Rhéane.

Le vent froid ruisselait sur mon visage tandis que je patientais devant la maison de mon ami. Je paraissait ridicule, avec mon drap troué pour les yeux et les bras en guise de costume. Déjà qu'on m'avais fait venir dans le froid contre mon gré, je n'allais pas me pointer avec un déguisement parfait.

Ma nièce, Rhéane, ne cessait de tourner autour d'un arbre. Je détestais les enfants, mais comme elle était chez moi, on m'avait forcé à l'amener.

- Hikooooo ! cria la petite. J'ai froid.

- Patiente, répondis-je d'une voix dure.

Enfin, la porte de la maison s'ouvrit sur Nathan, un chapeau de sorcier posé avec désinvolture sur ses boucles rousses.

- Hé, Hiko ! cria ce dernier. Tu m'attends pas depuis trop longtemps, j'espère.

- Je t'ai appelé au moins six fois, soupirai-je.

- Désolé !

Rhéane trottina jusqu'à moi et regarda mon ami d'un œil curieux.

- C'est qui, lui ? me chuchota-t-elle sans aucune subtilité, ce qui fit rire Nathan.

- C'est mon ami, il s'appelle Nathan, lui expliquais-je.

- Pourquoi c'est ton ami ? demande Rhéane. Et pourquoi il s'appelle Nathan ? Et pour-...

- Continues et je te laisse toute seule ici.

Nathan éclata de rire devant l'expression apeurée de l'enfant.

Nous avions passé une dizaine de minute à marcher en direction de la fête foraine, où ne devions rejoindre notre ami Eliott, lorsque Rhéane nous posa une énième question.

- Si c'est Halloween, pourquoi on ne sonne pas chez les voisins pour avoir des bonbons ?

- Elle est pas bête, ta nièce ! s'exclama le roux. On peut sonner aux portes sur le chemin. De toute manière, Eliott ne sera jamais à l'heure, alors autant profiter.

Nous commençâmes par une maison à la porte rouge. La propriétaire, effrayée par nos déguisements et masques, nous ferma violemment la porte au nez, et sa fille nous fit parvenir des chocolats par la fenêtre.

Nous parcourûmes plusieurs rues de cette manière, jusqu'à ce que nous arrivions au bout d'une allée. Nathan sonna une fois, et nous nous préparâmes à surprendre la personne qui nous ouvrirait.

- DES BONBONS OU UN...

L'homme qui nous ouvrit était très grand. Ses bras étaient très longs et ses cheveux à moitié verts, comme s'il était en train de les teindre. Son visage était pâle, et il affichait un grand sourire, laissant les rayons de la lune couler sur ses dents luisantes. Il passa ses yeux gorgés de sangs sur nos visages et s'arrêta sur Rhéane, qui se colla plus à moi.

Nathan fut le premier à reprendre ses esprits.

- DES BONBONS OU UN SORT ! cria-t-il.

- Un sort, répondit l'homme d'une voix mielleuse.

Évidemment, nous ne pouvions rien faire, sinon lui jeter nos portables à la figure.

Alors nous le fixâmes, et je remarquais que son regard ne quittait pas Rhéane, aussi la cachais-je derrière moi.

- Je plaisante ! rit le monsieur. Tenez.

Il nous tendit un paquet de schoko-bons, et la petite me poussa pour s'en saisir.

- Merci, joyeux Halloween ! le saluais-je.

Il me répondit d'un sourire, et referma la porte.

- Il est flippant, dit Nathan.