Chapitre 7

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                             Louis
                          10 et 11 ans

Je la vois disparaître derrière les portes de l'école.
On se dirige vers notre classe.
Assis à ma place, je regarde les autres collégiens.
Je ne connais personne.
Aucune tête familière.
Pas d'Addie Carter.
Je lis mon horaire distribué par la prof.
Je n'ai aucun cours commun avec ma meilleure amie.
C'est bon, c'est officiel, je vais rester seul toute l'année.
Je ne suis pas quelqu'un qui aime parler et ce depuis tout petit.
Je suis introverti et me faire des amis, c'est compliqué pour moi.
Il n'y a que en compagnie d'Addie que je m'exprime vraiment.
Elle est ma seule amie et si elle n'était pas venue me voir lors de notre première rentrée, je serai resté dans mon coin, sans discuter avec les personnes de ma classe.
Il y avait que très peu de mes camarades qui bavardaient avec moi, mais ils le faisaient pour Adélaïde. Elle est cool et tout le monde veut être son ami.
Beaucoup ne comprenais pas comment elle a pu être ma meilleure amie.
Moi non plus, je ne comprends pas.
Elle est si...incroyable.
Cependant, Addie s'en fiche des avis des autres.
Elle m'a, plusieurs fois, dit qu'elle ne m'échangerais pour rien au monde.
Je soupire.
Notre prof principale s'appelle madame Watson. Elle a l'air sévère avec son chignon, ses lunettes carrées et ses lèvres pincées.
Tout le contraire de mademoiselle Laurence.
Je souris en repensant au jour où j'ai rencontré cette prof exceptionnelle et, en même temps, Addie.
Deux Carter qui ont toujours cru en moi.
Je quitte mes pensées lorsque j'entends le gars, installé à la table qui se trouve à ma droite, discuter avec son autre voisin de table.
- Pff, regarde le bigleux. Il sourit tout seul.
Je me crispe.
Il parle de moi.
Il me lance des petits coups d'œil.
- Il est peut-être en kiff sur la prof, lui répond son ami. En plus, ça se voit qu'il est seul et ne possède aucun pote.
- Sûrement. Qui voudrait être en sa compagnie ? Regarde sa tronche.
Je serre mes poings de toute mes forces au point d'enfoncer mes ongles dans mes paumes.
Ne les écoute pas, Louis.
- Allez, Kyle, arrête de l'embêter. Il ne mérite pas d'être attiré par ton attention.
- Avec ses lunettes, il ressemble à un hibou ou Harry Potter. À toi de choisir, Ian, murmure Kyle.
- Je me pencherais plus sur la tête d'hibou.
Je ne sais plus contenir mes larmes. Je dois vite sortir de cet endroit avant de montrer que leurs remarques m'affectent.
- Madame Watson ?, dis-je en levant ma main tremblante.
- Oui monsieur...
- Winterson. Est-ce que je pourrais aller aux toilettes, s'il vous plaît.
Elle regarde l'heure sur sa montre.
- Oui, mais revenez au plus vite.
- Merci, je lâche avant de quitter cette classe.
Dans le couloir, les larmes commencent à couler.
Addie n'est même pas là pour me défendre.
Je sais que je dois le faire moi-même, mais j'en suis incapable.
Je ne suis qu'un froussard.
Je me dirige vers les toilettes.
Sur mon chemin, au loin, je croise une fille avec un carré brun et habillée en noir et blanc.
Adélaïde.
Je cours pour la rejoindre et la prends dans mes bras.
Elle sursaute, au début, mais se calme en apercevant que ce n'est que moi.
- Winter, tu m'as fichu une de ces trouilles. Pourquoi t'es ici ?
Je sanglotte et continue à pleurer.
- Louis ?, demande Addie d'une voix remplie d'inquiétude.
- Ils me traitent d'hibou.
- Hein ? Qui ?
Je ne dis rien et pleure encore contre son épaule.
- Louis, parle. Qui t'as dit ça ?
- Deux garçons de ma classe. Ils ont aussi déclaré que je n'avais pas d'amis.
Addie lâche un soupire.
Elle a sûrement marre de moi.
Je me détache d'elle, mais elle m'attire contre elle.
- Non, je n'ai pas marre de toi. Jamais tu ne m'énerveras
- Comment tu as su ce que je pensais ?
- Connexion, dit-elle avec un petit sourire. Winter, ne les écoute pas. Ceux sont juste de gros cons.
J'écarquille les yeux car ni elle ni moi n'utilisons ce type de mots.
- Je vais t'apprendre une leçon de vie, Winter.
Je pouffe.
- Dans notre existence, on croise trois types de personnes. Ceux qui deviendront tes amis et feront tout pour que tu te sentes bien.
- Comme toi.
- Oui et comme toi aussi, Louis. Il y aussi ceux qui deviendront tes amis, mais qui te planterons un couteau dans le dos, plus tard.
J'acquisce.
- Et il y a ceux qui vont te jalouser et ces personnes vont te rabaisser. Ces deux gars de ta classe appartiennent à la dernière catégorie. Ils sont juste jaloux de toi.
- Mais ils ne me connaissent même pas.
- Des fois, les gens sont jaloux simplement en posant les yeux sur quelqu'un.
- Pourquoi ?
- Parce qu'ils pensent que dans leur vie, tout va bien, alors que ce n'est pas forcément le cas.
- Tout va bien chez moi, je chuchote.
- Je sais, Louis, mais ils ont décidé d'être comme ça. Je pense qu'ils ont remarqué que tu es quelqu'un d'incroyable et qu'ils n'arriveront jamais à ton niveau. Malgré tout, tu ne dois pas les écouter car leur objectif est que tu te sentes mal et commence à te haïr. Je ne veux pas te voit ainsi, Louis. Ok ?
- Ok, je lâche. On t'a déjà dit que tu es une philosophe et psychologue hors pair ?
Elle sourit de toutes ses dents.
- Non, jamais, mais je suis contente que ce soit toi le premier qui le dise.
- Merci, Addie. Tu m'as remonté le moral.
- De rien. C'est le but des meilleurs amis. Je dois te laisser. On a beaucoup papoter et du coup, je n'ai pas eu le temps d'aller à l'endroit que je rêve en ce moment.
Je la dévisage, perplexe.
- Qui est ?
- Les toilettes, Winter. J'ai une envie pressante !



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