Chapitre 5.2 🌖 « Je te tiens. »

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Notre sapin naturel, aux décorations sublimes, trône dans l'angle du séjour. À ses pieds, une montagne de cadeaux auprès desquels Logan et Livia,  les enfants de mon frère,  s'amusent avec Yhan, Ronin et Ásgard – leur chienne louve de Saarloos. Cette dernière est aussi  adorable que  sociable, mais méfiante avec les étrangers. Une caractéristique des loups. Ses maîtres ont d'ailleurs été assez étonnés qu'elle accoste presque naturellement mon mari alors qu'elle ne le connaît pas. J'oberve avec joie tout ce petit monde s'animer.

Un feu douillet illumine la cheminée, au-dessus de laquelle sont accrochées des chaussettes aux noms des enfants et de nos fidèles compagnons.  Mon regard affectueux dévie vers le jardin d'hiver, dont le réaménagement est pratiquement terminé. J'ai adoré aider et observer mon Yu-Han s'y atteler ces derniers jours. Il n'y a pas à redire, même couvert de terreau, il reste sexy à s'en damner !  Diverses plantes au sol et dans les suspensions aux poutres apparentes du plafond donnent vie à cet espace de détente, chauffé par plusieurs radiateurs d'appoint savamment placés. C'est donc dans cette pièce  ravivée par ses soins  que nous accueillons ce soir la famille. 

Lumineux grâce à sa toiture vitrée et cosy à souhait, l'endroit ravi autant  Madeline, Abigaïl et mes parents, que mon beau-père. Confortablement installés sur le  canapé circulaire en bois d'osier, dos calés contre des coussins, tout ce beau monde   déguste les amuse-bouches disposés sur la table des apéritifs. Si l'épouse de mon frère n'avait pas contribué à la préparation aux côtés de ma mère, nos invités n'auraient sans doute goûté que des plats issus de notre culture afro-canadienne.

— Selon toi, est-ce possible de vomir des boules et des guirlandes de Noël ?

Debout à la cuisine, j'esquisse un léger sourire en jetant un coup d'œil à mon frère. Accoudé face à moi sur le plan de travail, il descend d'une traite son verre de scotch.

— Aucune idée, mais tu risques de vomir tout autre chose si tu ne réduis pas la cadence.

Dawn ricane et me bouscule gentiment.

— Je ne suis pas une petite nature, moi !

Je secoue la tête en levant les yeux au ciel, sans rien rétorquer. 

Lui et moi sommes le jour et la nuit. Que nous ayons des caractères si opposés est très cocasse quand nos prénoms ou même nos traits physiques se font écho. Malgré quelques désaccords ponctuels, mon aîné et moi avons une relation complice. Il n'a jamais été amateur du remue ménage entourant les fêtes de Noël, d'où sa remarque. L'année de ses onze ans, il a même frappé un Père Noël ! Imprudent, ce dernier s'était penché vers le gentil garçon qu'il pensait Dawn être afin de lui proposer de grimper sur ses genoux. Je n'avais que neuf ans, mais je crois que toute la famille se souvient encore de cette scène catastrophique. On en rit souvent, à présent.

— J'ai vu les gros titres, hier. Vous aussi ? reprend Dawn, d'un ton plus discret, après une courte pause.

— Mh, mh...

J'aurais dû m'y attendre. Il ne tourne jamais autour du pot, ce qui le rend parfois très ''brute de décoffrage''. Cela m'étonne encore parfois qu'une crème comme Madeline ait accepté de l'épouser. Mais même s'il se fiche royalement de l'opinion des gens à son sujet, le bien-être et la sécurité de sa famille, au sens large, restent des priorités absolues chez mon frère.

— Alors, comment a-t-il réagit en voyant la photo de son avis de recherche ? 

— En se renfermant complètement, admets-je dans un soupir. 

Ça aurait pu être pire.

— C'était aussi le jour de votre fête pour animaux, souligne Dawn. Les gens ont dû le regarder en biais et jaser en soum soum.

Souvenirs RefoulésWhere stories live. Discover now