Chapitre 5 - Révélations en série

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Les bras croisés, le visage fermé, orienté vers le sol, le dos contre le mur, Ryō attendait depuis deux heures déjà le verdict du Professeur.

En état de choc, il avait débarqué à la clinique avec sa femme dans les bras, tous les deux aspergés de sang de la tête aux pieds, sous les prunelles épouvantées de Kazue.

Il lui avait fallu une bonne demi-heure et beaucoup de persuasion à elle, comme au Professeur, pour parvenir à convaincre Ryō de lâcher la main de son épouse pour qu'ils puissent s'occuper d'elle une fois qu'elle avait été étendue sur un brancard. Ils lui avaient aussi conseillé d'aller prendre une douche pour se laver du sang de sa femme. L'opération l'aiderait aussi peut-être au passage à recouvrer un peu ses esprits.

Une fois sorti de la salle de bains de la chambre qu'ils avaient mis à sa disposition, il avait repassé ses vêtements souillés puisque d'une part, il n'en disposait pas d'autres sous la main, et que d'autre part, il refusait catégoriquement de quitter les lieux sans son épouse... ou tout du moins, sans savoir que tout irait bien pour elle.

Mais en effet, l'eau chaude salvatrice de la douche lui ayant rendu un peu de sa lucidité, il avait joint Saeko et lui avait exposé l'essentiel de la journée dont avaient découlé les ténébreux événements de la soirée...

Sans même attendre qu'il lui demande, et ne lui tenant pas rigueur de son affront quelque temps plus tôt au vu des circonstances dramatiques à considérer, elle l'avait informé que malgré l'heure tardive, elle allait mobiliser certains de ses hommes pour se rendre immédiatement au hangar B23 des quais.

— Ryō ?

Il releva ses prunelles affligées en direction de la voix pour constater que Saeko avançait dans sa direction.

— Des nouvelles de Kaori ? s'enquit-elle en arrivant à sa hauteur.

Il fit simplement non de la tête pour toute réponse, en pinçant des lèvres, la mine toujours aussi grave.

Elle posa une main affable sur son biceps.

— Elle est forte ! Tu le sais d'ailleurs même mieux que personne. Je suis sûre qu'elle va s'en sortir, déclara-t-elle ensuite.

Un bref silence s'ensuivit, Ryō ignorant quoi répondre à sa vaine tentative de le réconforter. Seul apprendre que sa femme était tirée d'affaire parviendrait à l'extraire de son accablement abyssal.

— Alors, vous avez déniché quelque chose d'intéressant au hangar ? préféra-t-il donc éluder.

Il en était parti en toute hâte avec Kaori dans les bras, sans même se préoccuper de la personne qui avait tenté de l'assassiner. Il ne focalisait à cet instant-là que sur une chose : trouver du secours pour sauver sa femme. Il aurait au moins pu prendre deux secondes pour débusquer ce sale rat, et s'il était toujours en vie, le ligoter pour qu'il ne puisse pas avoir une chance de s'évanouir dans la nature. Il avait peut-être raté une occasion de l'empêcher de nuire à nouveau, regrettait le nettoyeur...

— Oui ! Tu vises toujours aussi bien ! l'avisa cependant son amie. Tu avais bel et bien atteint ta cible. On l'a retrouvée sur place, une balle dans l'épaule, gémissant sa souffrance à qui voulait l'entendre. Il s'agit d'une femme...

À cette information, Ryō se redressa, coupant la parole à son acolyte.

— Où est-elle ? Dès que j'en saurai plus sur l'état de Kaori, je veux aller l'interroger. Pourquoi s'en est-elle prise à ma femme ?

Saeko releva une main en signe d'apaisement envers son allié de longue date.

— Tu n'en auras pas besoin car j'ai déjà les réponses à toutes les questions que tu serais susceptible de te poser.

City Hunter : Le S.O.S de KaoriWhere stories live. Discover now