Et c'est alors que plusieurs de mes pensées s'évaporent dans la chaleur d'été, certains démons enfin brûlés, celui qui revenait parfois hanter mes rêves et mes journées les plus vulnérables s'est finalement apaisé.
L'indifférence est reine, je ne crois pas pouvoir dire que mon amertume s'est envolé, certes, mais je pourrais affirmer qu'une averse de sérénité tente d'irriguer le champ enflammé où est piégée, captive du chaos, la maison enchantée que j'incarne.
L'épopée des rois n'est alors plus qu'un nébuleux souvenir, une période trouble, des vagues glacées qui ont enfin frôlés les berges ensoleillées du Saint-Laurent.
L'orage n'est plus que fine pluie, doux parfum après l'averse.
Déliés de la peine, j'ai fais quelques erreurs, j'ai brisé un coeur, retour du balancier, je suis encore désolée.
Les morceaux les plus douloureux chantonnent à travers la pièce à nouveau, mais sans la peine cette fois-ci.
Ça m'avait tellement manquer de marcher dans Villeray sans y être tracassée.
Seule, sans personne pour m'ombrager, cueillir des fleurs dans les arbres et les mettre dans mes cheveux, des petites choses simples et pourtant anodines qui me permettent de me sentir en vie, achever la nuit en écoutant du Beach House dans ton lit.
La collectrice d'insectes qui résonnent dans ma tête, un coucher de soleil devant mes yeux, le ciel est rosée, je m'éprend enfin de moi-même et laisse tomber les souvenirs que je peine à rassembler, ma mémoire encore un brin abîmée. Tout se bouscule autour de moi et je reste plantée là à admirer la beauté que je n'arrivais plus à contempler.
Tout semble si catastrophique, si poétique, je nage tendrement dans cet environnement frénétique.
Nous sommes les plantes, celles qui brillent
au crépuscule, la photosynthèse nous
sauves d'une mort certaine et on se fane
doucement dans le temps.
