Chapitre 6 - Partie 2

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— Te voilà réveillé.

Elle entra et referma doucement la porte derrière elle. Arès ne portait rien, et ce n'était pas les draps d'un blanc presque transparent qui allaient cacher quoi que ce soit. La déesse observa l'extérieur quand il remarqua une plume perdue au sol. Ses yeux rencontrèrent ceux de Maât quand il s'en détourna.

— Comment te sens-tu ?

La réponse, pour n'importe qui, aurait été évidente : mal. Mais il s'agissait d'Arès. Il avait connu pire, bien que là, il y avait quelque chose de différent, qui le « gênait », sans qu'il ne sache précisément quoi.

— Aussi bien qu'après qu'on m'ait interrompu dans le désert.

— L'entorse que tu as faite au contrat, précisa-t-elle en croisant les bras sous sa poitrine.

L'olympien ne détourna pas le regard. La sévérité émanant de Maât n'allait certainement pas le faire ployer. Encore une fois, il ne saisissait pas le manque de réactivité de l'Ennéade face à l'assaut des acéphales et l'émergence d'Ammout. Lui-même rejeté de tous sur l'Olympe, se désintéressant de tout ce qui pouvait s'y passer, n'était jamais resté les bras croisés à attendre qu'une calamité s'abatte sur eux. On pouvait l'accuser d'engager le combat de par sa nature, mais la passivité ne faisait pas partie, quoi qu'il advienne, de son caractère.

— C'est la nuit ? finit-il par demander.

— Le début de soirée.

Maât décroisa les bras et parcouru la pièce sans but précis. Elle contourna la table et porta ses yeux obscurs vers le balcon.

— Si tu te questionnes, Ammout a été renvoyé dans le Douât grâce à Geb et Nout. Les acéphales qui ont envahi Héliopolis ont été neutralisés quand ceux du Nil ont été renvoyés aux souterrains. Quant à ceux du désert, tu n'es pas sans savoir que tu les as décimés.

C'était le but d'un massacre. Arès se priva d'exposer cette remarque. Il n'avait rien à se reprocher, d'autant que sans son intervention, beaucoup plus d'acéphales auraient atteint le Nil et l'auraient franchi. Comme il l'avait si bien dit à Thot, le sort des égyptiens ne l'intéressait pas. En revanche, laisser les créatures évoluer à leur guise l'avait déjà plus dérangé. Le plaisir du sang n'était qu'un extra qui l'avait satisfait comme un buveur se complaisait dans le vin.

Un mutisme s'installa dans la chambre alors que l'obscurité régnait en maître. Quelques torches brûlaient dehors, repoussant les ténèbres qui faisaient trembler le pays. Maât, si elle n'était pas vêtue de blanc, se fondait dans la noirceur permanente. Le trait clair qui soulignait ses yeux ressortait davantage, rendant l'expression de son visage d'autant plus singulière.

— Tu as frappé Thot, laissa-t-elle finalement tomber.

Arès garda le silence.

— Tu n'en avais pas le droit.

— C'était dans le contrat, c'est ça ? Et alors, qu'est-ce que tu vas faire ? Me renvoyer d'où je viens ?

— Je pourrais.

Si tel était le cas, Arès n'aurait nul endroit où aller que son temple sur l'Olympe. La guerre de Troie ne le concernait plus maintenant qu'il avait été ridiculisé. Hélios n'avait sans doute pas perdu son don pour jaser à son sujet. Quant à Aphrodite, il préférait ne pas y penser.

Les chaussures en papyrus de Maât frottèrent le sol, sortant de ses pensées le dieu de la guerre. La déesse s'était penchée et tenait dans sa main la plume de faucon que l'oiseau avait perdu en quittant sa chambre.

Dark Egypt - Godness : ArèsWhere stories live. Discover now