Chapitre 3: Sexisme à l'état pur

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*Hélène*

Je serre les dents, alors que je fixe les pilotes alignés en face de nous. Les doigts de ma main droite se crispent sur mon casque, alors que les murmures arrivent à mes oreilles. Je ne les comprends pas tous, mais je sais qu'ils me critiquent, qu'ils ne m'acceptent pas, qu'ils ne me veulent pas.
-No, it's not possible !
Ca, j'ai parfaitement compris, alors qu'un blondinet qui mesure bien une tête de plus que moi vient de parler. Son regard est noir, méprisant, et je ne douterais pas trente secondes qu'il s'agisse du fameux Maverick, à sa droite, son coéquipier, Goose.
-A Woman can't be a pilot !
Ca aussi, j'ai compris. Je retiens ma respiration, mes yeux se fixant dans ceux du blondinet. La main d'Antoine vient chercher mon poignet, le saisissant entre ses doigts, me faisant comprendre de rester zen. Mais je ne peux pas... J'en ai marre. A part chez moi, dans la base militaire 118 de Mont-de-Marsan, personne ne me respecte. Je sais que c'est un monde de chiens sexistes, on m'avait prévenu, se battre allait devenir mon quotidien. Mais MERDE, je me suis battue comme eux pour être là ou je suis.
-Pourquoi ! lance à ce connard blondinet.
Ses yeux ne m'ont pas lâché, alors qu'un sourire est venu dessiné son visage. Connard, tu me fais rager, et ça te fait rire !
-Iceman,stop your bullshit, and respect her, damn it.
Erreur Falcon, le blondinet ne s'appelle pas Maverick mais Iceman, l'homme de glace. J'observe le pilote assez âgé qui vient de parler. Il se rapproche de nous, nous forçant à nous mettre en position de salut. Il est commandant, nous lui devons le respect, Antoine et moi.
-Lieutenant Martin, Lieutenant Lefebvre, Welcome to the Navy Fighter Weapons School, or more simply, Top Gun.
-Bonjour, je réponds, essayant de comprendre ce que me dit le commandant.
-Don't pay any attention to these idiots, they may seem mean, but I'm sure you'll find a way to prove to them who you are.
Merde, j'ai absolument rien compris ! L'homme en face de moi, qui se nomme Metcalf, me regarde en souriant. Il a de suite vu que je n'étais pas bilingue, pas comme Antoine. Je tourne d'ailleurs un regard vers mon ailier, cherchant de l'aide. Laser a envie de rire, je le vois bien à ses commissures de lèvres, prête à se fendre dans un rire.
-Ne prête pas attention à eux, tu vas leur prouver qui tu es, voila ce qu'il a dit.
J'hoche la tête vers le commandant Metcalf, acquiesçant ce qu'il vient de dire.
-She don't understand a fucking petit mot!
Encore un autre qui m'en met plein les dents. Metcalf se retourne vers eux, croisant les bras dans son dos.
-Tout le monde, Two hundred push-ups, maybe that'll get your mind back on track!
Lorsque j'entends l'ensemble des pilotes raler, s'agenouillant sur le sol pour commencer à pomper, je comprend parfaitement ce que sont les push-ups. Je n'arrive pas à retenir un sourire, alors que le commandant nous fait signe de le suivre. Je m'attarde un peu sur les visages des pilotes, ils sont tous concentrer à pomper en regardant le sol.
Tous, sauf un. Un petit brun, à la gueule d'ange. Il me fixe, d'un oeil étonné, comme si j'étais sorti tout droit d'une autre planète. Il continue de pomper, plongeant ses yeux dans les miens, un petit sourire venant se greffer sur son visage. Je dois avouer que je ne sais pas comment réagir face à ça, alors qu'Antoine m'appelle pour que je les rejoigne. Cet gueule m'a fait quelques choses, son regard. Non, c'est pas possible, il y a de l'arrogance, comme chez ce Iceman.
Je détourne la tête, rattrapant à grande enjambé le commandant et Laser.
-Beautiful Ass !
-Yes ! The ass of France !
Je continue de marcher, levant allègrement mon majeur, ne cherchant à le baisser qu'en pénétrant dans le baraquement.

Sans surprise, je suis dans le même dortoir qu'Antoine. On se connait. On pourrait presque dire que nous sommes meilleurs amis. Du haut de nos vingt-quatre ans, on a bravé plusieurs années à l'armée ensemble. Depuis nos classes, pour être exacts.
On a récupéré nos paquetages avec le C-130 qui vient d'arriver. Nos mécaniciens s'occupent de nos avions, pendant qu'on prend nos quartiers. Laser est à la douche. Qui est commune, à mon grand regret. J'attends donc qu'il me donne le feu vert pour que je puisse regagner les vestiaires. Lorsqu'il pénètre dans la chambre, en simple serviette, je ne peux m'empecher de lui coller une réflexion.
-Si on doit vivre ensemble pendant cinq semaines, rassure moi de ne jamais te voir a poils !
-Promis Hél ! Tu peux aller te doucher. D'ailleurs, les pilots vont au bar ce soir, à coté de la base, j'en suis. Tu viens avec nous ?
-Pour ne rien comprendre ? Je ne sais pas si c'est la meilleure idée !
-Je serais là, ne t'en fais pas ! Par contre, tenue de cérémonie exigé !
Je sourie, alors que je m'empresse de sortir du dortoir, gagnant les douches.

