La faucheuse de monstres

Faire ses preuves

  J'ai suivi le sergent hors de la taverne et nous sommes arrivés vite au fameux camp d'entraînement. Ici, il y avait des mannequins de paille, des armes, des espaces de combats disposés comme des rings et des cibles de bois accrochées un peu partout. Le sergent s'est posté à quelques mètres de moi.

  - Voici le camp d'entraînement des soldats de la garde. Ici, tu vas pouvoir nous montrer de quoi tu es capable. Alors, nous ferons plusieurs tests pour évaluer tes aptitudes au combat, en espérant que tu t'en souviennes miraculeusement. Nous pourrons aussi voir si tes intentions sont aussi pures que tu le prétends.

  Je lui ai lancé un regard intrigué.

  - Qu'est-ce que vous voulez dire ?

  Il a croisé les bras, me détaillant de haut en bas.

  - Je te laisse des armes à disposition, cela nous permet de voir si tu représentes un danger. Tu pourrais très bien t'en servir pour m'attaquer.

  Je voyais où il voulait en venir, il était prêt à tout moment à me voir tenter d'exterminer tout le monde. Il n'avait pas tord cela dit, j'étais une inconnue arrivant de nulle part et sans aucun souvenirs. Ce serait une très bonne stratégie pour quelqu'un qui voudrait s'approcher de leur roi pour le tuer. Mais ce n'était pas mon but, le mien était simplement de trouver qui j'étais et ce que je faisais là, je sentais que j'avais une mission à accomplir mais laquelle ? Je regardais donc le sergent dans l'attente d'une consigne ou autre, lui semblait attendre que je lui montre que j'étais prête.

  - J'aimerai que tu nous montre ce que tu sais faire avec un arc pour commencer, il n'y a rien de plus basique pour un combattant. 

  Il m'a montré un présentoir portant différents arcs alignés les uns au dessus des autres. Ils se ressemblaient tous, en bois avec une fine corde noire. Des arcs d'entraînements très simples. Étrangement, en les regardant j'avais presque envie de rigoler devant leur simplicité. Ils n'avaient pas l'air assez robustes pour vraiment servir en plein combat. A côté, un grand sac contenait des centaines de flèches qui m'avaient l'air tout aussi fragiles. J'ai pris un arc au hasard puis une flèche en espérant ne pas me ridiculiser, je ne savais même pas si je pouvais manier un arc. J'ai visé une cible qui me semblait plutôt proche et facile à atteindre et j'ai tiré. La flèche est partie droit vers la cible, traversant le centre de la plaque en bois et continuant sa route plus loin sous la surprise générale, moi même j'en étais bouche-bée. Soit leurs cibles étaient aussi solides que des feuilles de papier, soit j'avais sous-estimé leurs flèches, soit c'était moi qui avais plus de force que je n'aurai dû. Soudainement la peur est arrivée après la surprise et je me suis rappelée que j'étais loin d'être seule. Après avoir vu ça, le sergent devait certainement me croire encore plus dangereuse et suspecte. Je me suis tournée vers lui tout en réfléchissant à une explication que je pourrai lui donner. En voyant ses yeux, j'ai compris que j'avais raison, la peur transparaissait sur son visage. Il a levé la main et j'ai entendu des mouvements sur les toits tout autour de moi. Une dizaine de gardes me visaient avec des arcs bien plus performants et impressionnants que celui que je tennais, prêts à tirer sur moi à tout moment. Le sergent leur avaient sûrement dit de se tenir prêt à me tuer si je venais à montrer un comportement dangereux.

  - Non, non, non, je ne suis pas dangereuse ! Je...je ne voulais pas ! Je vous en prie, je n'y suis pour rien ! J'ai tenté de m'expliquer en bégayant, balayant du regard toutes les personnes présentes, complètement affolée.

  - Dépose ton arme à terre ou j'ordonne à mes hommes de te tirer dessus ! Sale monstre ! A crié le sergent à la fois terrifié et menaçant.

  Sans attendre, j'ai jeté l'arc à terre comme s'il était en feu et ai levé les mains en l'air pour signifier que je ne représentais pas un danger.