de celle plus douce d'un chaton. Peu de temps après avoir sentit son parfum, le pelage blanc et la patte grise de la lieutenante ondoyante apparurent derrière les herbes de la prairie. Son visage à l'œil unique était sévère et calme.
La guerrière posa une petite boule de poil dorée à ses pieds.

La couleur du pelage du chaton tirait légèrement vers le brun, et ses yeux étaient toujours fermés.

— Salutation, Souffle d'Avalanche, fit Nuage de Lichen.

— Salutation, lui répondit l'autre.

Contrairement à d'habitude, la lieutenante n'avait pas cette posture féroce et impartiale, qu'elle avait échangée contre une attitude plus pacifique. Cela lui donnait un air plus agréable, voir même sympathique.
Elle semblait épuisée -sûrement par la mise à bas-, mais elle gardait pourtant un air assuré.

— Je te remercie de prendre soin de ma fille, déclara la blanche.

Nuage de Lichen eut envie de rétorquer qu'elle y était obligée, mais elle préféra de ne pas être agressive et faire les choses rapidement.

— Je te rends un service comme ta sœur m'en rend un. Et puis, ajouta-t-elle, ce n'est qu'un chaton.

Souffle d'Avalanche essayait peut-être de le cacher, mais son visage se décomposa lorsque l'apprentie tournoyante s'approcha de l'enfant pour la ramener contre elle.

— Fais en sorte qu'elle soit heureuse, s'il te plaît, miaula la mère d'une voix tremblante.

— Bien sûr.

Nuage de Lichen prit la petite par la peau du coup, qui, comprenant qu'elle était en train de s'éloigner de la présence rassurante de sa mère, se mit à couiner.

— Attends !, l'arrêta une nouvelle fois Souffle d'Avalanche.

Elle avait les larmes aux yeux.

— S'il te plaît, supplia-t-elle, j'aurais voulu qu'elle s'appelle Petit Rayon, en rapport aux rayons du soleil. Est-ce que tu pourras essayer de...?

— Oui, je pourrai, la coupa la novice. Mais maintenant, je dois partir, et tu devrais en faire de même. Ce n'est plus ta fille, c'est un chaton d'un autre clan.

Le regard de la lieutenante ondoyante s'assombrit, et avec l'habituelle autorité qu'elle avait perdu pour le temps des adieux avec sa fille, elle grinça.

— Ne me parle pas ainsi, je prends le temps que je veux pour dire au revoir à mon enfant.

Nuage de Lichen reprit la petite par la peau du coup, se retourna, et disparut à travers le pré.

« Mais bien sûr... »

C'était bon.
Elle avait accompli ce que Cheval Galopant lui avait demandé. À présent, son secret était en sécurité.

Et l'enfant de Souffle d'Avalanche aussi.

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