ça, c'est ma dope

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Son corps fin était partiellement recouvert des draps que nous avions froissés quelques heures auparavant. Ses longs cheveux bruns s'étalaient sur son oreiller alors que je regardais le soleil se lever, cigarette entre les lèvres. La légère brise me glaçait les os, mais hors de question que je referme la fenêtre. Un spectacle pareil est à regarder avec ses yeux, pas à travers une vitre mal nettoyée. Dans le ciel, les tons roses et orangés cédaient lentement leur place au bleu pâle que j'aimais tant. J'avais ramené mes cheveux récemment devenus roux en une queue de cheval haute, elle était si mal exécutée que des mèches s'en échappaient, mais peu importe, personne n'était là pour le voir. Mes lunettes rectangulaires sur le nez, j'observais le jour commencer, sourire aux lèvres.

J'entendis les draps se froisser doucement derrière moi et reconnus les petits pas précipités se rapprocher de moi. Mon sourire s'agrandit encore et mes yeux se fermèrent quand je sentis le contact de ses lèvres sur mon épaule et ses bras se refermer sur ma fine taille. Elle papillonna de nombreux baisers le long de mon trapèze, caressant avec délicatesse mon ventre nu. Un éclat de rire s'échappa de ma bouche alors qu'elle continuait d'embrasser ma nuque.

- Tes cheveux, ça fait des chatouilles !

Je rapprochai vivement ma tête de mon épaule dans une tentative inespérée de stopper les doux picotements provoqués dans mon cou. Un rire adorable s'échappa de ses lèvres tandis que j'apportais aux miennes le bâton de nicotine bientôt entièrement consumé. Le soleil apparaissait au trois quart rond en face de nous, je m'arrêtai complètement de bouger un moment pour le regarder achever son apparition. Depuis petite, j'avais cette addiction, cette obsession pour le soleil. Cet astre capable d'éclairer toute un amas de planètes, peut-être même plus encore. Jolie boule de feu prête à brûler ma peau tous les étés et chauffer délicieusement le bout de mon nez tous les hivers.

- J'ai besoin d'un café, soupira-t-elle en se détachant de moi. Tu veux quelque chose ?

- Un thé, oui. S'il te plaît.

Elle s'étira en baillant peu gracieusement, enfila un large t-shirt par-dessus sa brassière et disparut dans le couloir de mon appartement. J'entendis la bouilloire se mettre en route et décidai que ce fut le moment pour moi de fermer la fenêtre, à moins que je ne veuille attraper un rhume. Je vivais pour les moments simples et humains comme cela. C'était tout ce qui me faisait le plus plaisir, me réveiller à ses côtés pile à temps pour voir le soleil se lever.

J'eus à peine le temps d'écraser ma cigarette entièrement consumée dans la coquille saint jacques me servant de cendrier qu'elle fût revenue, tenant un petit plateau où étaient disposés petits gâteaux et tartines de confiture, en plus de nos tasses. Elle se saisit d'une des tartines et s'assit en tailleur sur le lit, grignotant son bout de pain en me regardant. Elle était si mignonne, comme ça. Je n'aimais pas mettre de mots sur mes relations, encore moins sur celle-ci. Nous étions juste deux meilleures amies que le temps avait grandement rapprochées, tellement qu'il nous arrivait parfois de finir nues dans le même lit. C'était même assez fréquent, ces derniers temps.

Je laissai mon regard détailler chaque courbe de son corps. Elle paraissait si innocente, à ce moment précis. Ses jambes pâles contrastant avec le bleu marine des draps du lit. Ses cheveux ondulés tombant en cascade sur un t-shirt à l'effigie d'un dessin animé de notre enfance. Ses joues pleines de pain et de confiture. Son nez se fronçant adorablement et ses yeux fermés face au soleil. J'avais un ange en face des yeux, je ne faisais que le contempler mais c'était amplement suffisant.

- J'ai quelque chose sur le visage ? demanda-t-elle, ses yeux s'écarquillant un peu.

- Non, tu es juste... sublime, dis-je en m'adossant au mur derrière moi. Je la regardais fixement, ce que j'adorais chez elle, c'est que toujours elle soutenait mon regard.

MA DOPEWhere stories live. Discover now