Après avoir fait trois fois le tour des vestiaires, je me laisse glissé sous la douche, savourant cet eau qui n'a pas le gout de sel. De ce que m'ont expliqué les matelots du Clemenceau, arrivé à un certain stade, le bateau n'arrive plus à enlever le sel, on se douche donc à l'eau de mer.
Cette proposition de soirée n'a pas lâché ma petite tête. Et lorsque je sors de la douche, les cheveux détrempé, observant longuement mon t-shirt et mon short, je n'arrive pas à choisir entre une nuit de folie à danser sur la piste, ou un soirée plan plan à attendre dans mon lit. Je vais galérer... Mais si je n'y vais pas, je n'arriverais jamais à m'intégrer.
Dans mon sac, j'ai fourré ma chemise de cérémonie, ainsi que deux jupes, et mes talons. Pas le choix, si on nous remet un diplôme ou autre, cette tenue est exigée. Je m'empresse donc de nouer mes cheveux en chignon bas, passant ma chemise sur mes épaules, avant d'enfiler mes collants, et ma jupe, la plus courte des deux, m'arrivant au dessus des genoux. Elle n'est pas règlementaire, mais je m'en fous, nous sommes aux Amériques.
Antoine est déjà parti avec les gars, c'est donc avec retard que je quitte la chambre, mon chapeau sur la tête, maquillage sur les yeux à la Audrey Hepburn, pour rejoindre l'armée de pilote.
Je manque de percuter quelqu'un dans les couloirs, dans un détour. Déstabilisé par mes talons, on me rattrape de justesse par la taille. Je retiens un cri de surprise, avant que mon regard tombe sur le visage d'un jeune homme moustachu, aux yeux marrons. Son visage s'étire dans un sourire quand il voit qui je suis, me remettant de suite sur mes pieds.
-Lieutenant Lefebvre ! Nice to met you !
-Ravie de vous rencontrer aussi.
-Vous ne regardez pas où vous mettez les pieds ?
-Euh...
Je fronce les sourcils. Cet homme... il était a coté du petit brun qui m'a fixé toute à l'heure, derrière Iceman. Il remarque que je tique, souriant un peu plus dans sa tenue de cérémonie.
-Nick Bradshaw, To serve you.
Je feins un sourire, alors qu'il fait une mini révérence devant moi. Je suis étonné de le voir ici, et lui en fait la remarque. Il est agréable avec moi, autant continuer.
-Vous n'êtes pas avec les autres au bar ?
-Non, j'ai eu ma femme et mon fils au téléphone. Mon petit Bradley est un big talkative .
On s'est remis en route, nous dirigeant vers la sortie du bâtiment. Ce jeune homme a un fils. Étonnant, dans notre armée, les hommes mettent énormément de temps avant de se marier, et d'avoir des gosses. Nick reste à coté de moi, continuant de bavarder, tout en traversant la base à pied. J'essaie de comprendre ce qu'il me dit, me forçant à répondre un minimum, mais je pense qu''il a comprit que je ne parlais pas très bien l'anglais, car il s'efforce de parler lentement.
-Et vous ? Un homme qui vous attends ?
-Nobody, Nick ! Je suis libre comme l'air !
-Vous avez bien raison !
Il pousse la porte du bar, nous engouffrant dans le brouhaha. Des hommes qui chantent, d'autres qui hurlent, qui rigolent. J'aperçois Antoine, assis au bar avec deux autres pilotes. Ils trinquent, descendant des verres cul sec.
-Venez, je vais vous présenter à mon pilote !
Je suis le navigateur, à travers le troupeau de Marine, me faufilant derrière lui. Je remarque qu'il est quand même grand, sa carrure assez fine pour un pilote. Il est plutôt mignon, avec sa petite moustache. Un petit sourire en coin apparaît sur mes lèvres, je suis contente que Nick prenne le temps de me présenter aux autres, je me dis qu'il m'estime, qu'il ne cherche pas à me rejeter, et ça me fait plaisir.
Mais mon sourire disparaît bien vite, quand on arrive devant le petit brun qui me fixait quelques heures plus tôt. Son regard s'est posé sur moi à la minute même où il m'a vu, et il ne m'a pas lâché, nous observant nous diriger vers lui.
-Bonsoir ! Nick, tu en as mis du temps !
-Salut Pete ! Un peu, j'ai trouvé a lonely soul in the corridors !
Il rigole, avant de me tendre une main, en salutation.
-Lieutenant Pete 'Maverick' Mitchell, to serve you !
Je marque un blanc, avant de me tourner légèrement vers Nick, qui n'est autre que Goose, le navigateur du pilote qui m'a accroché tout à l'heure. Il se gratte l'arrière de l'arrière de la tête, avant de reprendre derrière son collègue.
-Désolé pour tout à l'heure, je lui ai dis de ce calmer, mais il a continué.
-Continué ? Et tu dis quoi du doigt qu'elle nous a fait ? Pas vraiment joli, pour une femme !

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