À toi, dans mille ans

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J'écoute les poètes
Qui aiment comme des jeunes filles
Et je suis une jeune fille
Incapable d'aimer comme un poète

J'écoute des chansons d'amour
Sans comprendre leur sens
Des gens prétendre vouloir être la chose de quelqu'un
Sans désirer qu'on me possède
Un homme attendre une peine de cœur au bord d'une fontaine
Sans avoir la patience de rester debout pour qui que ce soit
Une femme crier que l'amour fait mal
Sans avoir hurlé pour ce sentiment étranger et trop fragile
Je me sens comme un imposteur
Et peut-être que j'en suis un quand je bois leurs mots sans frémir

Mais mon être comprend
Il comprend car il sait qu'il te rencontrera
Dans un, deux, dix, cinquante années
Je tomberai sur toi
Au soleil
Dans la pluie
Sous le métro
Derrière les flocons
À gauche de ton collègue
Sur le pont d'une rivière
Noyé dans ton visage
Je comprendrai ce que voulaient dire les poètes

Je me dirai
Dieu merci
D'avoir fait s'entrechoquer nos mondes
D'avoir explosé mon venus
Éveillé mon mars
Purifié mon pluton
Apaisé mon jupiter
Je suis athée
Mais pour toi je prierai comme un fou
Jusqu'à ce que mes genoux saignent
Que mon souffle se coupe
Et que mes mains tremblent de fatigue
Et non de toi

Je serai hypnotisé
Par ta beauté
La vraie
Tu me trouveras étrange
D'être aussi obsédé par toi
Tu ne comprendras pas
À quel point cette guerre interminable
Dans laquelle tu m'as donné le drapeau blanc
Aura été douloureuse en ton absence
Je pleurerai de soulagement
Dans tes bras timides
Et je le répéterai
Dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci dieu merci

Je pourrai t'embrasser sans recracher
Je pourrai te serrer sans hyperventiler
Je pourrai te toucher sans mourir
Je pourrai te donner sans regretter 
Je pourrai te sentir sans répugner
Je pourrai t'admirer sans abhorrer
Je pourrai t'écrire sans hésiter
Je pourrai enfin
Je pourrai enfin aimer
J'en aurai enfin le droit
Car je t'aurai trouvé

Les temps ternes Where stories live. Discover now