Un mensonge entre nous

1

Début d'écriture : Fin janvier 2023

Londres ne parlait que de son arrivée en ville. Les médias l'avaient descendu pendant près de cinq ans, en le roulant dans la boue et maintenant qu'il venait de refaire surface, tous tentaient de se racheter en lui dédiant des reportages valorisants et élogieux.

Mais Romeo Giacobo n'en avait que faire de tout ces hypocrites sans cervelle. On lui avait volé cinq ans de sa vie.
Cinq longues années durant lesquelles il avait été réduit au silence et où il s'était refusé d'utiliser sa fortune afin de se rendre justice.

Et puis un miracle s'était produit. Quelqu'un lui avait tendu la main sans qu'il ne s'y attende.
Toutefois, il ignorait l'identité de cette personne et se jurait de mener l'enquête pour la retrouver.
L'enquête avait donc été réouverte, le conduisant à retrouver sa liberté.

Romeo avait toujours su que sa patience allait finir par payer sans le moindre doute.
Pour dire vrai toutes ces années, il avait murement réfléchis à la manière qu'il allait utiliser pour se laver de toutes ces accusations abjectes. Le genre d'accusation capable d'anéantir un homme.

Et l'homme qu'il était aujourd'hui, n'avait plus rien à voir avec celui qu'ils avaient tous connu. Sa détermination et son envie de vengeance le conduisaient vers ce profil impitoyable et sans coeur.

La trentaine débutante, son regard sombre l'était davantage.
Ses épaules s'étaient élargies et sa musculature endurcie.
Seul son visage demeurait le même, à l'exception de cette mine sévère qu'il affichait constamment.

Installé dans cet appartement luxueux qu'il venait de s'offrir, Romeo observait par l'immense baie vitrée qui donnait sur le centre de Londres.

Ne sachant plus vraiment, s'il était heureux d'être ici. Parmi ce monde qui lui avait tourné le dos, parmi ces gens qui s'étaient montrés affreusement dur avec lui.

Romeo plongea sa main dans la poche de sa veste et en sortie un paquet de cigarettes. Il saisissait l'une d'entre elles pour la placer sur ces lèvres qui n'avaient plus approchées celles d'une femme depuis cinq années.

En avait-il souffert?

Beaucoup.

En voulait-il aux femmes?

Énormément.

Tellement, que plus jamais il ne pourrait en approcher une sans craindre sa perversité et sa conspiration.

La clope fumante, il inspira avec force, avant d'expirer la fumée par la bouche, laissant son beau visage se perdre dans cette brume chaude et blanche.

Voilà d'où Romeo allait devoir reprendre sa vie, réapprendre à vivre dans une société qui ne lui inspirait que du dégout et de la haine.

Son portable sonna sans le surprendre.
Il avança vers son bureau avec calme et jeta un regard sans émotion sur l'interlocuteur.

Aurelio. Son frère.

Mais Romeo n'avait pas envi de parler. Du moins pas tout de suite.

Il n'en voulait pas à sa famille. Elle était bien la seule à l'avoir soutenu, avec quelques un de ses amis.
Et aussi de cet ange gardien dont il ignorait l'identité.

Toutefois, une semaine après avoir retrouver cette sensation d'être un homme libre, Romeo ressentait le besoin d'être seul en priant pour qu'il aille mieux, à l'intérieur.
Rapidement.

Le milliardaire priait pour que son coeur parvienne à cicatriser et ses blessures pansées.
Sans réellement y croire.

Machinalement il tira sur le tiroir de son bureau et sortit l'une des nombreuses lettres qu'il avait reçu de cet inconnu qui lui avait tendu la main quand tous lui avaient tourné le dos.