𝐕𝐈𝐈 - 𝐘𝐎𝐈𝐂𝐇𝐈 𝐈𝐒𝐀𝐆𝐈

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Le dernier match du tournoi régional venait de se terminer et notre équipe avait fini victorieuse par trois buts à un.
Pour fêter notre victoire, le coach avait décidé d'organiser une petite soirée entre nous.
Chacun était chargé de ramener quelque chose à manger et j'avais été tiré au sort pour m'occuper du dessert.

Seulement, plus mauvais que moi en cuisine, ça n'existe pas. Je comptais mettre ma mère sur le coup mais déjà très fatiguée à cause du travail, je pense qu'elle refusera ma demande.

"Tu n'as qu'à acheter un gâteau à la pâtisserie dans la grande rue commerçante."

C'est ce que m'a répondu mon père lorsque je lui ai demandé de s'en occuper. Tel père, tel fils j'imagine...

Il me restait deux jours avant la fête, il fallait se dépêcher de passer commande.
Je me rendis donc dans la pâtisserie recommandée par mon père.

C'était un jour pluvieux et alors que je rentrai à l'intérieur, quelqu'un dans les cuisines se faisait sévèrement réprimander.
Une jeune fille habillée exactement comme un chef pâtissier, tenait un gâteau aux myrtilles magnifiquement décoré entre les mains et avait la tête baissée vers le sol.

Le chef en charge des équipes hurlait sans retenue contre cette pauvre fille devant le reste des cuisiniers.

"- TU N'APPRENDRAS JAMAIS RIEN SI TU CONTINUS À FAIRE COMME BON TE SEMBLE !
- Je suis désolée, je pensais bien faire en aidant la deuxième brigade.
- JE T'AI DEMANDÉ DE TERMINER LE NETTOYAGE DE LA CUISINE, PAS D'AIDER QUICONQUE !
- J'en suis profondément désolée, je vais terminer ça immédiatement.
- C'est inutile, la première brigade a déjà tout nettoyé. Je suis très déçu de toi. Rentrez chez vous, ça suffit pour aujourd'hui."

Les équipes quittaient les cuisine tandis que je continuais de fixer la scène qui venait de se produire devant moi.
Cette fille visiblement très déçue laissa échapper quelques larmes avant de se diriger à l'arrière de la boutique.

J'étais sur le point de la suivre mais la vendeuse m'arrêta.

"- Navrée jeune homme mais il est interdit aux clients de passer par derrière. Vous souhaitiez passer commande ?
- Désolé, oui j'aimerais un gâteau pour douze personnes à la vanille. Je vous laisse la liberté de choisir pour la décoration.
- Bien, pour quelle date ?
- Dans deux jours si ce n'est pas trop tard.
- Sans problème. Ça fera donc un total de soixante-dix euros s'il vous plaît."

Je m'empressa de payer et tenta de retrouver la fille que je venais de perdre de vue.
Avec cette pluie, il m'était compliqué de voir quelque chose mais je la retrouva finalement sur un banc non loin de son lieu de travail.
Elle fixait toujours le sol, le regard vide et ses vêtements complètement trempés.

Je m'approcha et la protégea du temps avec mon parapluie au détriment de ma personne.
Elle leva les yeux sans prononcer un mot puis baissa sa tête à nouveau.

« Est-ce que tout va bien mademoiselle ? »

Quel crétin, elle est assise en train de pleurer sous la pluie et je lui demande si elle va bien...

Malgré ma maladresse, je l'entendis marmonner quelque chose qui ressemblait à un « merci ».

Un sourire m'échappa et, un peu plus détendu, je pris place à côté d'elle.

« - Si je peux me permettre, votre gâteau était sublime, j'aurais bien aimé le goûter.
- C'est gentil, mais ça ne sert à rien, le chef ne reconnait aucun de mes efforts. Il n'a jamais apprécié aucune de mes pâtisseries...
Ce monde est bien cruel avec les nouveaux.
- Avec persévérance, vous y arriverez. Vos efforts paieront, n'abandonnez pas ! »

Isagi regardait droit dans les yeux de l'apprentie pâtissière qui observait attentivement les traits fins du jeune garçon.
Plus elle le regardait, plus elle se perdait dans son regard doux et bienveillant.
Quant à lui, plus les secondes passaient, plus ses joues rouges trahissaient sa pensée.

« Qu'elle est belle... »

Perturbée, la jeune fille interrompis cet instant, se leva avant de s'adresser à Isagi une dernière fois.

« Merci beaucoup ! Je n'oublierais pas ce que vous m'avez dit ! »

Je la voyais au loin, s'éloigner, avant de rentrer dans la pâtisserie à nouveau.

Deux jours plus tard, j'y retourna très tôt afin de récupérer le gâteau.
Je réclama ma commande mais voyant que personne n'apportait rien, je questionna la vendeuse.

« - Y'a-t-il un problème avec le gâteau ?
- Il semblerait malheureusement que votre commande soit passée au travers des autres. J'en suis désolée.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Rien n'est prêt.
- C'est une blague ? J'en ai absolument besoin pour ce soir ! »

Il fallait vraiment que ça tombe sur moi ? Le seul jour où il ne faut pas de problème, il y'en a un.

Je continuais de me battre avec la vendeuse lorsque qu'une personne attira mon attention.

« Je peux le faire. Maintenant. Le gâteau sera prêt à temps. »

Celle à qui j'avais remonter le moral deux jours auparavant, s'acquitta de la tâche prête à relever le défi.

Elle se mit immédiatement au travail et je l'observait derrière le comptoir.
La cuisine était vide, elle travaillait en silence. Sa concentration dépassait l'entendement.

Deux heures plus tard, je m'étais presque endormi sur une table.

Excitée d'avoir terminé, elle me réveilla sans même avoir eu le temps de se débarbouiller. Elle commença à me tirer par le bras.

Avant d'aller où que ce soit, je l'arrêta et essuya avec mon pouce la farine sur le bout de son nez.
Surprise par mon geste, elle se figea et se mit à rougir instantanément.

Nous avancions dans la cuisine avec ses mains sur mes yeux afin que je ne vois pas tout de suite son travail.

En découvrant son gâteau, j'ouvris grand la bouche émerveillé par ses efforts.
Le gâteau avait été décoré d'un terrain de football au centre duquel il était écrit :

« Félicitations à tous nos champions ! »

« - Comment tu as su ? Je n'avais commandé qu'un gâteau à la vanille pour douze.
- J'ai lu l'article qui parlait de votre match dans le journal local et quand j'ai vu ton maillot dépasser de ton sac, j'ai fais le lien.
Est-ce que le gâteau te plaît ? »

Si il me plaît ? Il est incroyable, elle est vraiment très talentueuse.
Je meurs d'envie de la serrer dans mes bras pour la remercier mais elle trouverait ça un peu étrange, après tout on se connaît à peine.

« Bien sûr, je l'adore ! Encore merci, ton travail est excellent et ton talent est indéniable, tu es faite pour ça ! »

Finalement, c'est elle qui me serra dans ses bras.
Son étreinte était si douce et délicate, exactement comme les pâtisseries qu'elle prépare.

« C'est grâce à toi Isagi, tu m'a redonner confiance et convaincue de ne pas lâcher l'affaire. »

Elle saisit mes mains et me souris tendrement.

Mon cœur fit un bond et mes joues trahissaient à nouveau ce que je ressentais.

« On dit souvent que les yeux sont le reflet de l'âme mais chez cette fille, ce sont ses douceurs qui me disent qu'elle est tout ce dont j'ai toujours rêvé. »

𝐁𝐋𝐔𝐄 𝐋𝐎𝐂𝐊 ❘❘ 𝐎𝐧𝐞𝐬𝐡𝐨𝐭𝐬 ツOù les histoires vivent. Découvrez maintenant