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Sous mes doigts, je sens les battements saccadés de son cœur. Nous restons immobiles au milieu des autres patineurs, le regard accroché à l'autre. Même si c'est complètement idiot et insensé, j'ai une envie féroce de l'embrasser. J'essaie de refouler l'idée de goûter à ces lèvres parfaitement dessinées, et qui s'étirent en un sourire charmeur.

Du calme, déesse ! Cet homme va se marier !

Avec courage, je le repousse doucement.

— On devrait quitter cette patinoire avant que je ne me casse une jambe, lancé-je avec légèreté.

Il acquiesce d'un signe de tête, puis m'aide à recouvrer la terre ferme. Nous nous débarrassons de nos patins, pour continuer notre promenade à travers le marché. Bizarrement, un silence pesant s'est installé. Il doit être autant gêné que moi, ce que je cautionne. Ange met fin à cette pause forcée en premier.

— Tu veux bien m'excuser un moment, je dois saluer quelqu'un !
— Euh ! Oui ! Pas de problème ! Je vais fureter un peu de ce côté ! dis-je, en désignant le magasin de jouets qui se trouve au coin de la rue.

J'exécute une petite marche arrière sous son regard rieur, et rejoins ledit magasin. Devant la façade, un Père Noël agite une petite clochette en lançant des « joyeux Noël » à tous les nouveaux arrivants. Je lui souris en passant sur sa droite.

— Nicole Brown ! s'écrie-t-il joyeusement.

Je stoppe aussitôt, l'air abasourdi.

— Comment connaissez-vous mon nom ?
— Le Père Noël connaît tout le monde, mon petit !

Je ricane. Bien que j'adore cette période de l'année, faite de rêves et d'illusions, je suis obligée de remettre en cause l'existence du bonhomme à la barbe blanche. Ce petit subterfuge fonctionnait lorsque j'étais enfant, j'ai vingt-cinq ans à présent.

— Mais bien sûr ! répliqué-je, le nez pincé.

Je croise les bras sous ma poitrine et le toise avec ma suspicion légendaire.

Tiens ! Je viens de me trouver un point commun avec Mademoiselle Future Épouse !

— Il est peut-être temps que je réalise ton plus grand souhait !
— De quoi parlez-vous ?
— Tu ne te souviens pas de la lettre que tu m'as envoyée ?

J'ouvre des yeux ronds. La lettre ? Bien évidemment que je m'en souviens, et plus encore depuis mon arrivée ici. Ce mariage le jour de Noël ravive une convoitise et un désir de gamine.

— Comment...
— C'est mon petit secret ! me coupe-t-il en posant son index sur sa bouche.

Mon pessimisme reprend du service.

— De toute façon, c'est impossible ! L'homme de ma vie m'a lâchement abandonné pour quelqu'un d'autre.
— Il n'était peut-être pas celui que tu attendais !

Je pouffe.

— N'importe quoi !

Il tend sa main et lance d'un air malicieux :

— Regarde !

Je tourne le visage dans la direction qu'il me donne. Des promeneurs vont et viennent sur le marché, mais ce qui aimante à la seconde mon regard, c'est Ange. D'une démarche assurée, la bouche parée d'un sourire craquant, il avance vers moi. Je ne sais pas ce que ce vieil homme essaie de me faire comprendre, pourtant mon cœur s'agite bizarrement.

Ange ! L'homme de ma vie ?

Bien que mon cœur me joue la sérénade, ma raison reste pragmatique. Il n'est pas question que je tombe amoureuse de lui.

— Je ne comprends pas ! répliqué-je en me recentrant sur ce Père Noël.

Je me fige un instant. Il a disparu. Surprise, je pivote sur moi pour le chercher. Il est introuvable.

— C'est impossible ! murmuré-je.
— Qu'est-ce qui est impossible ?

Je sursaute en entendant la voix d'Ange.

— Il y avait un Père Noël, ici ! Je lui parlais et il s'est volatilisé.

Mon air choqué le fait rire.

— Le Père Noël, hein ! Et que t'a-t-il dit ?

Ma fierté vient de se faire toucher de plein fouet. Mon histoire lui paraît complètement ridicule. Pourtant, je redresse le menton et lui avoue :

— Il va réaliser mon plus grand souhait !

Ange et Boule de NeigeWhere stories live. Discover now