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Un an et quelques mois plus tôt
Denver
Ezio

-Chef ?

Je relève les yeux de mon téléphone. Croise le regard d'Angelo et lui fait signe d'entrer. Il pousse la porte de mon bureau et la referme derrière lui. Sa main trouve ses cheveux et son regard me fuit.

-Qu'est ce que tu veux ? je demande d'un ton plus sec que je ne l'aurais voulu.

Son regard croise enfin le mien.

-Mademoiselle Young à appeler Monsieur Duarte et-

-Mets sa ligne sur mon téléphone, dis-je en le coupant.

Il acquiesce et sort de mon bureau.

Depuis que je suis rentré à notre QG général à Denver les gars se demandent ce qu'il se passe. Lily nous appelle tous les quatre matins et le fait que Lisandro n'est pas voulu repartir avec moi les intrigue énormément. Je ne peux pas leur dire la vérité si ? Non bien sûr que non, comment le pourrais-je ?

Comment leur dire que mon frère a ruiné la vie de celle qu'ils considèrent pour la plupart comme leur petite sœur. Je ne peux pas leur dire ça. J'en suis incapable.

Je suis incapable d'assumer sa responsabilité à sa place. J'ai beaucoup trop de mal avec cette information. Andreas est une enflure de première et si je le croise de nouveau après son procès je me fais le serment de le crever à mains nues. Mon cerveau disjoncte et je me recule de mon bureau. Ça fait plus de deux heures que je fixe ma conversation avec Azalée et que je me retiens de lui envoyer un message. Je vois qu'elle est en ligne à l'instant où je commence à renoncer.

Je prends mon courage à demain et je lui écris.

MOI : J'ai besoin que tu m'écoutes Azalée, s'il te plaît.

Je fixe l'écran un long moment avant de la voir écrire. Mon cœur s'emballe. Mon cœur s'enflamme. Je ne tiens plus debout.

Je me lève de mon siège avant de faire un malaise vagale inutile.

Puis soudain.

Elle s'arrête.

*Lu à 10h57* est la seule chose qui s'affiche sur mon écran pendant tout le temps que je l'observe.

Évidemment qu'elle n'allait pas m'écouter. Il y a quatre mois elle me disait d'aller me faire foutre en quittant notre maison et de bloquer son numéro. Ce que je n'ai pu faire. J'ai ce besoin maladif de savoir si elle va bien. Et je sais pertinemment bien que ce n'est pas le cas. Qu'elle ne va pas bien du tout. Que j'ai pourris sa vie et qu'elle m'en voudra jusqu'à ce qu'elle décide de me tolérer.

Je me passe les mains sur le visage avant de m'affaler sur mon fauteuil en cuir. J'ai le mal du pays. Je veux rentrer à Seattle et retrouver ma vie d'avant. Azalée a les pieds entre nos deux univers et ça ne lui réussi pas du tout et tout ça c'est de ma faute. Si je n'étais pas devenu obnubilé dans l'idée de l'aider à retrouver son agresseur je ne l'aurais jamais rencontré. Même ce jour au commissariat où son regard brûlant me hante depuis j'aurai dû lâcher l'affaire. Et ne pas m'impliquer personnellement dans cette affaire, comme je le fais d'habitude. Mais tout ça m'a intrigué. J'avais tellement besoin qu'elle soit saine et sauve. C'était comme pour me racheter de la mort de ma sœur.

La sonnerie de mon téléphone fixe me sort de ma torpeur. J'appuie sur le haut parleur.

-Tonton ?

Mon cœur se serre.

-Il y a un soucis ma prunelle ?

J'entends Olia renifler à l'autre bout du fil.

-C'est ma ligne professionnelle ça Olia tu le sais pourtant, je souffle en jouant avec un stylo entre mes doigts.

Crois moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant