Être avec toi 一緒に [Mikey X OC]

Chapitre 10 : Encore vivante

Me redresser relève de la torture. Selon mes souvenirs, je pense préférer largement un coup dans les côtes que cette douleur qui assaille mon corps de bon matin. Mes muscles froids tirent dans tous les sens et la raideur de mes membres me rappellent chaque seconde la raclée prise. Sur le dos, la bouche entrouverte, Mikey dort encore à poings fermés. Je ne sais plus si notre conversation de la veille avait un quelconque sens. Qu'importe, je lui demanderai de me payer le prochain restaurant en échange de la vengeance que je n'aurais jamais. Dehors, j'entends une moto rugir. Pas difficile de reconnaître le pot d'échappement de mon frère, qu'il a trafiqué sans grand succès il y a quelques mois. J'enjambe mon hôte pour sortir du lit et me traîne jusqu'au miroir. Sous mon t-shirt, mes bleus s'élargissent. Un vrai pot de peinture.

- Hiyo ?

Je me retourne vers Mikey, toujours les yeux fermés, sa main posée sur l'emplacement que je viens de quitter.

- Je suis encore vivante. Ken vient me chercher.

- Hum.

Il grommèle tout en se redressant, les paupières toujours closent. Ses cheveux hirsutes le rajeunissent. J'ai l'impression de le revoir à notre rencontre. Du jour au lendemain, mon frère m'annonçait avoir trouvé un meilleur ami pour la vie. Je n'y comprenais pas grand chose, mais comme ce nain blond semblait sympa, j'ai juste haussé les épaules.

- J'y vais.

Je récupère mon collier cassé sur la table basse et m'approche du lit. Il ne lève même pas la tête. Il doit encore dormir. De toute façon, il ne lui faut pas moins d'une heure avant de réellement émerger. Raison pour laquelle il arrive toujours en retard. J'hésite à le pousser pour qu'il se recouche ou lui donner une pichenette sur le front parce que je ne suis pas encore apaisée. En fait, je veux juste lui montrer à quel point je suis reconnaissante. Il m'a sauvé la vie. Il le sait, sans doute. Il s'en fiche, sans doute. Je pourrais l'appeler à l'aide à l'autre bout du pays qu'il viendrait. Il trouve ça normal. Je ne sais pas quoi dire. Merci ? Il déteste encore plus ça que les excuses. Je ne trouve rien, et Ken m'attend en bas. Je me penche lentement vers lui, pose mes mains de part et d'autre de sa tête et l'embrasse dans les cheveux. Ils sont doux, épais, étonnement propres, et sentent le gel douche deux en un que j'ai utilisé hier.

- Je te dois une vie, murmure-je avant de lui tourner le dos.

C'est en passant devant le miroir que je croise ses yeux, partagés entre étonnement et contentement. Difficile à déchiffrer. Je ne sais jamais ce qu'il se passe dans sa caboche. Arrivée au pied de l'immeuble, le soleil m'aveugle. J'avance en clopinant vers mon frère qui m'accueille d'une main sur la tête.

- J'ai acheté de quoi faire des takoyakis, me lâche-t-il comme le meilleur des bonjours.

Je lui offre mon plus beau sourire et grimpe sur sa moto pour rejoindre le bordel et me changer. Je tente de me faufiler jusqu'à notre chambre, en vain. Mama se plante devant l'escalier et me détaille de haut en bas.

- Tu vas faire fuir les clients, lâche-t-elle dans un soupir.

- Ken a une tête pire que la mienne au quotidien et ça ne te gêne pas.

La remarque lui arrache un rire. Moi aussi, mais mes abdos me rappellent à l'ordre. Mama se tourne vers mon frère.

- Ken, prends soin d'elle.

- Elle a cent frères pour la protéger, ironise-t-il en balayant la remarque de la main. Mais elle trouve quand même le moyen de se faire tabasser.

- Court, ou je te tue.

Mes menaces tombent à l'eau à la seconde où j'essaye, moi, de courir.

[Chapitre très court pour aujourd'hui, mais c'est pour mieux vous gâter sur les prochains, promis !]