Chapitre 1 : Le désert de Miramar

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*Hélène*



Octobre 1986


On vogue, depuis maintenant quinze jours, sans avoir vu la terre. Je n'ai jamais aimé ça, l'eau. Je suis une femme de la terre, de l'air, mais certainement pas de la mer. J'ai toujours eu peur de me faire aspirer par l'eau, et de ne jamais remonter à la surface.

Alors quand mon Capitaine d'escadron est venu me dire que nous partions, Antoine et moi, en mission aux Etats-Unis, ma première question a été unique. Comment ?

-Par le Clemenceau, Lefebvre. Il va falloir vous y faire.

Beurk, un porte avion. Un gros tas de ferraille qui avance en se trainant le cul sur la flotte. Je me souviens avoir adresser un regard dégouté à Antoine. Le pilote châtain avait bien ri à l'époque, il sait que j'ai en horreur la Marine. 

-Quelle est l'origine de la mission ? Ils ne peuvent pas y aller directement avec leur Super-Étendard ?

Le capitaine a rigolé quand j'ai évoqué l'avion soi-disant de chasse de la Marine. On sait tous que c'est un veau incapable de se débrouiller sans une escorte.

-Mission de simulation de combat, entre un F-14 et un Super-Etendard ? Vous voulez que la France se ridiculise ?

Du coup, on se retrouve, Antoine et moi, quelques mécaniciens en suppléments, en plein milieu de l'Atlantique, à naviguer vers la Virginie, direction Norfolk. On nous dépose dans la plus grosse base aéronavale des Etats-Unis, où seront déchargés nos deux Mirage 2000, puis on s'envole, et direction Miramar, centre de gestion de l'école TOP GUN. Et tout ça avec un jour de retard.

Trois ravitaillements aériens, Mach 1 de moyenne, on doit filer vers l'ouest du pays d'Oncle Sam.


J'ai à peine mis un pied sur le quai américain, que déjà, des sifflements et des mauvais commentaires se font entendre. Je ne suis pas douée d'un super anglais, juste celui de base, pour piloter, mais je sais déjà que je prends des critiques.

Une femme, en treillis militaire, qui porte son paquetage et son casque d'aviateur, ça fait mauvais genre. Je me sens obligé de leur répondre, levant mon troisième doigt sans aucun ménagement, provoquant leur hilarité.

-Tu commences bien l'amitié Franco-Américaine toi !

-Je les emmerde Antoine. Quand ils se prendront le souffle de mon mirage dans le nez, ils arrêteront de me critiquer !

Antoine rigole, me forçant à le regarder droit dans les yeux.

-Ils ne t'ont pas critiqué, ils ont juste dit que tu étais bonne à te mettre à l'horizontal.

Je serre les dents, continuant d'avancer, ignorant les chiens qui peuplent la base militaire.


Plus loin, un C-130 nous attends, où nous devons jeter nos paquetages. Cet avion est là pour assurer le transport de nos troupes, les mécaniciens, nos commandants de mission. On déménage la moitié d'une base française juste pour deux petits pilotes qui doivent se mesurer à des amerlock à l'égo surdimensionnés.

TOP GUN : ORIGINSWhere stories live. Discover now