1. Oraison funèbre 🥀

1.8K 240 93
                                    

Alden

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

Alden

Trois ans auparavant

Qu'y a-t-il au bout d'un chagrin écrasant ?

D'une peine si violente qu'elle nous asphyxie jusqu'au fond de notre trachée ?

Certainement un gouffre et une obscurité dense qui m'engloutiront sous les flots hurlants de ma détresse.

Reste-t-il un chemin à arpenter pour s'extraire de tout cet enfer ?

Une fenêtre ouverte, baignée par une infime lueur d'espoir ?

J'erre sans boussole ni but en tête. Parce qu'en cet instant, j'ai le sentiment que peu importent mes choix, ils seront tous voués à l'échec. Les rêves prendront fin, mes désirs manqueront d'être comblés et je ne goûterai plus au bonheur. C'est la fin d'un éclat de joie et le début d'un florilège de malheurs. Il n'y a pas de renaissance qui tienne, la dépravation m'attend de pied ferme.

Tu étais mon unique pilier, et mon équilibre s'est effondré avec toi. Voilà que tu m'offres le silence et les larmes, que suis-je censé faire avec ça ?

Faible et misérable, je m'efforce de relever la tête et de redresser les épaules. En vain. C'est comme si une main invisible appuyait fermement sur mon dos et me forçait à me replier sur moi-même, une posture qui illustre tout l'accablement qui me terrasse depuis ces dernières minutes.

Je suis anéanti à cause de toi, la seule personne qui pouvait me ramasser à la petite cuillère.

Cette douce brise automnale qui soulève les feuillages à nos pieds, les rayons du soleil qui filtrent la cime des arbres et caressent nos visages, l'azur éclatant du ciel... la peinture est belle et chaleureuse. Comme toi. Seul bémol : cette journée lumineuse détonne avec la tristesse immense qui nous étreint, pareille à des ronces recouvertes d'épines acérées.

Je n'y arrive pas. Je n'y arrive plus.

Relève ta putain de tête et dis-lui au revoir ! me tance ma conscience.

Mes poings se serrent faiblement, je ne parviens toujours pas à déglutir à cause de ma gorge obstruée. Impossible de percevoir les sons, ni les éléments autour. Mes sens sont détraqués, les rouages ne fonctionnent plus, la mécanique est cassée. Un nouveau courant d'air emporte quelques feuilles de chêne aux teintes orangées, et l'une d'elles atterrit sur ma chaussure noire. Je la fixe, me concentre sur sa texture sèche qui peut s'effriter d'une seule friction de doigts. Dépourvue de vie.

La mort, ce concept qui nous percute dès notre plus jeune âge. J'ai commencé à m'interroger vers l'âge de cinq ans, le jour où j'ai aperçu un animal sauvage inerte sur le bord d'une route de campagne. J'en ai conclu qu'il dormait paisiblement. Ensuite, c'était devant un film, que mes parents m'avaient pourtant défendu de regarder. J'ai rapidement arrêté de sucer mon pouce lorsque le personnage principal ne s'est plus relevé, après avoir été fauché par une balle en pleine poitrine. J'ai supposé qu'il s'était évanoui.

Faded Rose (Extrait) / Publié chez les éditions Plumes du webOù les histoires vivent. Découvrez maintenant