Interlude n°1 - May

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Une petite note pour vous indiquer que cet OS se situe chronologiquement avant le premier du recueil : ce qui est arrivé à May et ce qui a conduit Peter à vivre avec Tony.

Il y a beaucoup de vécu là-dedans, j'espère que ça vous plaira malgré son caractère particulier. Chronologiquement, c'est la toute première histoire que j'ai écrit mais je n'avais pas le coeur de commencer le recueil par là.

Bonne lecture !

***

La mort pouvait prendre n'importe quel visage.

Ça, Peter le savait parfaitement. Un cambriolage qui tourne mal, une mauvaise chute, une balle en plein coeur, un accident d'avion... La mort brutale, imprévisible, lui était familière.

Mais la mort qui se logeait dans la chair et le sang, rongeant toute miette de vie avec lenteur et volupté, lui était encore inconnue.

C'était une mort difficile à appréhender. A la fois douce, car elle offrait un répit, une parenthèse d'espoir dans l'inéluctabilité de la fin, et terriblement cruelle, pour la même raison.

OOO

Lorsque May lui avait avoué être malade, il s'était persuadé qu'elle serait rapidement remise sur pieds. Elle était une battante, forte et courageuse ; c'était la personne la plus féroce qu'il ait jamais connu. Même le plus terrible des Vautours se serait transformé en canari devant elle. Alors il lui avait simplement demandé quand est-ce qu'elle irait mieux, et ce qu'il pouvait faire pour elle. Elle l'avait serré dans ses bras et s'était contenté de murmurer :

Ça. C'est ça que tu peux faire, mon chéri.

Son état s'était pourtant dégradé, et Peter avait alors connu une frustration dont il ignorait jusque là l'existence. Il était Spider-Man, après tout ! Il avait des supers-pouvoirs, il arrêtait des criminels, il avait participé à une mission avec les Avengers, il avait arrêté un traffic d'armes extra-terrestres ! Comment aurait-il pu être incapable de venir en aide à sa tante ?

La frustration s'était matérialisée en larmes de rage, qui s'écrasaient sur son oreiller le soir, alors qu'il se mordait les lèvres pour que May n'entende pas ses sanglots.

De désespoir, il s'était mis à multiplier les patrouilles, extériorisant sa rage comme il le pouvait, délaissant l'aide au voisinage pour des missions pour périlleuses, rentrant de plus en plus tard, sans que May ne fasse de commentaires. Il coupait son téléphone pour ne pas être dérangé, refusant de laisser Spider-Man se laisser engloutir par la réalité de Peter Parker.

Et puis vint le jour où il rentra à l'aube, et comprit immédiatement que quelque chose n'allait pas.

Il manquait... quelque chose.

Le silence qui régnait dans leur appartement était assourdissant, dépourvu de la mélodie des battements de coeur de May. L'air était lourd, dénué de son parfum fleuri. Il n'y avait plus ses chaussures dans l'entrée, ni sa veste sur le portemanteau.

May n'était plus là.

Peter se hâta d'allumer son téléphone, et y trouva dix messages non lus. Il comprit confusément qu'elle s'était sentie mal, et après avoir tenté de le joindre, s'était résolue à être emmenée d'urgence à l'hôpital. Combattant la culpabilité qui l'étranglait, il échangea son costume contre les premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main et, courant dans les rues du Queens, rejoignit l'hôpital où elle se trouvait.

— Pas de visite avant neuf heures, lui dit aussitôt l'hôtesse d'accueil.

— M-mais... ma tante vient d'être emmenée, je dois absolument la voir, s'il vous plaît...

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