『 10 - Rébellion 』

34 5 28
                                    


| « — Deux côtes cassées, le nez désaxé, l'épaule luxée et une dent en moins.

— Je suis désolé... » |



***


Alors que les étoiles jouaient leur va-tout en étincelant de tout leur soûl avant de s'éclipser pour que l'aube puisse embraser le ciel, je demeurais spectateur peu attentif de ce spectacle étourdissant par sa beauté.

Assis sur mon canapé, mon genou tressautait pendant que mon index se faisait martyriser par mes dents. Nerveux, j'attendais, téléphone en main, que le bruit des tonalités laisse place à la voix rassurante que je désespérais entendre. Il y avait mille raisons pour que cet appel de détresse demeure sans réponse : ma sauveuse était en congé, il était cinq heures du matin, les appels sur le portable privé étaient proscrits et bien sûr d'autres raisons législatives qui pourraient me valoir des condamnations officielles.

Pourtant, alors que je m'apprêtais à abandonner l'idée d'avoir quelconque oreille attentive ce matin, le timbre familier de madame Yoon secoua mon tympan.

— Allô ? parlait-elle d'une voix ensommeillée.

Je n'avais pas prévu d'être aussi ébranlé en l'ayant à l'autre bout du fil. Ce simple mot de la part de ma plus grande confidente me faisait prendre soudainement conscience de la bêtise que je venais de faire, lançant mon cœur à la course.

— Cette jeune femme est en train de vous prouver que vous pouvez avoir tort. C'est une leçon de vie qu'il vous faudra accepter courtoisement.

— Je vous demande pardon ? fit Madame Yoon à l'autre bout du fil.

J'entendais un froissement de tissu qui me laissait supposer qu'elle se redressait entre ses draps. Comme je l'avais pensé, je venais bel et bien de la déranger dans son sommeil. Un autre se serait excusé et aurait vite raccroché. Que dis-je, un autre n'aurait pas appelé du tout. Mais je n'étais pas de ceux qui ont un comportement normal. J'étais de ceux qui s'enlisaient pour montrer qu'ils étaient dans le vrai. Mes prochains propos ne faisaient que souligner davantage ce trait de caractère que mon QI élevé n'avait pas su améliorer :

— Ce sont mots pour mots vos paroles exactes. Vous ne les reconnaissez pas ?

Qu'elle s'en souvienne relèverait du miracle. Moi, en revanche, j'oubliais rarement les choses. Ma mémoire ne me faisait jamais défaut. Celle de madame Yoon se limitait à mon identité qu'elle reconnaissait enfin.

— Dîtes-moi que je rêve ... NamJoon ? articula-t-elle la voix pleine de stupéfaction.

Je ne la voyais pas, mais j'étais prêt à parier qu'elle avait regardé l'écran de son portable pour être certaine de ne pas halluciner.

— J'ai gagné ce défi, madame Yoon, enchaînai-je, peu déstabilisé par la voix perplexe de ma psychologue. Hier, Yoona m'a accordé ma victoire et nous sommes devenus amis.

Un ange se fraya un rapide passage entre nous, le temps pour moi de compter deux inspirations audibles à travers le combiné.

— Vous m'appelez à cinq heures du matin pour me dire ça ? grogna-t-elle en guise de conclusion. 

Je notai qu'elle faisait des efforts pour ne pas trop élever la voix. L'idée qu'elle puisse être accompagnée à cette heure ne m'avait pas traversé l'esprit. Je n'avais imaginé Madame Yoon avec qui que ce fusse, et me dire qu'elle avait quelqu'un dans sa vie me fit émettre un léger sourire. Mais ce sourire fut vite éclipsé par les pensées qui affluaient suite à sa question.

𝑼𝒏𝒆𝒙𝒑𝒆𝒄𝒕𝒆𝒅 𝒍𝒐𝒗𝒆Where stories live. Discover now