Chapitre 9

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Le goût de la nourriture envahi mes papilles me faisant oublié quelques instants les pensées qui se bousculent dans ma tête. À côté de moi, la femme discute avec les trois jeunes hommes. Mes yeux passent de sa chevelure blonde , à son regard bleue claire qui embellit davantage son visage. Avec un air familier qui me met à l'aise à ses côtés.

Autour de la table, la discussion est complètement différente d'avant son arrivée. Le blond aborde même une expression douce et attentive face aux paroles de la femme . Une expression loin de celle que je lui connais, sérieuse, voir sévère.

Sentant un regard insistant, je relève la tête et tombe sur des yeux ambres . Le châtain me foudroie du regard faisant augmenter mon sentiment de malaise. Je baisse la tête avant de poser mes couverts. Depuis notre rencontre il n'est pas difficile de deviner l'animosité qu'il a à mon égard.

- Tu ne mange plus mon petit ?

Je porte mon attention sur la seule femme présente. Elle m'observe, attendant ma réaction. Je secoue la tête dans une réponse négative.

- Tu n'aime pas le plat, tu veux autre chose ?

- Non, non ce n'est pas ça. Je n'ai juste pas d'appétit ce soir mais c'est très délicieux. Vraiment.

Après plusieurs demandes et refus de ma part, elle se résout enfin à ne pas préparer autre chose pour moi. Elle a même suggéré de commander si besoin. Mais honnêtement depuis les événements précédents, l'appétit à déserter.

Les discussions reprennent me permettant de souffler un peu. J'évite le plus possible d'y participer.

À l'heure de dormir, je reste les yeux ouverts sur le lit, incapable de trouver le sommeil . Plusieurs nuits d'insomnie qui commencent à me donner des maux de tête. Pourtant malgré mon corps épuisé, la peur m'enlève tout envie de fermer les yeux.

Je quitte finalement le lit enveloppé dans la couverture. Repliant les orteils en réponse à la froideur du sol. Je suis le seul chemin que je connais de la maison et arrive au salon. L'espace est faiblement éclairé par la lumière de l'extérieur filtrée par les volets. Je m'habitue rapidement à l'éclairage me permettant d'apercevoir la silhouette allongée sur le canapé.

En arrivant près de la personne je m'accroupis pour être à sa hauteur. Les yeux fermés, ainsi le blond ressemble a un ange à qui on donnerait le monde. Avec crainte, j'approche doucement ma main de son visage. Je laisse le bout de mes doigts survoler la peau de sa joue. Pourtant je sursaute lorsque en une fraction de seconde mon poignet subit une pression. Mon cœur bat à un rythme affolant tandis que je rencontre les yeux du jeune homme. Il me fixe avec insistance, sans émettre aucun mouvement.

On se fixe sans détourner le regard de l'autre. J'ai l'impression d'être analyser et la peur d'être blessé me fait paniquer. Essayant de récupérer mon poignet, je lui intime avec ma main libre de lâcher prise, en vain. Avec lenteur il fait glisser ses doigts jusqu'à les entremêler aux miens. Bien que nous soyons dans une quasi obscurité, je constate sans mal la différence de taille entre nos mains.

Le blond se penche vers moi, sa bouche se retrouvant au niveau de mon oreille.

- Tu m'approche enfin.

Son souffle réchauffe ma peau et je ferme les yeux.

Presque trois jours que je m'étais muré dans le silence. Préférant rester loin de tout le monde après la révélation qu'il m'a fait. Je me sentais mal à l'aise et imaginer sans pouvoir m'en empêcher, le jeune homme entrain de torturé des innocents. Une image qui se refusait de quitter mon esprit.

Néanmoins, ma forteresse s'est écroulée en me rendant compte qu'il restait chaque nuit avec moi après mes réveils sous le coup de l'effroi. Chaque matin je constatais sa présence sur le canapé de la chambre , après m'avoir rassuré et promis de veiller sur moi et de ne laisser personne venir me faire de mal durant mon sommeil.

