Une ambiance feutrée. Des murs revêtus de luxueuses tentures ou par des tableaux loufoques. Aucun son détecté par Jeongguk. Il commença à arpenter l'appartement de Taehyung avec curiosité, car certaines pièces lui étaient encore inconnues. Il avançait de manière lente et attentive, tel un félin. Il scrutait chaque détail avec une minutie peu commune. Rien n'échappait à son oeil de lynx. Il arborait un sourire mesquin, presque sournois, car il voulait surprendre Taehyung.
Ils s'étaient rencontrés dans un bar à Gangnam. Cela ne faisait pas longtemps qu'ils étaient ensemble, et pourtant ils étaient inséparables, comme si c'était une évidence.
Puis il le vit.
Son cœur battit la chamade. A chaque fois qu'il le voyait il le retombait amoureux. Il resta en retrait pour le contempler. C'était toujours comme ça avec Taehyung : on ne peut pas résister à son charme tellement il est ensorcelant. Ses cheveux dorés flirtaient avec la douce lumière du soleil crépusculaire.
Taehyung se retourna, puis lui fit signe d'approcher. Mince, il avait raté son coup, Taehyung devait savoir depuis le début qu'il était dans son appartement luxueux. Malgré toute la nonchalance dont il faisait preuve, Jeongguk compris que quelque chose clochait. Etait-ce le ciel violet qu'il voyait à travers la grande fenêtre du salon ? Ou alors le fait que tout à coup il se sentit aussi détendu et nonchalant que Taehyung ? Ou que Taehyung était assis sur le garde corps du balcon comme s'il allait sauter ? D'ailleurs pourquoi était-il chez Taehyung ? Que faisait-il avant d'atterrir ici ? Jeongguk commença à avoir l'esprit un peu embrumé, sans vraiment en connaître la cause. Arrivé à la hauteur de Taehyung, il vit à quel point il était las. Las de tout. Il lui demanda ce qui n'allait pas : "Pense-tu qu'il y ait quelque chose après la mort ?
-Je ne sais pas ... Pourquoi pas ? Personne n'a jamais prouvé le contraire non plus, répondit Jeongguk, trouvant cette question un peu surprenante.
-Moi, je pense que la réponse est oui. Mais personne n'est jamais revenu pour nous le raconter...
-Taehyung que se passe-t-il ?", s'enquit Jeongguk, troublé par la tournure que prenait cette conversation.Taehyung laissa volontairement la question en suspens. L'atmosphère devenait pesante. Ils semblaient attendre quelque chose. Mais quoi ? C'était comme si le temps s'était arrêté. Aucun des deux ne prit la parole, absorbés par ce ciel violet et ses nuages roses. Puis Jeongguk se sentit de nouveau perdu. Comme si quelque chose d'évident se tramait et qu'il était le dernier au courant. Comme lorsque l'on a un mot sur la langue et qu'on n'arrive pas à s'en souvenir. Il comprit que cela devait avoir un rapport avec Taehyung et son comportement plus que préoccupant. Malgré cela, il se tut et attendit que son âme sœur se mette à lui expliquer la situation. Malheureusement pour celui-ci, il répondit totalement à côté de la plaque : "Est-ce que tu sais que tu es l'être le plus beau qui existe dans cet univers ?, s'enquit Taehyung. Jeongguk rougit et lui rendit le compliment. Quelque chose clochait.
"-Tu sais, rien n'est éternel mon amour. Tu devrais profiter du temps qu'il te reste.
-Mais Taehyung, explique-moi à la fin, ou je vais devenir fou, le supplia Jeongguk.
-Souviens-toi, lui répondit seulement Taehyung.
-Me souvenir de quoi ?, répondu Jeongguk en lui caressant tendrement les cheveux. Taehyung y réagit en ce penchant vers Jeongguk pour que sa tête se repose sur son épaule.
"Je t'aime. Souviens-toi.", puis il l'embrassa langoureusement. Ensuite, il le regarda d'un air espiègle. Ce furent les derniers mots que Taehyung prononça avant de sauter du balcon. Jeongguk ne sachant pas que Taehyung allait sauter, réagit une seconde trop tard et n'eut pas le temps de le retenir. Son cœur rata un battement. Il se précipita pour regarder en bas : aucun cadavre en vue, seulement des nuages à perte de vue. Ou était-il passé ? Jeongguk n'hésita pas à sauter à son tour. Rien ne pourrait l'emêcher de se mettre entre lui et Taehyung. Pas même la mort.
Tout devint noir autour de lui.
Jeongguk se réveilla, dans le noir. Enfin, c'est ce qu'il cru. Il avait en effet un ruban opaque de soie noire qui lui couvrait les yeux. Il s'assit et tenta de l'enlever, mais n'y parvint pas, car ses poignets étaient également noués. Quand il se mis debout, il se rendit compte qu'il était aussi attaché derrière. Ses efforts pour se libérer furent vains. Soudain, il entendit un petit ricanement reconnaissable entre tous : Jimin. "Jimin libère-moi s'il-te plaît ! Ce n'est pas drôle, commença à bouder Jeongguk.
-Jamais !", puis il se remit à rire. Malgré le fait qu"il reconnaissait sa voix et son rire, quelque chose dénotait. Comme si ce n'était pas vraiment lui. Et puis pourquoi l'avait-il fait prisonnier de ces liens ? Jeongguk chercha une explication à cela mais n'en trouva pas. Il devait être devenu fou se dit-il. Il n'y avait rien de logique dans cette situation. Jimin finit par lui enlever son bandeau sur les yeux. Il put enfin voir où il se trouvait. Il fut surpris de voir Jimin habillé aussi chic, car il était plutôt partisan des tenues décontractées d'habitude. Il portait une belle chemise à motifs avec un pantalon noir. Ses cheveux étaient argentés et coiffés sur le côté. Il n'avait jamais semblé être aussi beau aux yeux de Jeongguk. La pièce, quant à elle, était décorée avec goût et était très spacieuse."Qu'est-ce que je fais ici Jimin ? Et pourquoi suis-je ton prisonnier ?
-J'admire ta naïveté, Jeongguk. Tu es tellement insouciant... Mais ça n'est pas forcément quelque chose de positif.
-Quoi ? Comment ça ?
-Souviens-toi.
-Mais je ne vois pas de quoi tu parles ! -Pourtant tu devrais... En plus tout ça c'est toi qui l'a causé... Tu ne t'en souviens vraiment pas ? Il faut que tu te souvienne.
-Je ne comprends toujours pas", souffla Jeongguk, totalement désespéré. Il se laissa glisser sur le sol, complètement perdu. Il ne se souvenait plus de ce qu'il avait fait hier, ni comment il était arrivé ici. Son prénom semblait être la seule chose dont il était sûr. Il se tira les cheveux. Il ne comprenait rien à rien. Jimin finit par lui enlever les rubans qui nouaient ses poignets. Puis soudain, une porte apparut sur le mur où était maintenant adossé Jimin, l'air moqueur et condescendant. Cette porte avait-elle toujours été là ? Où venait-elle tout juste d'apparaître ? Il se releva et se dirigea vers celle-ci, devinant que Jimin n'allait pas l'en empêcher. "Souviens-toi, Jeongguk". Tout redevint noir.
