Chapitre 4 ~ Gabriel

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Une fois revenus sur la terre ferme, j'ai presque envie de baiser le sol. Je ne le ferai pas évidemment, il est recouvert de traces de pas boueuses et de fientes de pigeons. J'ai quand même frôlé la syncope à trois reprises, mais ça valait le coup quand je vois le sourire qu'affiche Elsa depuis tout à l'heure.

- Bon, ça y est, m'exclamé-je, je suis un vrai parisien ! En quatre ans que je suis ici, je n'étais jamais monté là-haut !

- Ça valait le coup, non ? La vue est incroyable !

- Beh, j'ai pas vraiment regardé. J'étais concentré pour ne pas tomber dans les pommes.

Elsa me tapote la joue en riant et je la trouve adorable avec son bout du nez tout rouge :

- Bien monsieur le vrai parisien, où allons-nous pour parfaire le cliché des parfaits touristes ?

- À l'endroit le plus romantique de Paris !

- Ton lit ?

- T'es aussi bornée qu'une autoroute, hein ? marmonné-je en l'attrapant par les hanches. Je te promets que je compte bien te mettre dans mes draps ce soir, mais pour le moment, je t'emmène à Montmartre.

- Très bien, susurre Elsa tout contre ma bouche, me provoquant un frisson dans la nuque, allons-y.

Ma belle brune s'écarte juste avant que je ne puisse l'embrasser et je ne peux m'empêcher de grogner de frustration. Je suis à deux doigts de la ramener chez moi, mais j'ai encore des choses prévues au planning. J'entrelace mes doigts aux siens et je la guide vers la bouche de métro.

Elsa freine brusquement devant les escaliers et son visage se renfrogne :

- On ne peut pas prendre un taxi plutôt ?

- T'es riche ?

- Non, c'est toi qui as un appart' à Paris. Moi j'ai un deux pièces avec vue sur le local poubelles.

Je ne peux m'empêcher de pouffer devant son air blasé :

- C'est mon arrière-grand-père qui a légué cet appartement à papa, sans ça je vivrais sûrement au milieu de ma boutique !

- Quoi ? s'exclame Elsa, faussement scandalisée. Tu n'es pas multimillionnaire ? Je rentre en Bretagne !

Elle feint de faire demi-tour et je la rattrape au vol pour l'embrasser sur le nez :

- Je suis riche de toi, c'est déjà beaucoup.

- Mais quel baratineur... Allez, allons nous faire avaler par les entrailles malodorantes de ce métro.

Nous descendons les volées de marches et parcourons le dédale des sous-sols pour attraper la ligne 6. Je me fraye un chemin parmi les voyageurs, Elsa dans mon dos. Elle a crocheté deux doigts à la poche arrière de mon jean pour ne pas me perdre.

J'ai choisi le bon wagon car il reste quelques places assises de libres, ici et là. Je me dirige vers l'un des sièges et laisse Elsa s'asseoir avant de me positionner devant elle, le bras en l'air, accroché à la barre de fer qui court au-dessus de ma tête. La jolie brune lève son visage vers moi, le nez froncé. Je sais qu'elle déteste le métro parisien, et je ne lui ai pas encore dit qu'on en avait pour environ une quarantaine de minutes.

Le brouhaha des conversations alentour couplé au bruit du métro sur les rails est presque assourdissant. Plutôt que de tenter de communiquer au milieu du bruit, Elsa entoure ma cuisse de son bras et pose sa joue sur ma hanche. Ses petites démonstrations d'affection me font toujours chaud au cœur. Quand je me souviens de la petite chose bougonne que j'ai rencontrée il y a trois mois, c'est le jour et la nuit. Bon, elle continue de râler. Pour ça elle ne changera sûrement jamais, mais elle s'ouvre de plus en plus et se permet des attentions qu'elle n'osait pas forcément au début.

Le Paris de la Saint Valentin (Une journée pour se dire oui)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant