Chapitre 24 : départ

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Je sors de la villa après l'entrevue avec Scipion et Émilia complètement abasourdie. J'ai l'impression d'avoir une enclume sur le crane. J'ai du mal à me rendre compte de ce qui vient de se passer. J'ai été rachetée, par un général romain, je pars cet après-midi dans un lieu que je ne connais pas, servir une personne que je ne connais pas non plus. C'est trop d'un coup, je m'effondre sur le sol, mes forces m'abandonnant et me met à pleurer.

C'est dans cet état que me retrouve Émilia quelques temps plus tard. En me voyant ainsi, elle se met à pleurer également et me prend dans ses bras.

- Je suis sincèrement désolé Roxana, je ne sais pas pourquoi Scipion fait tout cela.

Moi je sais, il m'enlève de sa vue pour éviter de trop souffrir, mais est-ce une raison pour chambouler autant ma vie ? Ce n'est pas comme si j'avais voulu qu'il tombe amoureux de moi. C'est injuste, je n'ai rien fait et c'est moi qui suis punie.

- Ex... excusez-moi madame, mais... je...je dois...aller rassembler mes affaires. Dis-je en bégayant, mon élocution rendue difficile par mes larmes.

- Ah oui pardon.

Nous nous relevons toutes les deux et je m'apprête à partir avant qu'un doute ne me vienne à l'esprit.

- Excusez-moi madame, mais savez vous qui m'a acheté ? Votre époux a juste fait mention d'un général romain.

- Je suis désolée Roxana, mais je n'en ai pas la moindre idée. L'affaire s'est conclue via l'envoie de lettres et il n'y avait pas de sceaux sur ces dernières.

Pas de sceaux ?! Alors c'est sans doute le général d'une famille de moindre importance, peu représenté dans cette ville.

Avec un soupir, j'essuie mes dernières larmes et avance vers la hutte médicale. Lorsque j'y entre, Otho est assis sur le lit, m'attendant.

- Alors tu es au courant...

- Depuis peu mais oui.

- Tu comptais m'en informer quand ?

Je sais que ce n'est pas de sa faute, mais je ne peux pas m'empêcher d'être agressive.

- Notre maître m'a juste dit hier soir que j'allais devoir trouver quelqu'un d'autre pour m'aider, j'en ai donc conclu qu'il veux te changer de poste. Vas-tu devenir la musicienne attitrée de notre maîtresse ?

- Ce n'est pas ma maîtresse.

- Tu es encore avec ça ?! Écoute je sais que...

- Non Otho, littéralement. Émilia n'est pas ou plutôt n'est plus ma maîtresse.

Une expression de confusion apparaît sur le visage d'Otho.

- Qu'est-ce-que tu veux dire ?

- On m'a racheté, je pars cet après-midi servir un nouveau maître que je ne connais pas. Je suis venu faire mes bagages.

S'il n'était pas déjà assit, mon mentor se serait effondré sous le choc.

- Mais...mais...mais ce n'est pas possible.

- Je t'assure que si.

Je laisse Otho se remettre et commence à réunir mes affaires. Bien que peu nombreuses, je vais en avoir besoin dans mon nouvel emploi. Alors que je suis en train de ranger des bols dans ma besace, Otho m'attrape le poignet et me force à le regarder.

- Tu ne vas pas partir.

Hein ?! Euh qu'est-ce qu'il me fait là ?

- Tu sais bien mieux t'y prendre que moi avec les patients et je n'ai quasiment pas eu besoin de te former. En plus tu m'as aussi fait apprendre pleins de choses sur la médecine, tu ne t'en peut-être pas compte mais beaucoup de personnes ici t'apprécie, je refuse que tu partes, je vais aller parler au maître, il m'écoute tu sais et...

Si seulement... Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant