le corps de dieu

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on a crié sur les toits notre amour d'ado, chaos
de fin du monde grotesque, notre amour trop gros.

puis, fatigués, on s'est regardé
longtemps
ma main a cherché la sienne
sa main a trouvé la mienne.
il s'est mis à pleuvoir,
la pluie qui sent l'avant soleil, le béton humide mais pourtant brûlant
les orages d'été
sa peau mouillée.

on a couru, main dans la main
trempés jusqu'aux os, tremblant comme des morts vivants
tellement plus vivants.

on a tapé à toutes les portes, tous les logis
une vielle dame nous a ouvert, nous a souri
nous a même servi un grand verre de lait chaud
puis
nous a montré
la chambre.

là-haut
lolita m'a allongé sur le lit,
défait mes vêtements lourd de pluie
je l'ai regardé faire,
fébrile.
ses doigts brûlants sont passés dans mon cou
sur mes joues
elles ont continué sur mes lèvres,
j'ai embrassé ses mains, ses poignets blancs

lo
li
ta
j'ai supplié toute la nuit ses doigts divins
de profaner mon âme, ma peau,
mes lèvres
de sanctifier mon esprit fou,
j'ai tracé du bout de l'index
le contour de ses seins roses, jaunes, blancs
sous la vielle lumière de la chambre grinçante

loli
ta
lo
lita
comme une incantation, pleine de ferveur
je prie ton corps-miel quand tu dors, embrasse ton front et me tait pour te laisser briller
fais moi toi tout entier, je ne suis qu'à toi
toujours toi
je sus pour toi, suis pour toi
prends moi comme une offrande, je t'offre tout ce que j'ai, et même ce que je n'ai pas ;
lolita

lolitaWhere stories live. Discover now