Série Moon: Vivianne et le Loup

8

En sortant de la chambre, j'avais trouvé un large couloir en pierres vide. Pas le moindre meuble,pas âme qui vive, pas de tapisserie ou de sculptures, pourtant, vue la taille de l'endroit et la luxueuse chambre où j'avais été déposée, le maître des lieux ne devait pas manquer d argent. Seul l'écho de mes pas habillait les lieux.

J'avais avancé jusqu'à un escalier de pierres. Il menait à un vaste hall dallé, un candélabre sublime était suspendu au plafond mais aucune des bougies n'était allumée. D'ailleurs cela semblait faire des siècles que personne ne les avait allumées tant la poussière avait pu s'y accumuler. Je tournais sur moi même au milieu de cet espace gigantesque. Ou devrais-je aller?

Un filet de lumière provenait du bout du couloir. Je suivais cet indice sans trop savoir ce que je faisais.
L'homme était attablé au bout d'une longue table en bois. Nulle nappe ou argenterie ne l'habillait, mais un large cuissot de biche fumant, entouré de carottes rôties et d'autres mets dégageaient un délicieux fumet. Mon estomac se rappela aussitôt à moi.

A mon entrée, l'homme se leva et se dirigea vers une chaise voisine qu'il écarta de la table, a mon intention. J'avançais timidement et il glissa la chaise sous la table tandis que je m'installais, en parfait gentleman.
"- je dois vous remercier Monseigneur, de m'avoir sortie des griffes des brigands qui m'attaquaient. J'aurai été dépouillée sans votre intervention."
"- et bien pire que ça. C'est à votre fleur qu'ils en voulaient ma chère."
Je rougis et baissais les yeux, désarçonnée.
Jamais personne n'avait été aussi direct dans ses paroles en ma présence.

"- merci monseigneur de m'avoir sauvée et soignée. Je dois avouer que je suis très ... Gênée."
"- pourquoi donc?"
Je baissais les yeux à nouveau.
Un nouveau personnage fit alors son entrée. Un vieil homme, portant une bouteille de vin entre ses mains gantées.
"- Victor, mon valet. Victor, notre invitée se joint à moi pour le repas"
L'homme me jeta un coup d'œil avant de se tourner vers son maître.
"- je vous prie de m'excuser maître. Je ne savais pas que la demoiselle dinerait avec vous... J'ai peur que nous venions à manquer ..."
Je jetais un regard goguenard à la tablée. Un cuissot de biche entier, des carottes rôties, une tarte à la viande et aux échalotes, une large miche de pain, un assortiment de fromages, un plat de fruits divers et des petits gâteaux étaient disposés sous mes yeux.
"- attendez vous beaucoup de monde Monsieur Victor?"
"- du monde mademoiselle ? Je ne comprends pas?"
"- tous ces plats sont gargantuesques! Qui donc va les manger à part nous trois?"
Le vieillard jeta un coup d'oeil à son maître impassible, avant de tenter un...
"- le jeune maître est fort vigoureux et il a en conséquence un très grand appétit... Je vais voir ce que je peux vous trouver mon petit"

"- c'est assez Victor. Je vous donne congé pour ce soir." Gronda le colosse.
Il se leva et découpa une large tranche du cuissot, de la tarte et remplit une écuelle de carottes alors que je riais de bon coeur.
"- arrêtez ! Personne ne peut avoir assez d'appétit pour manger tout cela!" Tandis qu'il posait la gamelle sous mes yeux. Mais l'instant d'après, je le vis croquer la cuisse à belles dents, dévorer la tarte et s'attaquer aux légumes. Je restais bouche bée face à ce spectacle fascinant et effrayant.

"- vous ne mangez pas?" Grogna t'il
"- oh... Oui bien sûr..." J'attaquais alors la généreuse part qui m'a avait été octroyée.