Chapitre 8

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PDV OLIVIER

Gwen est partie se coucher dès la fin du repas. Elle a une histoire assez triste, vivre sans avoir de père, sans rien connaître de lui. J'ai du mal à croire qu'elle ne s'est jamais posée de questions sur son existence.

Ses yeux vairons affichent, lorsqu'elle se perd dans ses pensées, une sorte de tristesse ou de crainte. Elle semble constamment surprise d'être incluse dans nos conversations, nos blagues.

Moi : Didier !

Je rejoins mon sélectionneur qui s'apprêtait à rentrer dans son bureau.

Didier : Je peux t'aider Olivier ?
Moi : Peut être oui.

Il me fait entrer à l'intérieur en prenant soin de fermer la porte. La confidentialité est quelque chose auquel tient beaucoup Didier, et j'avoue que j'apprécie beaucoup cette valeur.

Didier : Dis moi.
Moi : Je... J'ai vraiment besoin que ce qu'on va se dire reste entre vous et moi.
Didier : Tu me fais peur Olivier.
Moi : C'est important Didier.
Didier : Je te le promets.

Je sais que j'ai promis à Gwen de ne rien dire mais s'il y a bien une personne extérieure à tout ça qui peut nous éclairer c'est Didier. Il connaît Guillaume depuis des années, après pratiquement 20 ans de service auprès de l'équipe, des confidences se font et des secrets finissent par être avoués.

Moi : Guillaume... Qu'est ce que vous savez de lui ?
Didier : Qu'est ce que je sais de lui ?
Moi : Quand est ce que vous l'avez rencontré ? Répondez s'il vous plaît, ne posez pas de questions.
Didier : Olivier je
Moi : S'il vous plaît.
Didier : On se connaissait avant l'équipe de France. Ma mère s'occupait de lui quand ses parents étaient absents.
Moi : Et ensuite ?
Didier : Olivier qu'est ce qu'il se passe ? Pourquoi tu veux savoir tout ça ?
Moi : Didier c'est important, je vous promets que ce n'est pas mal intentionné.

Le champion du monde me fixe un long moment, d'un air pensif et songeur.

Didier : C'était un garçon très discret, passionné par la photo et la vidéo. Je me souviendrai toujours de l'année où il a vu cette fille. Elle était plus âgée que lui, et elle était ma voisine le temps de quelques mois. Elle s'occupait d'un couple de personnes âgées. Des qu'il l'a vue, il en est tombé follement amoureux. Alors de loin, il la prenait en photo, jusqu'au jour où elle est venue le voir pour lui dire qu'il n'était pas très discret. Elle a fini par tomber amoureuse, ça a duré quelques mois jusqu'à ce qu'elle parte faire ses études.
Moi : Merci Didier !
Didier : Tu ne vas pas t'en sortir comme ça jeune homme !

A quoi je m'attendais ? Évidemment que Didier allait chercher à comprendre.

Moi : Ne posez pas de questions Didier. Je vous raconterai tout, c'est promis.

Didier soupire avant de me demander de sortir pour ne pas me harceler de questions. Je réponds à sa demande puis attrape mon téléphone.

A Gwen : Tu dors ?

De Gwen : Non pas encore, pourquoi ?

Après avoir pris l'ascenseur et m'être dirigé devant sa porte de chambre, je toque à celle ci qui s'ouvre sur le visage fatigué de la jolie photographe.

Gwen : Olivier ?

Elle est magnifique, ses cheveux descendent en cascade sur son épaule droite, elle même découverte de son tee shirt beaucoup trop grand qui est suspendu à son autre épaule.

Je me reprends rapidement et entre dans sa chambre après qu'elle se soit décalée. Elle part s'asseoir au milieu des oreillers tandis que j'opte pour la chaise à côté du lit.

Gwen : Qu'est ce qu'il se passe ?
Moi : Tu me promets de ne pas t'énerver ?
Gwen : Olivier ?
Moi : Je suis allé voir Didier.
Gwen : Quoi ?
Moi : Je n'ai rien raconté sur toi. Je lui ai demandé des trucs sur Guillaume.
Gwen : T'as fait quoi ?
Moi : Je sais que ce n'était pas prévu, que j'aurais du t'en parler avant mais je l'ai vu et je l'ai appelé comme ça.
Gwen : Et qu'est ce qu'il t'a dit ?

