veille

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— Et un bubble tea pêche pour moi ! annonça la petite brune avec un grand sourire.

— Mila, tu sais bien que tu ne peux pas en prendre, murmura discrètement son frère.

La brune gonfla ses joues, frustrée. Bien sûr qu'elle savait qu'elle ne pouvait pas. Mais bon, qui ne tente rien, n'a rien !

— Oui, je sais, râla-t-elle sans méchanceté, juste pour le principe.

Elle était déjà un peu énervée : on l'avait bousculé à deux reprises sur le chemin, et sans même recevoir d'excuses après coup. Ce n'était pas surprenant – le contraire l'aurait été – mais c'était une constante dans la vie de la brune à laquelle elle ne parvenait pas à s'habituer.

Malo récupéra rapidement sa commande et sortit du coffee shop, sa sœur sur les talons. Son ami d'enfance l'attendait quelques mètres plus loin, assis en tailleur à même le sol, plongé dans un bouquin. Il avait l'air un peu ailleurs, installé ainsi, ses cheveux blonds lui cachant son environnement.

— Je ne suis pas en retard, j'ai juste pris le temps de te commander un thé glacé, précisa Malo en arrivant à sa hauteur, tout en lui tendant son gobelet.

Colin leva les yeux, et son visage s'illumina à la vue de sa boisson favorite. Il referma son roman et le glissa en vitesse dans son sac, avant d'attraper le thé à la framboise et d'en boire une gorgée.

— Merci, c'est justement ce dont j'avais besoin !

— Au moins, toi, tu as à boire, rouspéta Mila, ce qui lui valu un regard de son frère.

Elle leva les mains en signe de paix, et mima une fermeture éclair scellant ses lèvres afin de démontrer sa bonne foi. Même s'ils savaient tous les deux qu'elle ne tiendrait que quelques minutes avant de faire à nouveau une remarque. Du haut de ses neuf ans, Mila avait la langue bien pendue.

— On se pose au parc ? proposa Colin.

Son ami acquiesça, et ils se dirigèrent sans attendre vers l'espace vert. Le temps était au beau fixe, et malgré un petit vent frais, il était plutôt agréable d'être dehors, même sans veste. Ils s'installèrent sur les balançoires, comme lorsqu'ils étaient petits, et Colin commença à se balancer doucement, tandis que Malo sirotait son éternel chocolat chaud. Sa sœur savait que, lorsqu'ils seraient en plein été, il continuerait de prendre cette boisson. Elle trouvait qu'il exagérait parfois un peu – enfin bon, se connaissant, elle aurait été capable de boire un bubble tea même s'il faisait –10°C.

De son côté, le blond avait fini sa boisson avant même d'arriver au parc. Le gobelet avait été beaucoup trop petit à son goût. Il s'était donc lancé dans un balancement de plus en plus haut, mettant à l'épreuve la balançoire qui était sûrement aussi vieille que lui.

— Au fait, tu as entendu la nouvelle ? demanda-t-il alors, arrêtant soudainement de se balancer.

Colin passait ses week-ends en tant que bénévole à la mairie. Il n'avait pas de poste fixe, alors il touchait un peu à tout. Accueil, administratif, il animait même les après-midis jeux avec les pensionnaires de la maison de retraite. Par conséquent, il était une vraie mine à potins : il attrapait tout ce qui se disait sur leur petite ville.

— De quoi tu parles ?

D'habitude, le blond se réjouissait de transmettre les infos à son ami d'enfance. Mais pour une fois, il affichait un air sérieux, ce qui inquiétait un peu Malo.

— Ils vont raser la grange près du parc, elle devient trop dangereuse.

Le brun se mit à fixer la cage à poules à quelques mètres d'eux, où sa sœur s'amusait à faire le cochon pendu. Il n'aimait pas vraiment cette construction : petit, il avait toujours eu peur de tomber une fois arrivé en haut. Mila, elle, l'avait toujours escaladé sans problème, et pouvait passer des heures à son sommet.

— Ce n'est que maintenant qu'ils le réalisent, ajouta Colin en soupirant, même après ce qui est arrivé à Mila...

Malo sauta sur ses pieds, affichant un sourire qui se voulait rassurant.

— Tu sais quoi ? Tant mieux.

En voyant que son frère se préparait à sortir du parc, Mila descendit de son perchoir et le rejoignit en quelques secondes. Elle n'avait pas entendu le début de la conversation, et Malo se dépêcha d'y couper court, ne voulant pas s'éterniser là-dessus.

— Qu'ils la détruisent, cette grange. Au moins, plus personne ne se blessera en allant là-bas. Ou pire.

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