Partie 1 - Rencontre.

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« Guillaume, occupe-toi de lui, vite ! Avant qu'il refasse une crise ! »

Il sursauta en entendant un des infirmiers crier cela et sentit ses jambes le lâcher, le faisant tomber lourdement au sol. Il se doutait que ce dernier parlait de lui et une seconde même pas plus tard, quelqu'un le rejoignit sur le sol afin d'essayer de le calmer. Guillaume. Il ne savait pas qui c'était. Il entendait les cris de rage des deux autres patients, ces derniers s'étant mis à se battre une minute à peine plus tôt ce qui l'avait fait sursauter de peur et paniquer ainsi, et il secoua la tête vivement en sentant Guillaume essayer de le toucher :

« N-Non... bredouilla-t-il alors que les larmes s'échappaient de ses yeux et il sursauta lorsqu'il sentit l'autre garçon prendre son visage dans ses mains avec énormément de douceur, l'amenant ainsi à le regarder.

— Eh... Eh, tu m'entends...? lui demanda ce dernier et il comprit alors que ça devait déjà faire un moment qu'il lui parlait bien qu'il ne s'en était pas rendu compte à cause de sa panique. Hoche la tête si tu m'entends, ok ? lui demanda Guillaume ensuite et il s'exécuta après quelques secondes, le temps que son cerveau paniqué arrive à comprendre et à traiter sa demande. Ok, c'est bien... Tout va bien, d'accord ?

— N-Non... Ils vont se tuer... Ils veulent se tuer.

— Hein ? Mais non... Ils se sont juste un peu battus. C'est déjà fini, les infirmiers les ont séparés. Tout va bien, je te dis. » lui dit Guillaume en passant une main dans ses cheveux et il plongea son regard dans le sien à ça.

Ce garçon... – Guillaume – on lui avait dit de s'occuper de lui, de détourner son attention pendant qu'on séparait les deux hommes qui se battaient. Les infirmiers savaient à quel point les actes de violence le terrifiaient, ce n'était pas la première fois qu'il réagissait ainsi devant l'un d'eux. Et même si ceux-ci essayaient d'éviter le plus possible ces derniers dans cet endroit, des fois ça explosait quand même. C'était pas de leur faute.

« Eh... Eh, tu m'entends ? entendit-il Guillaume l'appeler de nouveau et il sortit brusquement de ses pensées, se rendant ainsi compte qu'il avait tourné la tête pour regarder l'endroit où les deux hommes se battaient auparavant dans la salle commune.

— Je... Je me sens pas très bien... J'ai besoin de... de m'allonger... bégaya-t-il et il vit Guillaume hocher la tête d'un air sérieux.

— Bien sûr. Je t'emmène dans ta chambre alors, ok ? C'est laquelle ?

— La... La numéro 55, balbutia-t-il, ne remarquant qu'à présent l'uniforme d'infirmier qu'avait le garçon sur le dos. À l'angle du couloir au deuxième étage. »

Guillaume hocha la tête de nouveau et il le vit se relever, l'entraînant avec lui. Il se laissa faire et quand ce dernier passa son bras autour de sa taille pour l'aider à marcher jusqu'à l'ascenseur, il le laissa le guider sans rechigner. Il avait besoin d'être seul, dans sa chambre. De se reposer. Il était tellement fatigué.

***

« Eh, Claude ?

— Mm ? »

Son ami se tourna vers lui quand il l'entendit l'appeler dans le couloir menant à l'escalier principal. Il revenait de la chambre du garçon qu'il avait aidé lors de la bagarre entre deux patients dans la salle commune, l'ayant ramené jusqu'à celle-ci. Ce dernier n'avait pas dit un mot sur le chemin du retour et quand ils étaient entrés dans sa chambre, il s'était rendu compte à quel point celui-ci semblait sur le point de tomber dans les vapes, tant il semblait épuisé. Il l'avait alors mené jusqu'à son lit et l'avait aidé à s'allonger sous ses draps avant de s'en aller, le garçon vite endormi. Et il était en train de réfléchir à ce qu'il venait de se passer quand il avait aperçu son ami au bout du couloir.

« Ah, ma biche, c'est toi ! Alors, ta première journée ?

— Ça va... J'apprends encore mais c'est super intéressant comme travail. Mais dis-moi, je voulais te poser une question sur un patient.

— Quoi, déjà ? s'exclama Claude et il fronça les sourcils, se demandant ce qu'il voulait dire par là. Dis-moi tout ma biche. Lequel ?

— Comment tu sais que c'est un mec ?

— Bah t'as dit un patient. J'imagine que si ça avait été une meuf, t'aurais dit une patiente, non ? répliqua aussitôt son ami et il hocha la tête, comprenant.

— Ouais, pas bête... C'est le patient 55. Enfin... de la chambre 55.

— Ah, Aurél ? Ça m'aurait pas étonné ça ! Ben quoi sur lui ?

— Euh... Aurél ? dit-il à son tour en essayant d'ignorer le commentaire de son ami. Il s'appelle comme ça ?

— Non, ça c'est le surnom par lequel je l'appelle. Moi, mais aussi Matthieu et Ablaye d'ailleurs. Il s'appelle Aurélien en vrai, dit Claude et il hocha la tête. Bon, ben qu'est-ce qu'il a Aurél ? Il va bien ? Je l'ai pas encore vu aujourd'hui.

— Ben... en fait je viens de le raccompagner jusqu'à sa chambre. Deux patients se sont battus dans la salle commune y a vingt minutes là et on m'a dit de m'occuper de lui pour pas qu'il fasse une crise. Il s'est mis à pleurer, comme s'il était terrorisé, et je voulais savoir si tu savais pourquoi il a réagi aussi violemment ? Il m'a dit qu'ils allaient se tuer. Il avait l'air vraiment effrayé.

— Mm... Il faut que j'aille le voir alors. J'aime pas quand il est dans cet état. Il fait souvent des crises d'angoisse ou de panique, lui expliqua son ami et il hocha la tête en compréhension. Celles-ci se déclenchent souvent quand il se sent en danger ou qu'il est témoin de violence, même lorsque celles-ci ne sont pas à son encontre. Faudrait que tu discutes de ça avec Matthieu, c'est lui qui s'occupe de lui, il en sait plus que moi.

— C'est lui son médecin ?

— Ouep. Et il te dira comme moi qu'Aurél, lui, il est pas vraiment fou. À mon avis, il a rien à faire dans cet asile de dingues. Mais apparemment, c'était ici qu'il était soigné avant et ici qu'il a voulu revenir après sa rechute. Demande à Matthieu, il en saura plus, hein. Moi les détails... »

Il hocha la tête et alors, le beeper de Claude se mit à sonner, faisant soupirer son ami. Celui-ci lui fit un signe de résignation et tourna les talons avant de lui faire un signe de la tête par-dessus son épaule. Ils se reverraient plus tard. Et lui, il fallait à tout prix qu'il pense à parler à Matthieu.

Fiction OrelxGringe - Asile. Where stories live. Discover now