J'attrape sa main, d'un geste machinal et familier. Comme pour me rassurer ou me donner du courage, mon pouce commence à tracer de légère ronds sur sa peau douce et chaude. Finalement, après avoir croisé une nouvelle fois ses yeux vairons, je finis par révéler ma discussion avec Didier. Ses doigts se resserrent sur ma main au fur et à mesure des explications. Son visage concentré montre qu'elle comprend la portée de mes paroles. Guillaume est son père, ça ne fait aucun doute après ma discussion avec Didier.

Ses yeux brillent, à la fois débordant de larmes mais heureuse d'apprendre l'existence de son père.

Gwen : Alors j'ai vraiment un père ?
Moi : Tu devrais appeler ta mère, avant d'aller voir Guillaume.
Gwen : Mais pourquoi m'a-t-elle rien dit ! Je ne comprends pas, j'ai rêvé à de nombreuses reprises pendant mon adolescence de voir mon père rentré à la maison en disant : je suis la. Je lui ai dit ! Mon adolescence était une période compliquée pour moi, tout le monde se moquait de moi parce que je n'avais pas de père. Elle le savait, je lui avais dit ! Elle ne m'a jamais rien dit, elle m'a laissée vivre dans l'ignorance ! J'adore Stephane, il est vraiment précieux pour moi mais qu'est ce que ça lui coûtait ?
Moi : Gwen...
Gwen : Non ! J'en ai marre de vivre dans le mensonge, elle m'a menti toute ma vie !

Elle continue de pester contre sa mère tout en effectuant les cent pas dans ma chambre. Elle semble hors d'elle, passant ses mains sans arrêt dans ses cheveux.

Moi : Gwen !
Gwen : Elle aurait pu me le dire en apprenant mon poste ici ! Me dire "Ah au fait tu as un père et tu vas le rencontrer. Vous avez la même passion." ou j'en sais rien !

Des larmes dévalent ses joues rouges tandis qu'elles continuent de tourner dans la pièce. Alors qu'elle passe à nouveau devant moi, je l'attrape par le poignet pour l'arrêter devant moi.

Gwen : Olivier je

Elle s'arrête avant de fondre en larmes, cachant son visage dans ses mains. Les miennes viennent les attraper pour les retirer, puis se posent sur ses joues pour pouvoir croiser son regard blessé et triste.

Moi : Ça va aller d'accord ? Viens la...

Mes bras passent autour d'elle afin de la serrer contre mon torse. La photographe se blottit dans mon étreinte, et finit par se laisser aller en pleurant toutes ses années de questionnements, de souffrance et de secret.

Elle n'a jamais manqué d'amour et d'attention mais l'absence de son père laisse forcément un trou, que ce soit dans sa vie que dans son cœur. Il a toujours du lui manquer quelque chose, elle a du se poser des questions, avoir envie de savoir d'où elle venait, quelles étaient ses origines. Elle répète que Stephane a été très présent pour elle, autant que l'aurait été un père mais il n'en reste pas moins qu'il n'est pas son père, il n'a jamais pu la combler comme l'aurait comblé quelqu'un avec ses gènes.

Gwen : Merci Olivier, merci d'être la pour moi et d'être présent.
Moi : Je t'ai dit que je t'aiderai Gwen.
Gwen : N'empêche, on se connaît depuis peu mais tu mens à ton entraîneur pour moi, tu cherches des informations sur un homme que tu côtoie depuis ta première sélection. Personne... Personne n'aurait fait ça pour moi... Sauf Anton évidemment.

Elle rit légèrement en prononçant le nom de son meilleur ami mais sa phrase sonne avec douleur et regret.

Moi : Tu es si mystérieuse... Tu sembles si forte mais si fragile à la fois...
Gwen : Olivier...
Moi : Je vais te laisser dormir maintenant. Tu dois être fatiguée après toutes ces émotions.
Gwen : Mais...
Moi : Bonne nuit Gwen.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et quitte la pièce avant de sauter sur ses lèvres pour la dévorer. Elle est si desirable mais pas maintenant, ce n'est pas le moment.

J'espère que vous avez aimé ! ❤️

Tu as changé ma vieWhere stories live. Discover now