COPS and love-Saison 2 Noah Hunter, le bon flic

Chapitre 5 - Raven (El Perla)

On me parle, mais je ne réponds pas. On rigole autour de moi mais je ne me mêle pas à l'hilarité du groupe. Tout simplement parce que comme à mon habitude, je suis celle qui est hermétique à pas mal de choses. Mais mon mutisme et mon apparente passivité sont parfaitement volontaires. Je tiens mon surnom de ma capacité à rester dans un stoïcisme bienveillant. Je suis la perle noire de El Diablo et nul ne peut ni n'a le droit de me critiquer.

Assise sur l'un des bancs délabrés que l'on trouve encore aux alentours du lycée, j'observe sans prendre part aux discussions mais sans en être exclue non plus. Tous sont là. Quand je dis tous, je veux parler du gang de la Calle Ocho. Il y a Sancho, qui fume un joint, Pedro et Nacho les jumeaux qui blablatent en même temps. Alors que je continue à étudier les réactions de chacun concernant la scène de tout à l'heure en classe, je n'ai de cesse de penser à ce prof, cet énigmatique monsieur Hunter.

Il a osé m'appeler Raven. Lui.

Qu'on soit clair : ou ce mec n'a franchement pas froid aux yeux ou il doit être suicidaire. Depuis mon arrivée au lycée, tout le monde sait qui je suis. J'ai veillé à bâtir ma réputation avant même de débarquer. Tout le monde à Santa Mente connait la légende del Perla.

Deux communautés sont majoritaires dans cette ville de moyenne importance : les Latinos et les Noirs. Durant des années, deux gangs, : Los Pomelos et le B113, se sont livrés une guerre acharnée qui a fait une bonne centaine de morts dans les deux rangs. Des Noirs contre des Latinos, des Blacks contre des Hispaniques et des familles endeuillées, des enterrements à la chaine, des rivières de larmes, des océans de regrets et des lacs de vengeance. Mais un jour, les chefs de ces gangs rivaux, lassés de se battre et de devenir la proie favorite de flics corrompus, ont organisé secrètement un pacte. Le chef de Los Pomelos, El Hermano, tenait les quartiers nord de la ville pour y écouler la came et il avait un fils. De son côté, le chef des B113, qui régnait dans le centre et le sud, avait une fille. Ils se sont entendus et ont projeté d'en finir avec cette bataille pour ne former qu'un seul et même gang grâce à leur enfant respectif. Le projet a été d'organiser leur rencontre et de faire en sorte que leur union crée l'alliance ultime des deux camps.

Et cela s'est bien produit malgré l'aspect arrangé de la chose. La première rencontre des deux jeunes gens a eu lieu dans la 8e rue du centre-ville. La magie a opéré. Ils se sont aimés. Ils se sont mariés et ils ont eu une petite fille : moi. J'ai hérité de la peau foncée de maman dont les descendants venaient d'Ethiopie. Ma chevelure longue et  lisse, je la tiens de mon père, connu pour la lourdeur et la noirceur de sa crinière qu'il gardait en queue de cheval. Mon caractère, je l'ai forgé seule. J'ai toujours voulu faire ce que je voulais et mes parents, même s'ils étaient les pires têtes brûlées de la Terre, n'ont jamais réussi à m'empêcher d'agir comme je le voulais.

Quand je suis partie il y a quelques années chez ma tante, personne ne s'en est étonnée et personne n'a cherché à me retenir. J'étais fille de gang et incontrôlable. Alors je suis allée vivre à Seattle et j'ai voulu prendre de la distance par rapport à tout ça.

Mais maintenant, je suis là, à la case départ. Je n'ai plus de parents, déjà morts depuis plusieurs années dans un tragique accident de voiture en voulant échapper à la police. Depuis le départ, je ne suis plus Raven mais El Perla. Je n'ai plus personne si ce n'est le clan et ma réputation de fille de gang. Tout le monde le sait et personne n'a jamais osé me défier là-dessus.

Alors pourquoi ce prof vient me contrer devant tout le monde ?

— Perla, m'interpelle Jùan, tu ne vas vraiment rien faire avec ce prof de mes couilles ? On est là, nous pour te venger !

Je le fixe lui ainsi que tous les autres. Je le sais, ils sont tous prêts à se plier à nos ordres du plus simple au plus terrible. Rien ne les fera reculer. Le gang de la Calle Ocho est le plus puissant du comté mais ce n'est pas grâce à moi. Mon absence et la mort de mes parents l'ont laissé orphelin. Heureusement, l'un des amis proches de mon père avait un fils, Jùan. C'est donc lui qui a géré. Il l'a même rendu plus fort et uni. Désormais, c'est la Calle Ocho qui domine le bizness de la ville entière, écartant sans cesse les assauts des gangs rivaux venant d'autres villes et déjouant les pièges des autorités.