Quelle ennemie passerait des nuits blanches pour votre sécurité?

On reste ainsi, dans l'obscurité, le silence qui nous englobe me donne l'impression d'être dans une bulle impénétrable. Je me sens en sécurité mais également en danger en sa présence. Comment une telle ambivalence peut m'habiter? J'ai l'impression de n'être qu'un indécis impossible de comprendre ses propres sentiments. Et surtout des pensées pleins la tête.

Seulement en voyant l'arme posée à côté de sa jambe, je me relève aussi vite que possible avant d'aller m'enfermer dans la chambre. Putain qui a l'idée de dormir avec une arme à feu faisant office de doudou? En m'avançant vers le lit je me rend compte que mes jambes tremblent et me lâchent dès que j'atteins mon objectif. Je me mets sous la couette après avoir allumé la lumière. Hors de question de dormir dans le noir. Je ferme les yeux pour dormir même si je n'avouerais sûrement à personne que la vibration de mon téléphone à ce moment là m'a filé la pétoche. Personne n'a à le savoir.

La main sur la poignée de la porte, je pousse un cris lorsque je suis tiré en arrière. Je geins sous la douleur qui irradie ma tête. Allongé sur le sol, ma vision se retrouve flouée durant quelques secondes avant que les voix autour ne commencent à me parvenir.

- Je te l'avais pourtant dit non! Il a allait s'enfuir et qui sait quel salopard est son patron!

Des bras me relèvent pour me tenir contre un torse. La chaleur du corps contre moi m'indique au moins ne pas avoir perdu connaissance. Des mains m'enveloppent le visage pour le relevé vers le haut. D'abord une lumière aveuglante puis j'aperçois un visage sévère.

- Lenny.

La voix dépourvût de colère me calme un minimum.

- Allais-tu partir?

J'observe le blond qui ne me lâche pas du regard. Ses yeux me sondent à un point que je décide de fermer les miennes pour y échapper.

- Oui.

Quelle expression fait il à présent? Est-il en colère, déçu?

- Lenny, regarde moi.

Je m'efforce de m'exécuter. Cette fois le ton de sa voix me fait déglutir. Involontairement, mon cœur se met à battre plus vite.

- Je t'interdit de détourner les yeux. Je ne vais te laisser qu'une seule et unique chance de me dire la vérité. Tu m'as compris?

Je hoche la tête. Le jeune homme me rapproche davantage de lui. La douleur sur ma tête me vrille les oreilles pourtant il m'est impossible de ne pas entendre sa voix. Son souffle survole ma peau par notre proximité. Je m'accroche à son teeshirt en sentant ma force défaillir.

- Dois-je me préparer à te punir?

Me punir. Je sais pertinemment que ce mot d'apparence anodin cache des lourds actions. Je resserre ma prise.

-Non.

- Bien.

Avec une délicatesse effrayante pour mon cœur, le jeune homme dépose un baisé volatile sur ma tempe. Son bras passe derrière mon dos et mon torse se retrouve coller au sien. Je devine son autre main qui se saisi de mon téléphone dans ma poche. Dans mon champs de vision je perçois son bras qui tend l'objet à l'homme aux dreadlocks. J'observe la scène sans opposition.

Je tiens à ma vie.

- Quoi c'est tout? Tu ne vas pas...

- Keyff !

La voix claque dans l'aire et le silence revient sans préavis. Je me laisse porter par Easton qui se relève. Comprenant que j'ai répondu à ses questions, je me permets de fermer les yeux. Malgré tout la peur de me réveillé attaché dans un lieu sombre me maintenant éveillé.

Et dire que je voulais seulement aidé un chat errant. Me voilà dans une situation qui m'échappe et complètement incompréhensible.

MÉTAMORPHOSE [B×B] Easton Et Lenny. #Amour nocturne Where stories live. Discover now